Fyctia

- Ici personne ne risque de nous déranger. J’ai souvent besoin de m’isoler alors j’ai fureté et j’ai trouvé ce petit coin assez paisible.

- Pourquoi ça ne me rassure pas ?

- Tu crois quoi ? Que je vais t’agresser ?

- Tu vas m’agresser ?

- Non. Arrête un peu de te faire des films.

- Facile à dire, avec toi je fais avec ce que j’ai, à savoir : rien ! Tu te rends compte que tu es à la limite du flippant au moins ?

- Et toi ? Avait-il répondu en haussant légèrement le ton et en plantant ses yeux sombres dans les miens, me paralysant sans s'en rendre compte. Tu te rends compte à quel point tu es agaçante ?

- Si je t’agace autant, pourquoi tu m’as amené dans « ce petit coin assez paisible » ?

- Je voulais m’excuser.

- Ah oui ? M’étais-je étonnée. Je suis toute ouïe. Gabriel qui s’excuse, je peux filmer ?

- Qu’est-ce que je disais… Si agaçante. Non, tu ne peux pas filmer et, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je n’aime pas particulièrement que les autres se mêlent de ce qui ne les regarde pas.

- Si tu voulais que les autres ne s’intéressent pas à toi il ne fallait pas adopter un comportement aussi étrange et créer une telle aura de mystère autour de toi.

- Parce que ça va être de ma faute ?

- Toi qui est si observateur, Gabriel, je suis étonnée que tu n’aies pas pigé le fonctionnement social de l’être humain. Soit tu es dans les cases, tu agis comme tout le monde et le monde ne fait pas attention à toi, soit tu es dans la marge et là ! Là !! On te remarque, tu sors des rangs, tu attises la curiosité. Si tu voulais passer inaperçu tu t’y es carrément mal pris si tu veux mon avis.

- Tu as étudié la question on dirait.

- Je déteste être le centre de l’attention. J’ai remarqué que plus je suivais le troupeau, plus je faisais comme tout le monde, mieux je passais inaperçue. Ça fonctionne très bien pour moi.

- Faux.

- Faux ?

- Tu es loin d’être passée inaperçue pour moi.

- Je… euh...

Gabriel s’était tourné vers moi à cet instant et je devais faire un effort considérable pour entendre sa voix grave par dessus les battements frénétiques de mon coeur. Chacun de ses mouvements m’impactaient beaucoup trop. J’avais horreur de cette perte de contrôle, mais paradoxalement, j'adorais cette sensation et commençais à y devenir accro.

- Dès le premier jour, je t’ai vue, avait-il dit en insistant sur le dernier mot. Tu possèdes un sourire qui illumine l’endroit où tu te trouves. Il est communicatif, je n’avais jamais vu ça. Je n’avais aucune envie de sourire et, sans le moindre effort, sans même le vouloir, tu as presque réussi à m’y forcer. Je t’ai d'abord détesté pour ça. Ensuite je t’ai beaucoup écouté, beaucoup observé Camille. Tu es bavarde, tu as un avis sur tout. Tu es intelligente et sensible aux autres. Tu fais toujours passer les autres avant toi.

- Tu exa…

- Laisse-moi terminer s’il te plait. Aujourd’hui, pour la première fois depuis le début des vacances, tu étais seule. Les autres se baignaient et tu semblais tellement amusée de les voir, tu avais ce sourire et personne autour de toi… J’ai vrillé.

- Tu es en train de me dire que tu m’as mise à l’eau parce que je… Souriais ? Avais-je réagi, pas certaine de bien comprendre ce qu’il voulait me dire.

- Je suis en train de te dire que j’ai vrillé parce que ton sourire me rend dingue et que je le veux juste pour moi, s’était-il presqu’énervé en se remettant debout.

Mon petit coeur battait si fort, j’avais l’impression que, d’un instant à l’autre, il allait imploser.

- Donc je te présente mes excuses Camille. Je suis désolé d’agir étrangement depuis le début, d’être le plus grand connard que la terre ait porté. Je suis désolé de vouloir ton sourire mais d’avoir à la fois peur de l’obtenir et peur d'en être privé. Mais je ne suis pas désolé de t’avoir balancé à l’eau. Ça m’a fait beaucoup de bien, avait-il terminé, fier de lui, me laissant statufiée.