Fyctia

Ce qu’il y avait de bien dans cette colonie c’était notre liberté. Nous pouvions aller où nous voulions, à notre guise.

Les jours qui avaient suivis n’avaient fait qu’attiser mon désir à un point où je rêvais chaque nuit de ses caresses et de ses baisers enflammés. Sans parler de mon état au réveil.

Mes lèvres étaient gercées à force d’embrasser Gabriel.

En revanche, pas moyen d’avoir de l’intimité.

Impossible de trouver un endroit où nous ne serions pas dérangés et c’était sans compter sur la nature qui n’était pas de notre côté. La pluie n’en finissait plus de tomber, nous empêchant de profiter des seuls endroits intimes que nous aurions pu avoir.

Le dernier soir arrivait et je ne pouvais imaginer quitter cet endroit sans avoir été au bout avec lui. Voici pourquoi je retournais toute la colo pour trouver Rose qui avait disparu je ne savais où. Quand enfin je l’avais trouvée, je n’avais pas perdu une seconde.

- J’ai un grand service à te demander.

- Oh là ! Ça se monnaie ça… m’avait-elle taquiné.

- Rose s’il te plait.

- Je t’écoute, dis-moi.

- J’ai besoin d’avoir la chambre ce soir pour quelques heures.

- Aaaahhh !!!

Rose m’avait probablement percé un tympan et elle sautait sur place comme si elle était montée sur ressort.

Je savais qu’elle attendait impatiemment le jour où je sauterai le pas. De son côté, elle avait déjà eu plusieurs relations avec deux garçons différents et n’accordait pas au sexe l’importance des sentiments, comme cela pouvait être mon cas. Elle savait ce que ça représentait pour moi et n’arrivait pas à calmer sa joie.

Au bout de deux longues minutes elle s’était finalement calmée.

- Bon alors ça veut dire qu’il faut que j’accapare aussi Irène, réfléchissait-elle. J’en fais mon affaire, je vais trouver une idée.

- Merci t’es la meilleure.

- Tu as ce qu’il faut ?

- Comment ça ?

- Préservatif ?

- Ah ! Euh, ben non.

- Ok, moi j’ai. Je vais te filer tout mon stock.

- Je ne pense pas avoir besoin de tout ton…

- On ne sait jamais ! M’avait-elle coupée. Il vaut mieux prévenir et je n’en aurais pas besoin de mon côté de toute façon. C’est le dernier jour poulette… Tu es sûre de toi ? Ce n’est pas comme si tu allais pouvoir le revoir rapidement après et ce qui sera fait sera fait, plus de retour en arrière possible.

- Je sais. Mais Rose, je ne veux même pas penser à l’après. Tout ce que je sais c’est que j’en crève d’envie et qu’il me rend… Quoi ? M’étais-je interrompue devant sa façon de me regarder.

- Oh rien, je me disais juste que l’amour te va bien.

- L’amour, tout de suite les grands mots, avais-je rétorqué en levant les yeux au ciel.

- Cam, il n’y a pas de mal. Tu es amoureuse et c’est génial. Je ne t’avais jamais vue comme ça, tu rayonnes ! Il pleut depuis des jours mais grâce à toi on ne s’en rend pas compte tellement tu brilles.

- Arrête tes conneries, il faut toujours que tu exagères.

- C’est vrai, j’exagère mais j’ai quand même raison. Vous vous aimez, ça crève les yeux. C’est beau à voir je t’assure, ça fait rêver. Bon par contre j’espère que les préservatifs lui iront. C’est du L, mais vu son gabarit j’ai peur qu’il faille du XL. Tu me diras s’il en a une grosse ? J’espère qu’elle n’est pas tordue.

- Rose ! M’étais-je écriée. T’es infernale.

- Moi aussi je t’aime.

J’étais repartie, heureuse de voir se profiler devant moi ce que j’attendais depuis ce qui me semblait une éternité.

Mon sourire s’était cependant effacé en retrouvant Gabriel. Il affichait un air si morose que ma joie avait disparu dans l’instant.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? M’étais-je inquiétée en m’asseyant à ses côtés dans la salle commune.

- Rien, t’en fais pas bébé.

- Je vois bien qu’il y a quelque chose. Si tu n’as pas envie d’en parler je peux comprendre mais ne me dis pas qu’il n’y a rien.

- Ne t’inquiète pas, c’est juste que la fin du séjour approche et qu’en fin de compte, je n’ai pas envie que ça se termine, avait-il avoué en prenant ma main pour embrasser ma paume et par la même occasion me déclencher un long frisson.

- Tu vas retrouver ton père et pouvoir prendre soin de ta famille.

- Oui…

- Tu vas pouvoir lui annoncer que tu as décidé de suivre la même voie que lui, lui avais-je dit, me rappelant une de nos conversations. Devenir policier, dans une unité d’élite… Il sera tellement fier, j’en suis persuadée.

- Gab ! Avait appelé Théo qui déboulait en furie. Tu viens faire une partie de foot ?

- Vas-y, lui avais-je proposé quand il avait tourné la tête vers moi. Ça va te changer les idées. On se voit ce soir et tu sais quoi ?

- Cam, avec toi, je ne sais jamais. Tout est possible.

- Ce soir, c’est juste toi et moi, bébé, lui avais-je glissé à l’oreille avant de le laisser partir.

Le sourire qu’il m’avait offert avant de sortir était si resplendissant que j’avais littéralement senti mon coeur s’en nourrir puis se gonfler.

Oui.

J’étais bel et bien amoureuse.