Fyctia
Clytia, 1
Je tourne la tête vers Gabriel qui se lève immédiatement et prend la direction de la chambre de Rose.
Avant d’avoir conscience de le faire, mes jambes me portent à sa suite. J’entends Rose demander aux autres de nous laisser et des chuchotements résonner.
Une fois tous les deux dans la chambre de mon amie je ferme la porte derrière nous puis m'avance vers lui.
- Montre-moi.
- Camille…
- Gabriel, montre-moi ton tatouage.
Mon coeur s’agite, près à entrer dans l’arène.
Je fixe le beau brun qui a changé ma vie dix ans plus tôt et croise les bras sur ma poitrine.
- Maintenant. Ou peut-être préfères-tu m’expliquer cette histoire de fille aux méduses ?
Ses mâchoires sont tellement crispées que je plains son dentiste.
- Putain ! Rugit-il en se prenant les cheveux des deux mains.
Il marche de long en large dans la petite chambre.
Je ne le quitte pas des yeux, je ne flanche pas. Sa démarche reste féline et m'hypnotise mais j’ai besoin de voir, besoin de comprendre.
- C’est moi aujourd’hui qui ai besoin des pièces manquantes du puzzle, ajouté-je. Montre-moi ton tatouage.
Gabriel s’arrête enfin, dos à moi, tend les bras et s’appuie contre le mur devant lui.
- C’est pas comme ça que ça devait se passer, murmure-t-il.
- Ah ouais ? C’est drôle, parce qu’il y a dix ans, c’était pas non plus comme ça que ça devait se passer.
- Tu ne comprends pas.
- Je comprends parfaitement au contraire ! M’emporté-je. Rien ne se passe jamais comme on le prévoit. On en a fait les frais. Pour la dernière fois, s’il te plait, montre-moi ton tatouage.
Il finit par acquiescer et, d’un geste fluide, sans se retourner, il fait passer son t-shirt par-dessus sa tête.
Mon coeur effectue un salto.
Je découvre toute la partie haute de son dos musclé, recouverte d’encre noire. Je plisse les yeux, j’avance doucement et me rapproche pour pouvoir admirer l’oeuvre qu’il s’est fait graver dans la peau.
Je ne le touche pas, je ne fais que regarder et constate avec surprise que sa peau se pare de chair de poule là où se posent mes yeux. Je regarde sa nuque, la chair de poule apparait. Je regarde son flanc, bim, de nouveau.
Oh bah ça alors…
Je comprends soudain que l’effet qu’il me fait lorsqu’il me regarde est totalement réciproque et c’est comme si je me recevais une grosse claque.
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