Fyctia

Des sirènes.

J’étais sous la douche et me préparais pour le grand soir quand je les avais entendues.

Au looping que mon coeur venait d’effectuer j’avais immédiatement compris que ça concernait Gabriel. Dans un état second d’angoisse, j’étais sortie de la douche, m’étais séchée et habillée. Je courrais dans le couloir quand j’avais croisé Rose.

- Cam ! Avait-elle crié.

- C’est Gabriel c’est ça ?

- Oui, les pompiers l’emmènent.

Sans attendre une minute de plus j’avais pris mes jambes à mon cou et avais détalé comme si ma vie en dépendait, le coeur au bord des lèvres.

Gabriel, sur une civière, allait être monté dans le camion.

- Attendez ! Avais-je hurlé

- Camille !

Il était conscient !

Le soulagement que j’avais ressenti avait failli me faire trébucher mais j’avais continué à courir jusqu’à attraper la main qu’il me tendait.

- Ce n’est rien, ne t’inquiète pas, s’était-il empressé de me dire voyant mon regard affolé.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- Une mauvaise chute, ils m’emmènent seulement par précaution.

- Mademoiselle écartez-vous, nous devons y aller, m’avait ordonné un des pompiers.

- Je peux venir ?

- Non, Ludovic, le directeur, se charge de l’accompagner, c’est son rôle, m’avait répondu Michael, un des animateurs, en me tirant vers l’arrière.

- Vous allez le garder combien de temps ?

- Ce n’est pas nous qui décidons, ce sera selon l’avis des médecins à l’hôpital, m’avait répondu le même pompier. Bonne soirée.

- Je ferai tout ce que je peux pour revenir le plus vite possible Cam, je te le promets ! Avait crié Gabriel juste avant la fermeture des portes du camion.

Figée sur le trottoir, j’avais regardé l’ambulance s’éloigner jusqu’à ce qu’elle disparaisse de ma vue. Là encore, j’étais restée sur place, choquée, inquiète, chamboulée.

Les bras de Rose étaient venus m’entourer, m’apportant tout le réconfort qu’elle pouvait.

- Il a glissé, le terrain était trop humide, nous racontait Théo un peu plus tard dans notre chambre tandis que toute la colonie se préparait à la soirée de clôture du séjour. Sa jambe s’est tordue d’une drôle de façon et il a hurlé.

Ses explications me soulevaient le coeur. Ce n’était rien de grave en soi, je le savais mais, tout ce qu’il décrivait, je le vivais comme si j’étais à la place de Gabriel. Je ressentais tout.

- Il a tenté de se remettre debout, il ne voulait surtout pas qu’on appelle les pompiers. Sauf qu’il n’arrivait plus à s’appuyer sur sa jambe et là, Michael, qui faisait l’arbitre, m’a envoyé chercher Ludovic. J’ai rien pu faire.

- Entrez ! Avait dit Rose quand quelqu’un était venu frapper.

- Ça va ?

C’était justement Michael, l’animateur le plus sympa de la colonie, qui venait prendre de nos nouvelles.

- Vous venez faire la fête avec tout le monde ? Nous avait-il demandé.

- Oui, on arrive, avait répondu Théo.

Lui et Irène s’étaient levé et étaient sortis.

- Camille, Gabriel n’a rien de grave ne t’en fais pas. Je ne pense pas qu’ils le gardent pour la nuit. Ils vont certainement lui faire une radio, vérifier que rien n’est cassé et Ludo nous le ramènera rapidement. Viens, descends t’amuser avec les autres. C’est le dernier soir, profites-en, ça va te changer les idées.

- Merci Michael. Je vous rejoins.

Il avait hoché la tête, fait un dernier sourire et nous avait laissées, Rose et moi, dans notre chambre silencieuse.

- Vas-y ma bichette, je descends dans pas longtemps.

- Pas moyen que j’aille m’amuser sans toi Cam.

J’avais souri et pris ma meilleure amie dans les bras.

- Je sais que ce n’est pas la soirée que tu avais imaginé, mais tu vas le regretter si tu restes seule ici. Toutes ces personnes en bas t’apprécient et ils méritent qu’on passent une bonne soirée tous ensemble pour se dire au revoir. Qui sait quand, ou même si, nous les reverrons ?

- C’est vrai… Je te suis, allons-y.

Gabriel n’avait pas son téléphone sur lui quand il avait été emmené, je n’avais aucun moyen de le joindre et la phrase de Rose tournait en boucle dans ma tête : « Qui sait quand, ou même si, nous les reverrons ? ».

Allais-je un jour revoir Gabriel ?