Fyctia
La course ! 1
- Mais c’est pas possible ! Faites la taire ! Je geins à moitié endormie.
- Aller Cam ! Piaille Rose. Espèce de marmotte impotente, lève toi !
- Nan ! Je suis en vacances, j’ai le droit de faire la grasse mat !
- Cam, il est onze heures passées, je crois que question grasse mat, là, t’es pas mal, commente Marc d’une voix plus douce que celle, excitée, de ma meilleure amie.
Je me contente de grogner et de rabattre la couette sur ma tête mais la minute suivante la précieuse couverture disparait. Je me redresse vivement pour surprendre Rose, les cheveux tout ébouriffés, tenant ma couette entre ses mains.
- DE.BOUT ! M’ordonne-t-elle d’un ton sans appel.
- Mais qu’est-ce qui lui arrive ? Demandé-je à Marc.
- Oh, rien… Si ce n’est qu’elle avait zappé un truc important.
- Quel truc important ?
Je finis par me lever, m’étirer et bailler.
- Aujourd’hui a lieu l’évènement annuel organisé par l’association dans laquelle je suis bénévole, précise mon amie. Il ne faut pas trainer, ça commence à 14 heures et il faut qu’on y soit pour 13h30 grand max.
- Ton association ? Ah, oui ! Tous Solidaires Pour Nos Petits c’est ça ?
- Oui c’est ça, pour les enfants handicapés. J’ai posté plein de trucs sur Insta à propos de cet évènement pour ameuter un max de personnes mais si j’y suis pas ça va pas le faire et vous, vous m’accompagnez.
- Pourquoi j’ai pas l’impression qu’elle nous le demande ? Interrogé-je Marc.
- Parce que je ne vous le demande pas ! Vous êtes mes amis, vous DEVEZ venir !
- Ouh là… Trop d’agressivité pour moi dès le matin là.
- C’est plus le matin il est presque midi là ! S’énerve encore Rose.
Je regarde Marc qui lève les mains en signe d’impuissance.
- Ok ! Ok ! Détends-toi… Et en quoi on va pouvoir aider nous ?
- Mets ta tenue de sport. On va faire une course de dix kilomètres.
- Pardon ?! Hurlé-je.
- Discute pas, tu me remercieras après quand l’endorphine galopera dans tes veines.
- Nan, nan, nan. Marc ! Interpellé-je le coloc silencieux en le faisant sursauter. Aide-moi là !
- Rose, tu as conscience que ce que tu attends de nous, là, un dimanche matin,…
- Midi ! Le coupe-t-elle.
- … sans nous avoir préalablement prévenu nécessite un sacré un pot de vin, continue-t-il. Va falloir nous donner envie d’y aller ma belle, le dimanche c’est sacré.
- Parce qu’aider les enfants handicapés, leur apporter du matériel fiable, des soins et un suivi adapté ce n’est pas suffisamment motivant pour vous ? Et puis lundi c’est férié !
- Tentative de culpabilisation échouée, annoncé-je. Essaie encore.
- Bande d’égoïstes ! Marmonne-t-elle. Ok, étant donné que vous m’aimez tous les deux à la folie, il est tout à fait impossible que vous ayez oublié que ce lundi, jour férié apprécié de tous, est également mon anniversaire ?
Marc et moi nous regardons. Nous n’avons évidemment pas oublié et nous nous sommes même cotisés pour lui offrir son cadeau.
- Non Rose, comment oublier ce jour si important qui t’a vu naître… Ça fait deux mois que tu nous bassines avec ça, lui balance Marc.
- On a oublié mon anniversaire une fois, je ne tiens pas à ce que ça se reproduise c’est tout. Bon, alors, en guise de cadeau vous allez participer avec moi à cette course.
- Raté, rétorqué-je. Nous avons déjà ton cadeau, dommaaaaage.
Rose finit par se laisser tomber sur le canapé et met sa tête entre ses mains.
