Sonia J. SAM PS : Je serai ton fiancé pour Noël ! Chap 2-2 : Lettre du futur

Chap 2-2 : Lettre du futur

Il soupire bruyamment et patiente le temps que je monte les dernières marches. Par réflexe, j’accélère, mais quand on est maladroite comme moi, ce n’est jamais une bonne idée. Apparemment, mon pied droit pense que la dernière marche a diminué de plusieurs centimètres, car il ne se lève pas suffisamment et bute dessus. Je suis à deux doigts de m’étaler de tout mon long et mes bras refusent de réagir, car ils maintiennent fermement mon sac à main et la précieuse bouteille.

Il faut quelques secondes à mon voisin pour réagir et retirer ses mains cachées dans les poches de son long manteau noir. Il me rattrape de justesse par les épaules et je me retrouve à genoux devant lui, face à son entrejambe.

Merveilleux.

L’univers en a décidément après moi.

Soudain, les deux mains, qui m’ont empêché de goûter au tapis, me soulèvent pour me remettre sur pied. La bouteille émet un tintement sonore contre mon sac. Odin jette un œil au Sancerre avant de relever les yeux sur moi. Et c’est alors que le regard critique fait son grand retour ! Bien que le visage de mon voisin de palier soit impassible dans quatre-vingt-dix-neuf pour cent des cas, je vois à son sourcil droit qui s’arque et à l’infime pincement de ses lèvres que tout son être me juge en ce moment même.

Mais je m’en fous ! Je n’ai aucun compte à rendre, on ne se connaît même pas !

Qu’est-ce que c’est que ces hommes qui vous jugent chaque fois qu’ils vous croisent ?!

Qu’il aille au diable, lui… Arsène… et tous ceux pourvus de testostérone !

Son contact m’agace, je me trémousse pour qu’il retire ses mains, mais il n’en fait rien. À la place, il me décale sur le côté comme si j’étais un foutu meuble encombrant. Puis, Monsieur-balai-coincé descend les escaliers sans un mot.

La porte au rez-de-chaussée claque, indiquant qu’il a quitté l’immeuble et me voilà, toujours pantelante au milieu du couloir. Il ne sert à rien d’analyser la situation, ce type est un infâme connard comme tous les autres ! Je m’empare de mon trousseau qui glisse entre mes doigts et tombe à mes pieds, je me penche pour le ramasser, cependant mon front évalue mal la distance. Ma tête cogne si fort contre le montant que je peste comme une furie.

Pitié, faites que cette journée se termine vite !

Après avoir ramassé mes clés et ouvert mon appartement, je me rue à l’intérieur et ferme à double tour. Mon dos se colle à la porte et lentement, glisse vers le sol. De retour dans mon cocon, je sens toute la tristesse et la colère m’envahir et me submerger. Les larmes coulent et cette fois-ci, je ne fais rien pour les retenir, j’ai trop besoin qu’elles sortent.

Je pose le sac entre mes jambes quand je me rends compte que je me suis assise sur la pile de journaux qui traîne dans l’entrée. Ma main les repousse jusqu’à ce que mes yeux s’attardent sur le canard parisien de la semaine dernière. D’un revers de manche, j’essuie mes larmes avant de m’en emparer. J’avais oublié cet article que j’avais entouré et qui s’intitulait : « S’envoyer une lettre du futur, ou comment se souhaiter un avenir radieux ».

Je m’étais dit que je me prêterai à l’exercice, j’aurai dû le faire plus tôt…

Dans le fond, je suis certaine que l’Univers est doté d’un drôle de sens de l’humour. Il pratique l’ironie à merveille !


CHAPITRE 3 - Plus jamais !


Après être restée assise dans mon entrée, à laisser couler un torrent de larmes, je finis par me relever. Difficilement. En effet, j’ai la sensation que le poids du monde s’est déposé sur mes épaules. Tout semble plus lourd, plus douloureux, plus compliqué. Je laisse tomber mon manteau et mon sac au milieu du couloir, jette mes chaussures dans des directions opposées, pour attraper un paquet de chips, un verre et un tire-bouchon dans la cuisine. Mon sac kraft sous le bras, je me laisse choir dans le canapé. Je retire l’élastique de mes cheveux, les mèches brunes s’électrisent et se dressent sur ma tête, puis je passe un plaid sur mes épaules.

