Fyctia
De l'ombre à la lumière
Aujourd’hui, premier jour à l’intérieur de la place des Vérités. Nous devons respecter les rituels, pour ne pas déséquilibrer l’ordre cosmique. Et pour cela, nous devons aller accueillir Amon ré, comme il se doit. Il vient de vaincre une nouvelle fois les ténèbres pour renaître.
Bat aide à me vêtir : robe blanche, toujours et ça, jamais je n’y dérogerai. Regard fardé de vert et noir, cheveux peignés soigneusement pour être le plus lisse possible, puis elle y pose mon diadème serti d’émeraude, de lapis lazuli et me propose mes sandales dorées. Je choisis, pour finir, mes bagues et mes bracelets de bras : l’uraeus, symbole de protection et l’œil de ré. C’est mon père qui me l’avait offerte lors de mon départ pour le palais bleu. Je le touche encore, puis la porte s’ouvre soudainement. Je me retourne sur mon frère, bien apprêté pour accueillir, lui aussi, le nouveau jour qui se lève. Je lui souris et vais l’enlacer :
—Belle princesse Blanche, suis-je digne de vous accompagner ?
Je secoue la tête. Amonher m’a toujours glorifié et me répète sans cesse que je suis belle, aussi belle que la rosée du matin. Tout comme papa et maman, il cherche mon bonheur. Donc, il me rassure sans cesse.
Je ne suis pas dupe : je suis petite, j’ai des grands yeux verts comme maman mais pas en amande, mes cheveux sont aussi noirs que la nuit et ma peau est hâlée. Je n’appartiens pas aux critères de la beauté du moment.
Les femmes égyptiennes ont des formes : de la poitrine, des hanches. Et lorsque je regarde mon reflet dans l’eau, je suis très mince. La faute à mon enfance, trop souvent affaiblie par la maladie. La seule chose positive chez moi est ma ressemblance avec ma mère : Néfertari, la plus belle d’entre toutes. Je suis celle de la fratrie qui lui ressemble le plus, mais je n’ai en aucun cas, sa beauté intérieure, l’aura qu’elle dégage lorsque qu’on la rencontre.
Ma mère est un être exceptionnel.
Mais tout cela, je le garde pour moi. Personne ne semble me comprendre, peut-être Kha, car il se sent aussi différent de mes frères, mais lui a su prendre son envol. Il fait ce qu’il aime.
Sans lui répondre, je lui prends le bras et nous sortons. Il me mène au centre de la place où le couple royal se prépare à saluer Amon-ré, près du temple. La lueur de l’astre lumineux apparaît à l’horizon. Mes parents se préparent devant le temple principal dédié au pharaon Amenhotep 1er, le fondateur de ce village.
Nous installons parmi les artisans. Le scribe Gébeb vient s’installer à côté de mon frère. Le silence se fait.
Le pharaon et la reine tiennent dans leur mains les objets rituels, essentiels à la levée d’Amon-ré. Je ne cesse de les observer. Ils sont si beaux, ils rayonnent.
Ils représentent à cet instant, la lumière : les gardiens de l’éternité de ce monde. Grâce à eux, l’équilibre est maintenu. La Terre des Dieux est protégée.
Et moi, nous : leurs enfants, les héritiers, nous sommes leur ombre. Nous nous devons de les accompagner. Nous sommes les garants de cet équilibre.
Le disque solaire commence sa progression : sa butte de naissance, grâce au dieu Khépri, le couple royal implore Ré celui qui traversera le ciel d’est en ouest. Et enfin, ils implorent Atoum, le soleil mourant, espoir du renouveau qu’il porte en lui. Cette mort se transformera de nouveau en vie.
Nous devons garder les yeux au sol à ce moment, mais je ne peux m’empêcher de les observer : les plus beaux êtres sur cette terre.
Quand soudain, un rayon m'attire, il éclaire l’assemblée d’hommes et de femmes en face de nous, puis la lumière se pose sur un d'entre eux, et nos regards se croisent.
10 commentaires
Nascana
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Il y a 5 ans
Rose Lb
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Il y a 5 ans
Amandine Mistyque
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Il y a 5 ans
Gabriele VICTOIRE
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Il y a 5 ans