Fyctia
Dix ans plus tôt / 6
- Camille…
Sa voix grondait, rauque et grave comme je ne l’avais encore jamais entendue.
- Très bien, tu es une idiote.
- Je te demande pardon ?
- Tu es pardonnée.
- Quoi ? Mais non je… Lâche-moi à la fin !
J’avais beau secouer mon bras, il ne lâchait rien.
J’enrageais, littéralement. J’avais envie de hurler à m’en décrocher les cordes vocales et lui il faisait quoi ? Il en rajoutait.
- Tu es une idiote Camille si tu penses ne serait-ce qu’une seconde qu’il s’est passé quoi que ce soit avec Maëlys. Tu es inutilement jalouse.
- Ne te surestimes pas Gabriel. Je ne suis absolument pas jalouse, tu es juste arrogant. Tu fais ce que tu veux, avec qui tu veux.
- Ah oui… Parfait alors. Dans ce cas, si je me trompe, explique moi la raison du « run » que tu viens de faire. Tu prépares les jeux olympiques ?
- Très drôle.
J’avais encore tenté de me libérer mais au lieu de me laisser faire, il avait tiré un coup sec et j’étais maintenant si proche de lui que je pouvais sentir son souffle sur mon visage.
- Je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux. Putain mais parle Camille !
- Ok ! Tu as gagné ! Tu veux m’entendre te dire quoi ? Que j’ai senti presque chaque cellule de mon coeur se briser en te voyant dans les bras de Maëlys ? Que ça m’a fait tellement de mal que j’en ai eu le souffle coupé ?
- Mais pourquoi ? Camille, dis-moi pourquoi.
- Va te faire voir ! Avais-je hurlé, les joues ruisselantes de larmes. Retourne dans les bras de Maëlys et laisse moi en paix.
- Regarde moi.
Têtue, je refusais évidemment de lui accorder cette faveur.
Sauf que je n’étais absolument pas préparée à la douceur du contact de sa paume sur ma joue. De son pouce, il essuyait quelques larmes tout en me demandant encore de le regarder. Je n’avais plus la force de résister et mes yeux se retrouvaient une nouvelle fois plongés dans l’intense abîme des siens.
- J’ai eu ma mère au téléphone après le diner. L’état de mon père se dégrade. Il va arrêter le traitement. Il préfère profiter pleinement de ce qui lui reste à vivre plutôt que de continuer dans cet état, limite léthargique, même si ça lui offrait plus de temps.
- Gabriel, je…
- Je suis fou de colère, même si quelque part, je comprends son choix. Maëlys passait dans le couloir au moment où je rentrais dans ma chambre. J’allais prendre une veste pour te proposer de sortir, de s’aérer. Je t’aurais raconté tout ça, tranquillement. Mais Maëlys m’a suivi, est entrée dans la chambre et elle a compris qu’il se passait quelque chose. Tu es entrée au moment où elle me disait que si j’avais besoin d’en parler, je n’hésite pas à lui parler.
- Elle te caressait le bras.
- Maëlys est une fille tactile. Putain Camille ! Ça fait des jours que j’espère une réaction de ta part, un geste, un mot. Quand je t’ai vue comme ça ce soir et quand j’ai compris pourquoi tu réagissais ainsi… Tu fais jamais ce à quoi je m’attends c’est dingue. Plutôt que d’être heureux d’avoir enfin confirmation que je te plais, je ne ressens que l’angoisse de te perdre. On pourrait pas faire plus simple ?
- Je… Je suis terrifiée ! C’est tout ! J’ai le sentiment étrange que tu as le pouvoir de faire basculer ma vie, c’est… c’est…
- Je sais. Je ressens la même chose, avait-il répondu avec douceur. Mais j’ai décidé de l’accepter parce que je n’arrive pas à me passer de tes sourires, de nos discussions et de tes pensées farfelues. D’ailleurs il faudra que tu m’expliques pourquoi, quand je suis arrivé tout à l’heure, tu répétais en boucle « Clytia ! Clytia ! » C’était flippant.
J’avais alors éclaté de rire.
Je ne m’étais pas rendue compte que je parlais à voix haute.
Mon coeur se sentait plus léger mais je n’étais tout de même pas loin de la tachycardie entre la proximité de Gabriel et ses révélations.
Son regard était posé sur ma bouche et les paroles de Rose me revenaient en tête.
Il avait envie de m’embrasser.
Putain, j’en crevais d’envie aussi.
Sa main, toujours sur ma joue, avait glissé sur ma nuque et me rapprochait dangereusement de ses lèvres.
- Camille, je n’arrive plus à me retenir. Je vais devoir t’embrasser sinon je vais péter un câble, avait-il annoncé de cette voix rauque et profonde, faisant s’envoler une colonie de papillons dans mon ventre.
Merde, je n’en pouvais plus d’attendre moi non plus.
Poussée par l’adrénaline, l’ascenseur émotionnel, ou tout simplement par mon coeur, ma main s’était accrochée à son sweat à capuche et mes lèvres, lassées de l’attendre, étaient enfin venues s’écraser contre les siennes.
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BlueMoon72
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Aime Kha
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Mayana Mayana
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Gwenaële Le Moignic
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