Fyctia
Bis Repetita, 2
- Intéressant comme tu rougis bichette, continue de me murmurer Rose interrompant mes souvenirs de la veille. Hâte que tu me racontes, je sens que ça va être captivant.
Je grogne pour toute réponse et fais face au regard amusé de Gabriel.
- Bon les gars, faut qu’on rentre ! Annonce Vincent. Si Émilie nous voit arriver en retard à la soirée on va prendre cher !
- T’as raison, approuve Julien. C’était super cette journée de compétition mais j’attends une revanche maintenant moi aussi !
- On verra ça, rigole Marc.
- On a passé une super journée aussi, ajoute Rose. Merci beaucoup, passez une bonne soirée !
- À bientôt ! Nous envoie Vincent avant d’ouvrir la porte de la voiture.
- À bientôt, réponds-je par politesse.
Gabriel me fait un signe de tête juste avant de s’engouffrer dans la voiture qui semble deux fois trop petite pour lui.
Je les regarde s’éloigner et une petite voix dans ma tête me demande « Et voilà, c’était la dernière fois que tu le voyais, contente ? »
Parfois j’ai envie de me taper dessus.
Plus tard dans la soirée, Marc masse distraitement les pieds de Rose. Ils sont tous les deux installés dans le canapé et moi je suis lovée dans le fauteuil à côté.
- Ils sont vraiment sympas je trouve, nous dit Marc.
- Oui, c’était une bonne journée, confirme Rose. J’ai du mal à croire que tu persistes à ne pas vouloir revoir Gabriel Cam…
Je leur avais évidemment raconté mon après-midi pendant le trajet retour.
Les commentaires avaient fusé, forcément et heureusement que j’avais omis certains détails, que j’estimais trop intimes.
Rose avait fini par changer de sujet et ils m’avaient laissé tranquille, du moins jusque là.
- Je pense que c’est mieux comme ça oui.
- Moi je pense que tu as la trouille, argue ma meilleure amie.
- Quand bien même, à quoi ça servirait franchement ? Tout a été mis à plat, nous nous sommes dit ce que nous avions à nous dire. Il n’y a aucune raison pour qu’on se revoit maintenant.
- Non, aucune, confirme-t-elle. Si ce n’est le fait de te voir à nouveau sourire aux anges quand tu es dans tes pensées et que tu crois qu’on ne te voit pas.
- Arrête.
- Ou encore que, pour la première fois en dix ans, je retrouve la meilleure amie pleine de vie qui était celle de mes souvenirs.
- Rose, l’avertis-je.
- Je dois avouer que depuis que je te connais je ne t’avais jamais vue pétiller de cette façon, en rajoute Marc.
- Tu ne m’aide pas toi, m’agacé-je.
- Et il reste encore un mystère à élucider, déclare la traitresse qui me sert d’amie.
- Ah oui ? Et lequel ?
- Il faut impérativement que tu découvres son tatouage ! Jubile-t-elle tandis que Marc et moi levons les yeux au ciel.
- J’en ai assez entendu. Allez vous coucher maintenant que je puisse dormir. Je vous rappelle que j’ai failli y rester aujourd’hui moi.
- Oui chef, se lève notre ami.
- Oui et tu as été sauvée par un prince charmant ! Gazouille Rose.
- Un prince des ténèbres oui… Aller, oust !
Je suis sur le point de m’endormir quand mon téléphone émet la vibration propre à l’arrivée d’un message.
Je le récupère et le numéro qui s’affiche sur l’écran fait bondir mon coeur.
Il n’est plus enregistré à son nom mais je connais encore son numéro sur le bout des doigts. J’enregistre Gabriel sous un nom qui, j’en suis sûre, ne manquera de me ramener à la raison, si besoin.
Je rigole toute seule de ma connerie.
Merde. Grillée.
L’utilisation de ce surnom provoque un boum à mon coeur encore trop fragile.
Je repose le téléphone loin de moi.
Qu’est-ce qu’il mijote encore ?
Je m’endors environ une heure plus tard avec un petit sourire sur le visage et démarre une nuit hantée par un protagoniste pourtant banni de mes rêves il y a bien longtemps.
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