Cela fait maintenant trente minutes que je fixe l’écran noir de ma télévision, qu’une chanson rock avec pour refrain « You’re a Looser » résonne dans mon esprit et que je suis en train de réduire à néant tous les efforts que j’ai fournis cette semaine pour perdre un malheureux kilo. Mais, quelle importance me direz-vous ? Puisque je vais finir vieille fille, autant se réconforter avec la nourriture ! Au moment où cette pensée surgit, mon chat noir prénommé « Boo », jusqu’alors roulé en boule sur un fauteuil, relève sa tête pour me fixer de ses billes émeraude.

— Eh oui, tu seras le seul mâle à partager ma vie. Soulagé ? lui demandé-je.

En guise de réponse, il replonge sa tête entre ses pattes. Apparemment, cette idée le réjouit autant que moi. J’ouvre non sans mal la bouteille, remplis mon verre à ras-bord et me noie dans le délicieux cépage pour oublier.

Merci Ben.

Alors que mon corps se détend sous l’influence d’un deuxième verre, je ne peux m’empêcher de maudire Arsène sur dix générations. Dès que mon esprit revient à lui, c’est-à-dire à peu près toutes les deux minutes, les larmes montent et mon ventre se tord. D’un revers de manche, j’étale un peu plus le mascara qui a coulé sur mes joues. Comment ai-je fait pour ne rien voir ? Je n’ai jamais entendu parler de cette Alison ! Rien ne laissait présager dans le comportement d’Arsène qu’il était en couple.

N'est-ce pas ?

À bien y réfléchir, il y avait peut-être des signes avant-coureurs… Des signes que Priya a essayé de me montrer, mais dont je ne voulais pas entendre parler. Sérieusement, je n’aurais jamais cru que l’expression « l’amour rend aveugle » puisse être vraie ! Je dois me rendre à l’évidence, j’y suis confrontée de plein fouet.

Entre deux pensées assassines, cette histoire de lettre du futur me trotte dans la tête. Mon regard se tourne vers l’imprimante. Je pose mon verre, me déplace à quatre pattes pour saisir une feuille et retourne à ma place. J’attrape un stylo et commence à noircir le papier en déversant toute ma rage à tel point que mon verre se renverse dessus. Il faut croire que cette journée se terminera comme elle a commencé ! Je titube jusqu’à la cuisine pour récupérer quelques feuilles d’essuie-tout et m’en sers pour éponger le vin. De grosses auréoles se sont formées et je pars dans un éclat de rire nerveux et incontrôlable. Ma vie est à l’image de cette page ! Abîmée, sans possibilité d’être réparée…

L’instant suivant, je repense à mon chef et à la façon qu’il avait de m’étreindre, et j’ai envie de m’effondrer. Je souffle un grand coup en levant ma tête vers le plafond.

Ravale tes larmes, tu dois arrêter de pleurer pour cet enfoiré.

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18 commentaires

vic.mlr

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Il y a 19 jours

Pauvre Méline... Courage ! Déverse ta haine sur le papier 😂

Sonia J. SAM

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Il y a 19 jours

Un véritable exutoire xD

Bellaa

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Il y a 24 jours

J’adore ta plume ! Je rigole trop 😆

Sonia J. SAM

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Il y a 24 jours

Ahhh merci !! Ça me fait trop plaisir 😄

Eva Baldaras

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Il y a 25 jours

🥰😍

Ludivine 27

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Il y a un mois

J'aime beaucoup ce chap. Quand on est maladroite, on l'est jusqu'au bout. La scène de l'escalier, lol 😊😂

Lauralyna

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Il y a un mois

C'est une bonne idée de s'écrire une lettre pour plus tard.

Sonia J. SAM

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Il y a un mois

Oui j’aime tellement ce concept !! ✨

Mapetiteplume

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Il y a un mois

Like de soutien suite au passage sur le forum 🥰

Sonia J. SAM

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Il y a un mois

C'est gentil, merci <3
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