Fyctia
Chapitre 2 : Mélanie 👀
Jeudi 3 octobre 2024, Paris 13ème
— Mely ? Mely, tu viens ?
La voix de Sofia résonne, si proche et si lointaine à la fois. Je ne réponds pas. Je fixe un point devant moi, au tableau. Autour de nous, j’ai vaguement conscience que l’amphi se vide. Près de mon oreille, mon amie s’acharne, sa voix est presque robotique.
— Eh oh, la Terre appelle Mélanie. Je répète, la Terre appelle Mélanie. Mélanie pour la Terre. Communication sur le point d’être établie.
Je sens qu’elle bouge à ma droite. Je crois qu’elle simule un talkie-walkie. Je voudrais répondre, mais je ne peux pas. Mon attention est captivée par cette silhouette gracieuse à plusieurs mètres de nous. Une tête qui se balance d’avant en arrière. De soyeux cheveux bruns qui suivent le mouvement. Des lèvres qui remuent sans que je ne puisse entendre le moindre son. Je devrais me rapprocher. Je me lève. Je descends une marche en direction de l’estrade. Une main agrippe mon avant-bras. C’est froid sur ma peau nue. Mon attention se relâche finalement du tableau pour se poser sur les ongles peints en rouge vif de Sofia.
— Bah, tu fais quoi ?
L’incompréhension se lit dans ses yeux sombres. Ses épais sourcils bruns se froncent. Mon amie replace son sac sur son épaule et je suis le mouvement du regard, toujours silencieuse. Un coup d’œil vers l’estrade m’indique que la conversation entre madame Freiberg et Ludmilla est terminée. Dommage. J’aurais aimé savoir ce dont il était question. Le soupir plus que surjoué de Sofia me ramène à la réalité. Ah oui, lui répondre.
— Rien, je suis fatiguée.
C’est faux. Mais je ne me sens pas de lui expliquer ces choses que je ne comprends pas moi-même.
— Tu dois être sacrément claquée ouais, t’es à l’ouest depuis dix bonnes minutes j’ai cru tu faisais une rupture d’anévrisme.
Je fronce les sourcils, amusée.
— Une rupture d’anévrisme ? Parce que tu sais à quoi ça ressemble quelqu’un qui en fait une ?
Sofia glisse son bras sous le mien et m’entraîne en haut de l’amphi, là où se situent les portes pour sortir.
— Bien sûr, j’ai fait médecine avant de faire psycho je te rappelle !
Je pouffe en secouant la tête.
— T’as fait un semestre de médecine y’a plus de trois ans, alors excuse-moi de douter de tes capacités.
Pour toute réponse, elle tire la langue. Nous longeons le couloir menant au hall en nous chamaillant. Néanmoins, mes pensées ne cessent de revenir vers le même lieu, la même personne.
— Vous avez lu le texte pour aujourd’hui ?
Les étudiants se bousculent pour entrer dans la salle mal isolée. Le TD de psychologie clinique ne va pas tarder à commencer. Arnaud, l’un des seuls hommes de la promo, cherche désespérément une bonne âme pour lui résumer l’article que nous avions à travailler. En dehors des deux étudiantes qui vont présenter à l’orale d’ici dix minutes, la majorité est dans le même cas que lui.
La suite de cet article est bloquée et réservée aux abonnés. Euuuh la suite de ce chapitre est dans la prochaine partie...
17 commentaires
Alsid Kaluende
-
Il y a 17 jours
Syllogisme
-
Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
-
Il y a 3 mois
Mikazolinar
-
Il y a 3 mois