Aime Kha Premier amour ou dernier ? Le bal, 1

Le bal, 1

Rose, Marc et moi sommes éclatés, avachis dans le petit appartement. Les premières courbatures se font sentir, je n’ose imaginer ce qu’il en sera demain.

Mes deux amis se tâtent pour aller prendre leur douche et faire disparaitre l’odeur de transpiration ambiante mais aucun d’eux ne semble trouver le courage de bouger. Je les écoute distraitement. Dans ma tête, le regard plein de colère de Gabriel est comme imprimé sur mes rétines.

La satisfaction ressentie au moment où il s’est énervé a disparu, laissant place à un sentiment que je peine à accepter : le regret.


- Si on ne se remue pas on va louper le bal, entends-je Rose formuler à la limite du désespoir.

- Je cherche encore mes jambes, je crois qu’elles sont restées là-bas, se plaint Marc.

- Vous croyez que Gabriel sera là ce soir ? Demandé-je comme un cheveux sur la soupe.


Mes deux amis se redressent aussitôt comme si, la seconde précédente, ils n’étaient pas à l’agonie.


- Pas moyen que tu nous fasses faux bond Cam, si on fait l’effort, tu le fais aussi ! Me lance Marc.

- Du calme, je vais venir. Je vais d’ailleurs ouvrir la session douche vu que vous semblez à l’article de la mort pour le moment.

- Pourquoi tu poses la question alors ? Me demande ma meilleure amie. Ça aurait un rapport avec le fait qu’il t’ait envoyé bouler ?

- Comment tu es au courant ? Réagis-je aussitôt, méfiante.

- Je crois qu’aucun participant n’aurait pu louper ça chérie, me répond-elle tranquillement. Gabriel est sexy quand il s’énerve, tu as remarqué ?

- Non.


Si, évidemment.


- Donc, tu veux savoir s’il vient ce soir parce que tu veux t’excuser ? M’interroge Marc en haussant les sourcils plusieurs fois d’affilée.

- Ok, laissez tomber. Au fait Rose, aurons-nous la joie de rencontrer le fameux Romain ce soir ?

- Je lui ai proposé mais il n’est pas disponible.

- Ok, dis-je après voir échangé un regard avec Marc. Bon, je vais me préparer.


À grands renforts de gémissements et de plaintes à propos de muscles inconnus jusqu’alors, Marc et Rose sont finalement prêts à partir. Ils sont beaux tous les deux, Marc dans son polo noir Ralph Lauren et un pantalon gris anthracite, Rose dans une élégante robe rouge qui met en valeur ses longues jambes fuselées, perchées sur des escarpins noirs. Ils se sourient mutuellement et se complimentent. Je vois passer quelque chose dans le regard de mon amie, on dirait qu’elle apprécie ce qu’elle voit, ce qui me fait sourire.

Quand ils m’observent ensuite, leurs froncement de sourcils m’indique que je suis bonne pour changer de tenue. J’avais opté pour une traditionnelle marinière, un jean boyfriend, et mes fidèles Converses bordeaux.


- Il y a quelque chose que tu n’as pas saisi quand j’ai parlé de bal ma puce ?

- Je ne pensais pas que ça nécessiterait de sortir le grand jeu.

- Mais Cam, proteste-t-elle d’un air dépité, si on ne sort pas le grand jeu lors d’un bal, dis-moi un peu quand on peut le faire ?

- Ok, je reviens.


Je fouille ma valise mais ne trouve rien qui puisse convenir.


- Si je change de haut et que je mets une paire d’escarpins, ça pourrait le faire ?


Je vois alors Rose me tendre une robe noire et mes escarpins.


- Non ! Ça, ça va le faire, m’envoie-t-elle avec un clin d’oeil.


Je lui souris et file me changer. La robe est dingue, moulante là où il faut, sans que ce soit vulgaire. Je me trouve classe, comme je l’ai rarement été. Je décide de laisser tomber mes longs cheveux en cascade dans mon dos, me maquille légèrement et sors de la salle de bain.


- Wahou… souffle Marc.

- Parfait, souris Rose.

- Merci, rougis-je, ravie.

- Gabriel va tomber à la renverse ! Ajoute mon amie.

- Rose !! La réprimandé-je en levant les yeux au ciel.


Enfin nous arrivons au village où le bal bat déjà son plein. La plupart des gens présents se sont effectivement mis sur leur trente-et-un et le contraste entre les vieilles pierres du bourg et la modernité des tenues est saisissant.

Des fanions suspendus ainsi que des lanternes disposées ci et là apportent une atmosphère festive, de la musique résonne doucement dans les rues mais, selon Rose, l’ambiance va s’enflammer quand un groupe montera pour jouer sur la petite scène installée au milieu de la place du village tout à l’heure.

Nous nous asseyons à une des grandes tables installées pour l’occasion et discutons avec plusieurs personnes.


- Arrête de le chercher, me murmure ma meilleure amie.

- Quoi ? Non je…

- Tu scrutes la foule, je te vois. Il va venir, j’en suis sûre. Mon petit doigt me dit qu’il n’abandonnera pas si facilement, malgré ce qu’il a balancé tout à l’heure.


Je hoche la tête, peu convaincue.

Le temps passe, nous allons faire la queue pour se servir au barbecue.

Nous avons le choix entre ça et le fameux food truck qui distribue une multitude de crêpes Bretonnes. Cela fait à peine plus d’une semaine que je suis arrivée mais si je mange encore une crêpe je vais faire une overdose de sarrasin.

Et puis rien ne peut rivaliser avec l’odeur de la nourriture en train de griller sur les braises d’un barbecue selon moi.

Nos assiettes plastiques remplies en mains, nous retournons nous asseoir là où il reste de la place et tombons sur Julien et Vincent.


- Génial ! S’exclame ce dernier. Vous êtes là ! J’adore l’ambiance des fêtes de village, ça me rappelle ma jeunesse.

- On croirait entendre mon grand-père, le charrie Julien.


Ils sont tous les deux rasés de frais, chics avec leur veste de costume, leur pantalon chino et leurs chaussures de ville. Ils vont se chercher à manger et nous rejoignent à table. Je grignote mais mon appétit manque à l’appel. Je participe à la conversation mais j’ai du mal à suivre, mon esprit est concentré ailleurs.

Gabriel n’est pas là.

Le groupe dont Rose a parlé monte enfin sur scène et l’ambiance change radicalement. Les basses commencent à se répercuter sur les parois des vieilles bâtisses et les gens présents se lèvent les uns après les autres pour danser.

Nous suivons bientôt le mouvement.

Le groupe reprend des tubes de tous les âges et nous nous retrouvons à danser sur les démons de minuit suivi d’un des tubes de David Guetta.

Improbable playlist.

La bière et le vin de pays coulent à flot, j’en suis à ma deuxième bière. J’arrête là, j’ai été désignée un peu plus tôt comme la SAM de la soirée après un tirage au sort que je soupçonne trafiqué.

Rose et Marc sont déchainés, les courbatures semblent bien loin. Vincent et Julien aussi se lâchent en improvisant des chorégraphies ridiculement synchronisées.

La nuit est complètement tombée sur ce petit village perdu du Morbihan. Après plusieurs titres le groupe propose une musique plus douce. Julien m’invite à danser, ce que j’accepte.

Je dois avouer qu’il se débrouille bien, il me dirige d’une main de maître, me faisant tourner de temps en temps mais soudain il me sourit puis s’écarte.

Des frissons courent le long de mon échine.

Il est là.


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