Fyctia
Bis Repetita, 1
- Alors ? Qui a gagné ? Demande Gabriel tandis que nous retrouvons nos amis sur le parking de l’Escape Game.
- Ils sont forts… répond Julien, dépité, en se massant les tempes d’une main tatouée.
- Il va falloir qu’on s’entraine les gars, on ne peut pas se permettre d’être vaincus par des civils à un Escape Game, sérieux ! Râle Vincent. Ils nous ont mis trois minutes dans la face. C’est inadmissible.
Rose et Marc se tapent dans la main, fiers d’avoir gagné.
- Et vous, vous vous êtes bien amusés ? Demande Rose en me scrutant de la tête aux pieds.
- Pas du tout.
- Comme des gamins, répond Gabriel en même temps que moi, récoltant un regard noir de ma part.
- Tu as du sable dans les cheveux et des algues séchées accrochées à ton pull ma puce, me chuchote Rose avant de m’offrir un sourire complice.
Je n’avais pas réussi à échapper bien longtemps à Gabriel sur la plage. Il m’avait rattrapé en quelques secondes et plaqué sur le sable sans ménagement. Je m’étais débattue mais son corps immense me bloquait totalement.
- Tu coures toujours aussi vite, mais pas assez pour me distancer ! Alors, dans quelle poche se trouve ce fichu téléphone…
- Non Gabriel, non !
Je criais et riais en même temps.
- Toujours chatouilleuse hein.
- Arrête ! Arrête ! Oh mon Dieu !
Coincée entre ses jambes, je n’avais plus de souffle et ses mains sur mon corps me perturbaient bien trop pour que je puisse me défendre correctement. Les miennes ne cessaient de repousser son torse dur comme la pierre, sans succès.
D’un geste rapide, il m’avait alors saisi les poignets et bloqué les bras au-dessus de la tête, plaquant son corps au mien. Nos poitrines se soulevaient furieusement au rythme de nos respirations effrénées et un courant électrique me parcourait de la tête aux pieds, accélérant encore les battements frénétiques de mon coeur trop longtemps endormi.
Son nez frôlait le mien et son souffle me chatouillait la joue. Son regard me sondait, à la recherche de quelque chose que j’étais incapable de déterminer.
Son expression amusée avait alors commencé à disparaitre au profit d’une autre, plus sérieuse, plus… dangereuse.
Le souffle coupé, j’attendais faiblement son prochain mouvement seulement il avait ensuite froncé les sourcils et s’était relevé rapidement, me libérant par la même occasion de son étreinte.
Profitant de son inattention temporaire, je m’étais rapprochée de l’océan et, d’un grand coup de pied, j’avais projeté une quantité sympathique d’eau sur lui.
- Tu n’aurais jamais dû faire ça, Camille…
Sa voix rauque grondait comme une délicieuse menace. Je lui avais alors offert un sourire triomphal avant de me remettre à courir comme une dératée.
Deux secondes plus tard mes pieds ne touchaient plus le sol et mes cris s’envolaient sur la plage.
- Tu ne me laisses pas le choix, tu vas y avoir le droit encore une fois. Tu vas finir trempée.
- Non, ne fais pas ça ! Je suis désolée !
Je m’étais accrochée à lui comme dix ans auparavant, les jambes enserrant fermement sa taille et mes mains agrippant sa nuque, tandis qu’il avançait un peu plus dans l’eau.
- Non Gabriel, je t’en supplie ! C’était peut-être drôle y’a dix ans mais pas là, faut se renouveler au bout d’un moment !
Il s’était arrêté et un de ses bras était venu me soutenir, soulager mes jambes fatiguées de s’accrocher à lui.
- Camille qui supplie… C’est une première.
- Comme quoi, tout peut arriver… Aller, ramène moi sur le sable s’il te plait.
Son visage face au mien était figé dans un sourire carnassier.
- Pas avant de t’avoir entendue me supplier à nouveau.
- Même pas en rêve !
- Dommage.
Avec un mouvement rapide, comme si je ne pesais rien de plus qu’une plume, il m’avait décroché de ses hanches et me tenait à bout de bras, prêt à me balancer.
- Ok ! Ok ! Tu as gagné !
- Bien.
Il m’avait alors ramené contre lui dans ma position initiale.
- Je t’écoute.
- Je t’en su…
Une étrange sensation m’avait interrompue. Je sentais son corps… vibrer ?
- Tu… tu vibres ?!
- Merde.
Détachant un de ses bras, il avait fouillé son pantalon pour en sortir son téléphone. Vincent l’appelait, leur partie était terminée.
- Tu as de la chance pour cette fois. Mais j’ai une mauvaise nouvelle.
- Ah ? Laquelle ?
Il nous avait ramené sur le sable et m’avait reposé délicatement au sol.
- Je crois que j’ai pris goût à la Camille suppliante.
- Ah c’est embêtant parce que…
Il avait levé les sourcils, m’invitant silencieusement à poursuivre.
- Tu ne la reverras jamais.
En un pas il s’était brusquement rapproché de moi, son corps à moins d’un centimètre du mien, la tête penchée vers la mienne et m’avait dit :
- Non seulement je la reverrai, mais en plus ce que cette Camille me suppliera de faire ferait rougir tes fantasmes.
J’avais écarquillé les yeux de surprise.
Mon coeur battait fort et mon entrejambe s’était subitement enflammé. J’avais ouvert la bouche mais rien n’en était sorti.
Il avait ensuite attrapé ma nuque et frôlé ma joue de la sienne pour me murmurer au creux de l’oreille :
- Mais ne t’inquiète pas, tu n’auras pas à supplier longtemps, crois-moi, je m’appliquerai à t’obéir. Très méticuleusement.
La chair de poule recouvrait tout mon corps.
- Mais pour l’instant, vengeance !
Je n’étais pas préparée à ce brusque changement. J’étais toute chancelante et mon corps fourmillait d’excitation mais, l’instant d’après, il me balançait au sol et m’envoyait une quantité astronomique de sable et d’algues partout.
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