- Sans déconner, les amis, s’il vous plait. Accompagnez-moi. Il y aura un bal le soir même pour clôturer la journée…
- Oh tu entends ça Marc ?
- Mais oui ! Il semblerait bien que ça ressemble à une véritable demande formulée poliment, non ?
- J’en ai l’impression. En tout cas, ça n’était pas un ordre…
Les yeux de Rose naviguent entre lui et moi.
Je sens qu’elle se retient de se jeter sur nous pour nous étrangler et j’aimerais beaucoup continuer ce petit jeu mais elle risquerait d’exploser et une Rose explosée ce n’est pas beau à voir.
- Si c’est demandé si gentiment je ne vois aucune raison de refuser moi, t’en dis quoi Marc ?
- J’en dis que rien ne vaut la politesse… Hein Rosie chérie ?
- Ta gueule !
- R.I.P. la politesse, s’amuse-t-il.
- Vous venez alors ?
- Mais oui, on vient, dis-je en la prenant dans mes bras. Par contre, va te doucher ma puce, tu transpires trop là.
- C’est le stress ça m’a toujours fait cet effet ! S’écrie-t-elle en se ruant dans la salle de bain pendant que je me fais couler un bon litre de café.
- Cette femme est un volcan, murmure Marc, le regard posé sur la porte que Rose vient de claquer. Quel tempérament explosif.
- C’est clair, mais tu es au courant que c’est sensé être inquiétant, pas attendrissant, hein ?
- Je m’attendris de rien du tout.
- Ouais c’est ça, fais l’autruche.
- Je fais pas l’autruche ! Bon je vais me préparer, se défile-t-il tandis que je rigole toute seule.
Heureusement que l’évènement a lieu dans le village voisin. Nous arrivons pile à temps pour récupérer les dossards jaune fluo très… seyants.
- La chance est avec nous, il ne pleut pas ! Entends-je une voix se réjouir.
Je me retourne et repère Vincent, Julien et Gabriel, tous vêtus des mêmes dossards.
Mais, comment… ?
Je vois rouge. Je comprends mieux maintenant pourquoi il est toujours là.
Rose… Traitresse.
J’adore ma meilleure amie mais je ne tolèrerai pas qu’elle ne respecte pas ma volonté et invite Gabriel dans mon dos.
Je me précipite et attrape Rose par le bras.
- Comment tu as pu faire ça ? L’attaqué-je.
- Quoi ? Faire quoi ?
- Inviter Gabriel ! Je t’avais pourtant bien dit que je ne voulais pas le revoir !
- Mais j’ai jamais invité Gabriel ! Je t’assure !
- Mais bien sûr, c’est pour ça qu’on le trouve chaque fois là où on va. Ça fait un peu trop de coïncidences tu ne trouves pas ? Entre le bar, la plage…
- La plage ?
Ah oui zut, c’est vrai qu’elle s’était assoupie et avait loupé cet épisode…
- … et ici, ça commence à faire beaucoup. Qu’est-ce que tu cherches au juste hein ?
- Mais je t’assure que je n’ai jamais contacté Gabriel, Cam ! Se défend-elle sincèrement. C’est vrai que ça fait beaucoup, d’ailleurs il va falloir que tu me raconte cette histoire de plage là, mais je n’y suis pour rien ! À moins que…
- À moins que quoi ?
- Je poste beaucoup sur Insta, dit-elle en sortant son téléphone et en ouvrant l’application. Il est trop fort ! Se met-elle à rire. Tu peux pas lutter contre sa détermination Cam…
- Comment ça ?
- Il fait partie de mes followers, il a donc accès à tous mes post…
- Et tu postes toujours des photos qui indiquent où on se trouve… comprends-je.
- Et là pour le coup, cet évènement j’en ai fait la promo sur mon compte alors il ne pouvait pas le louper. Il savait parfaitement où et quand te trouver à chaque fois, Cam. Bref, j’y suis pour rien ! Aller, la course va commencer, hop ! Hop ! Hop !
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