Fyctia
Rien oublié, 1
Nous retournons tranquillement profiter des festivités et danser avec nos amis. Mon coeur est plus léger et, cette fois, je me laisse réellement emporter par la liesse générale.
À minuit nous reprenons tous en choeur le traditionnel chant d’anniversaire pour Rose, qui rayonne de bonheur. De fous rires en pas de danse, les heures passent et nous enfoncent un peu plus dans la nuit. J’échange des regards et des sourires avec Gabriel et ça me chamboule chaque fois un peu plus.
Vincent, Julien et lui finissent par rentrer chez eux, sonnant la fin de la soirée pour nous également.
Rose avait un peu forcé sur le vin et, avec Marc, nous avons presque dû la porter pour rentrer. Le trajet en voiture est court pourtant au moment de me garer je me rends compte que mes amis se sont tous les deux endormis. Je les réveille mais seul Marc répond présent, Rose est loin, comme le prouve l’élégant petit ronflement qui vient de sortir de ses lèvres fines.
Les trois étages qui mènent à leur appartement semblent interminables. J’ai retiré mes talons et progresse pieds nus, suivant Marc qui porte ma meilleure amie dans ses bras.
Une fois dans l’appartement je vais directement dans la salle de bain me démaquiller et me changer pour la nuit.
C’est à peine si je reconnais mon propre reflet. J’ai les joues roses et le regard qui brille. J’ai l’impression d’avoir rajeuni de dix ans… Je secoue la tête, termine mes affaires et sors.
C’est le calme plat dans l’appartement. Je vais dans la chambre de Rose pour vérifier si elle va bien et la trouve allongée sur son lit, profondément endormie, Marc à ses côtés.
Il lui a retiré ses chaussures et a rabattu la couette. Je referme discrètement la porte, un sourire aux lèvres puis je vais à mon tour me coucher après avoir envoyé l’adresse à Gabriel.
Après quelques heures de sommeil agitées par des regards sombres, des battements de coeur et des frissons, mon réveil sonne. Pour une fois je n’ai aucun mal à me sortir du lit. Je saute sous la douche pendant que le café coule lentement.
L’appartement est calme, Rose et Marc vont certainement dormir encore quelques heures. Je bois une tasse pleine de café, déjeune sur le pouce et file me brosser les dents. Avant de partir, je laisse un petit mot sur le comptoir de la cuisine à l’attention de Rose. Je lui souhaite encore un bon anniversaire et la remercie. Je suppose qu’elle saura pourquoi.
Je dévale les escaliers.
Il est 10h02 quand je sors de l’immeuble.
Aucune trace de Gabriel. J’attends en tentant de faire taire cette petite voix dans ma tête qui veut me faire peur.
Non, il va venir.
Une voiture tourne au coin de la rue et s’avance vers moi. Je soupire de soulagement en voyant Gabriel à l’intérieur qui me fait signe de monter.
- Bonjour ! Lancé-je en bouclant ma ceinture.
- Bonjour, pas trop fatiguée ?
- Ça peut aller, et toi ?
- J’ai connu plus reposantes comme vacances, rigole-t-il. Et je ne parle même pas des courbatures.
- Toi aussi ? Oh là là, j’ai l’impression que mon corps entier est une courbature.
- Je pense qu’on est tous dans cet état aujourd’hui. Aller, en route.
Il programme son G.P.S. et je tente de regarder l’adresse qu’il entre.
- Non Camille, oublie. Tu verras quand on y sera.
Je me contente de grogner. Quand enfin le tracé de la route s’affiche et que je vois le temps de trajet annoncé j’écarquille les yeux.
- Deux heures quinze de route ?! M’exclamé-je.
- Oui.
- Ok… vu que je n’ai pas le droit de connaitre la destination c’est moi qui gère la musique, décrété-je.
- Si tu veux, éclate-t-il de rire.
Cependant nous passons la première heure de route à discuter, la musique passant au second plan. J’échange quelques messages avec Guillaume, sous le regard curieux de Gabriel mais il ne commente pas.
Mon copain se demande pourquoi on ne s’est pas téléphoné hier sauf que je n’ai pas de réponse à lui apporter. Je n’y ai juste pas pensé.
Le brun ténébreux à mes côtés reprend la parole et me raconte quelques anecdotes à propos de Théo et Irène. Théo vient de terminer ses études et est officiellement vétérinaire. J’apprends aussi que la jolie petite blonde va se marier cet automne, quand à Théo, il vient de faire son coming-out. Il file le parfait amour avec un autre vétérinaire, rencontré pendant un de ses stages. Je suis ravie pour eux.
Je sens mon téléphone vibrer mais je le range dans mon sac. Je verrai ça plus tard.
La seconde heure de route, je m’écroule.
Gabriel a éteint la musique et me laisse dormir. Je sens toutefois des picotements de temps en temps sur moi et devine où se pose son regard mais je me rendors dans la foulée, plus fatiguée que ce que je pensais.
Le bruit du frein à main me réveille un peu plus tard.
Nous sommes arrivés. Le temps que mes yeux s’habituent à la luminosité, j’inspecte l’environnement, curieuse.
Quand je comprends où nous nous trouvons, je tourne la tête vers Gabriel.
- Tu m’as amené voir un aquarium ?! M’étonné-je.
- Pas n’importe lequel. Tu as devant toi l’aquarium le plus connu de France. Un des plus grands aussi, il regroupe un nombre impressionnant d’espèces différentes et est réputé pour son combat à propos de la préservation des espèces. Camille, je te présente Océanopolis ! Annonce-t-il fièrement.
Je lui souris, surprise et ravie par son idée.
Je sors de la voiture et attrape la main qu’il me tend. Quelques minutes plus tard nous pénétrons dans le gigantesque complexe. Je n’avais pas remis les pieds dans un aquarium depuis mes onze ans, j’ai l’impression d’être à nouveau une enfant et j’adore ça.
Gabriel nous amène sur une étendue d’herbe au milieu des différents bâtiments et, avant que je n’ouvre la bouche, il ouvre son sac à dos et en sort deux sandwichs.
- On va commencer par nourrir ce ventre affamé, m’informe-t-il en me tendant un des sandwichs. Ton ventre n’a cessé de gargouiller pendant le trajet, je pense que c’est plus raisonnable de manger maintenant. Je sais que tu peux vite te transformer en monstre assoiffé de sang quand tu as faim.
- Eh ! Râlé-je pour la forme. Merci beaucoup.
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