Fyctia

Comme toutes les nuits, le sommeil n’est pas au rendez-vous. J’en ai marre d’observer la voûte céleste de la petite fenêtre. Je décide de me lever. Respirer l’air frais, communier avec les Dieux de la nuit vont m’aider à trouver le sommeil. Je me lève, enfile une tunique blanche et place sur mes épaules, un châle de couleur rouge. Je passe une main pour discipliner mes cheveux et discrètement, je sors par la fenêtre de la chambre.

Tous ignorent mes sorties nocturnes. Elles sont interdites pour une princesse d’Egypte, car la nuit symbolise la mort. C’est le moment où Amon Ré combat les ténèbres pour renaître. Mais, pour moi, c’est le moment où je me sens libre, où je suis moi, tout simplement : Mery. J’arpente les rues de ce village, éclairée par les rayons de la Lune. Je sais où je vais, je l’ai repéré au moment de notre arrivée, un petit endroit où un sycomore trônait en majesté. Je le retrouve vite, car j’ai un excellent sens de l’observation.

Une fois, arrivée, je m’assois tout contre cet arbre et je lève les yeux au ciel.

Nout : la déesse de la nuit me fait face.

J’observe la Lune puis les étoiles : mes faibles connaissances en astronomie me font reconnaître l’Osiris caché, représenté par la grande Ourse et l’Osiris visible : l’Orion. Mon esprit vagabonde et peu à peu mes yeux se ferment : j’entre en méditation avec les Dieux, j’imprime dans mon esprit ces étoiles que je dessinerai demain.

Je joue et chante pour la déesse de vérité, je veux qu’elle soit fière de moi et protège mes parents.

Je suis libre, libre de toute règle.

La nuit, je suis une femme comme les autres.

—Bonsoir Belle-Dame !

J’ouvre les yeux, surprise. Dans un geste de protection, je ramène le châle sur ma poitrine et me redresse. Il s’approche de moi, un merveilleux sourire aux lèvres.

—Qu’est-ce qu’une si jolie jeune fille fait-elle seule au beau milieu de la nuit ?

Mon cœur s’affole : cet homme ne sait pas qui je suis. Il me regarde droit dans les yeux, moi la princesse Royale. C’est la première fois. Je le trouve beau, il ne semble pas plus âgé que moi, mais une peur panique s’empare de mon être.

Je suis en train d’enfreindre la règle : je suis dehors en pleine nuit, sans protection et un jeune homme me parle : un serviteur (artisan de la place de vérité). Je lui réponds la voix tremblante, tout en cherchant à fuir :

—Je méditais, excusez -moi… Je dois rentrer.

Je crois que je le bouscule, mais je passe en gardant les yeux au sol.

Ne pas croiser son regard…

—Je me nomme Paï, belle demoiselle, mais je ne te connais pas. Tu viens d’arriver … Je suis sculpteur, dessinateur apprenti…

Ces mots se perdent dans le silence pesant de la nuit. J’aimerai lui répondre, mais je ne dois pas.

Je fuis.

Je viens de rencontrer un homme, il m’a regardé droit dans les yeux. Cependant, il ne sait pas qui je suis. Je rentre en me faufilant par la petite fenêtre. Pour expier ma faute, je me dirige vers l’autel destiné à Maât. Il faut que je lui demande pardon.

Me pardonnera-t-elle ?

Je ne souhaite pas mettre en péril le règne de mes parents. Je m’agenouille, ferme les yeux et récite les incantations, pendant une bonne demi-heure, puis en respect pour la déesse protectrice, je brûle de l’encens.

Puis, le cœur apaisé, je file me coucher. Cependant, des questions hantent mon esprit :

Ce jeune homme était beau, trop beau. Mon cœur de jeune femme réagit. Je n’ai jamais rencontré d’autres garçons que mes frères et demi-frères. Il m’a parlé comme aux autres. Il ignorait mon rang. J’ai eu peur, j’étais dans l’inconnu. Il était souriant, joyeux, heureux…

Et moi : tous me croient heureuse, mais le suis- je ? Je fais partie des élus, l’éternité m’est acquise si je respecte la règle de Maât, si mon cœur reste aussi léger qu’une plume. Cependant, je n’arrive pas à me dire que ma vie est une chance. Je ne trouve pas ma place, parmi la cour Royale. J’ai l’âme d’une artiste : je rêve de jouer du sistre pour les dieux, je souhaite dessiner dans les demeures d’éternité.

Mais…

Je dois suivre le chemin qu’impose mon statut : suivre la rectitude…

Je m’endors avec toutes ces réflexions et lorsque Bat me réveille, je suis mélancolique.

***

Bonjour ou bonsoir chers lecteurs.

Vous voici de nouveau plonger en Egypte Antique. Alors je ne sais pas si cela vous plaît mais si vous êtes arrivés jusque là, c'est que ma petite histoire vous intrigue.

Pourquoi avoir tenté cette histoire ici, dans ce concours alors qu'elle n'a rien à voir avec une new Romance ?

Tout simplement parce qu'elle rentrait dans le thème : break the rules.

Casser la règle de Maât pour pouvoir vivre comme tout le monde.

Quelle loi, quelle règle Merytamon va t-elle enfeindre et pour quelles raisons ?

J'espère vous donner ces réponses dans les prochains chapitres et au gré des déblocages car comme vous le savez, je ne ferai aucune pub pour mon histoire. Je laisse le lecteur venir au gré de son envie.

Alors si vous avez envie que l'aventure de la princesse blanche continue, passez et laissez moi vos avis.

Découvrez la première New Romance Historique, si je peux me permettre.

A bientôt Kleo