Fyctia
Chapitre 25
La soirée battait son plein dans la salle commune. Tout le monde dansait ou discutait et je faisais de mon mieux pour participer mais, sans lui, ça n’avait pas la même saveur.
Plus les minutes s’écoulaient, plus l’angoisse de ne pas avoir l’occasion de le revoir m’étreignait, comprimant toujours un peu plus mes poumons, empêchant à chaque seconde un peu plus l’air de s’y engouffrer.
Vers une heure du matin je ne tenais plus. J’avais les larmes au bord des yeux et je n’arrivais plus à participer aux discussions, encore moins à danser.
- Je vais me coucher, avais-je informé Rose.
- Je viens avec toi.
- Non, reste. Amuse-toi.
- T’es sûre ?
- Certaine.
J’avais embrassé mon amie et pris le chemin menant aux chambres. Arrivée devant mon lit j’avais fait demi-tour et était entrée dans la chambre que Gabriel partageait avec Théo et deux autres garçons. Elle était vide et je savais que la plupart d’entre eux avaient décidé de passer une nuit blanche. Je m’étais alors allongée sur le lit de Gabriel et avais serré son oreiller contre moi. Son odeur, qui y était imprégnée, m’avait tout de suite réconfortée.
J’avais fermé les yeux, me laissant bercer un long moment par le rythme de la musique qui me parvenait et résonnait en sourdine dans les murs avant d’être emportée par un sommeil agité.
Plus question de rêver des baisers de Gabriel, un cauchemar me tyrannisait lorsqu’une douce caresse sur ma joue suivie d’un « Chhhhhut » m’avait fait ouvrir les yeux.
Je m’étais vivement assise sur le lit au moment où mon cerveau avait compris que ça ne provenait pas de mon subconscient.
À bout de souffle à cause du cauchemar qui disparaissait rapidement dans les limbes de l’oubli, je cherchais des yeux ce qui m’avait réveillée quand, au bout du lit, mon regard avait retrouvé des abysses sombres et familières.
Il était là.
Il. Était. Là !
D’un bond je lui avais sauté au cou, l’étreignant comme si je ne l’avais pas pu depuis des mois. Les larmes que j’avais retenu toute la soirée coulaient à flot de long de mes joues, trempant abondamment son t-shirt.
- Chut, je suis là. Je vais bien, m’avait-il murmuré. Je suis désolé si je t’ai réveillé, tu avais l’air de faire un méchant rêve, je n’ai pas pu m’empêcher de tenter de te calmer.
- Tu es là depuis combien de temps ? Quelle heure est-il ? Et ta jambe ?
- Doucement, avait-il rit face à l’abondance de mes questions. Alors, dans l’ordre : je suis rentré il y a vingt minutes, cinq minutes pour trouver Rose qui m’a indiqué que tu étais allée te coucher, six minutes pour monter les escaliers et venir à l’étage des chambres. J’ai perdu deux minutes à aller dans ta chambre et me demander où tu étais avant de te trouver sur mon lit, endormie. Je te laisse faire le calcul. Il est 4h52, et…
- Tu es sérieux ? Tu veux me faire faire du calcul mental à 4h52 du matin ?
- Et ma jambe va bien, j’ai juste une méchante entorse. Quelques semaines avec l’attelle et ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Il avait ensuite posé sa main sur ma joue pour essuyer les larmes qui continuaient de couler, puis m’avait doucement embrassé.
- Pourquoi tu ne veux pas sourire, Camille ?
La référence à ma question, ce jour où il s’était ouvert à moi pour la première fois, me tira un sourire.
- Voilà, c’est mieux.
- J’ai eu tellement peur, lui avais-je avoué.
- Je t’avais dit de ne pas t’inquiéter, que ce n’était rien de grave.
- Non, j’avais peur de ne pas avoir l’occasion de te revoir avant de partir, qu’ils te gardent toute la nuit. L’idée de ne plus te revoir…
- Je suis là. Je ne vais nulle part. Il nous reste…, avait-il commencé en regardant sa montre, un peu plus de cinq heures avant le départ.
- Gab t’es rentré ! Ça va mieux ? Ahhhh ! Je suis crevé ! Et un peu bourré. Elle a une sacrée descente ta copine, Cam, avait déboulé Théo dans la chambre au même instant.
Il s’était affalé dans le lit juste à côté et, avant même que Gabriel n’ai répondu quoi que ce soit, il ronflait déjà.
Nous avions alors pris le chemin de ma chambre mais, entre les autres qui rentraient petit à petit se coucher - pas facile de tenir une nuit blanche… - et la douleur qu’avait du mal à cacher Gabriel à chacun de ses pas, j’avais hésité à continuer. C’est en voyant Irène, ou plutôt son zombie, entrer dans notre chambre que j’avais décidé de faire demi-tour. De retour dans sa chambre où Théo ronflait toujours, nous nous étions alors installés sur le lit de Gabriel et il avait poussé un soupir de soulagement quand sa jambe avait enfin pu se reposer.
Nos regards étaient aussi frustrés l’un que l’autre, nous savions que nous n’aurions pas l’occasion dont nous rêvions de nous retrouver seuls, mais au moins, nous étions ensemble pour encore quelques heures.
- Tu m’as manqué, m’avait-il dit en chuchotant pour ne pas réveiller le ronfleur.
- Toi aussi, tellement. Je…
- Quoi ?
- Ça me terrifie.
- Comment ça ?
- Tu n’es parti que quelques heures et je… je ne sais pas, c’était comme si une partie de mon monde s’effondrait.
- Et moi je crois que j’ai rendu fou tout le personnel hospitalier à force de leur dire que ce n’était rien et qu’ils devaient me laisser repartir. Je ne supportais pas l’idée de gâcher ce qu’il nous restait comme temps en étant loin de toi.
J’étais allongée à ses côtés, la tête posée sur son coeur pendant qu’il me caressait tendrement les cheveux, ma main, elle, traçait des cercles invisibles sur son t-shirt.
- Ce n’étaient que quelques heures Gabriel, qu’est-ce que ça va être tout à l’heure ? Et les jours suivants ?
Ma tête se soulevait au rythme de sa respiration, mon coeur s’alignait aux battements du sien. Il avait alors pris une grande inspiration et dit :
- On va s’accrocher, je ne vais pas te lâcher comme ça. On s’écrira des messages, on s’appellera. Je ferais en sorte qu’on se revoit le plus vite possible. On va y arriver.
- Tu le promets ?
- Je te le promets, bébé.
Nous n’avions encore jamais évoqué « l’après ».
L’entendre me faire cette proposition m’avait fait un bien fou. S’il y croyait, j’y croyais aussi.
De toute façon ce garçon avait mon coeur entre ses mains. Le seul moyen que j’aurais de le récupérer serait de le revoir et qu’il me le rende, mais honnêtement, je n’en voulais plus.
Il lui appartenait, définitivement.
Ça semblait peut-être exagéré pourtant rien n’était plus vrai.
Nous avions continué à discuter en chuchotant un bon moment, je luttais de toutes mes forces pour ne pas m’endormir. Il était hors de question de perdre encore du temps à ne pas profiter de lui, surtout si près de l’échéance de ce séjour.
Gabriel avait malgré tout fini par s’endormir et j’avais passé un moment considérable à l’observer en tentant de mémoriser chaque courbe de son visage et à respirer son odeur. Je voulais tout figer, ne rien oublier, jamais.
Ce n’est qu’en entendant le bruit d’un objet tombant au sol que j’avais réalisé m’être endormie.
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François Lamour
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