Fyctia

— Vous vous foutez de moi ??

Aucune réponse à l’autre bout du fil.

— Je vois. Merci quand même bonne journée.

Puis je raccrochai.

Comment était-ce possible ? Tous les magasins de la ville, et tous les vendeurs indépendants aux alentours étaient en rupture de stock de citrouilles pour Halloween.

Nous étions le 26 Octobre et je n’avais encore rien préparé. Comme tous les ans.

— Maman ?

— Oui Milo ?

— On va avoir une citrouille cette année ?

Je réfléchis un moment pour savoir ce que j’allais lui répondre. Je mis certainement un peu trop de temps à son goût car il m’appela une seconde fois :

— Maamaan ??

— Oui oui. On va en avoir une ne t’en fait pas.

Allait-il voir la différence ? Non.

Était-ce mon dernier plan de secours ? Oui.

Je n’avais pas le choix.

Je pris mon téléphone, allai dans mes contacts, eu un instant d’hésitation, et appuyai finalement sur la touche du téléphone.

Je plaçai mon téléphone à l’oreille, avec une boule au ventre en compagnie.

La sonnerie sembla durer une éternité jusqu’à ce qu’il décroche enfin !

— Allô ?

— Salut frangin.

— Nathy ! C’est pas vrai ! Ça fait un bail comment vas-tu ? Et comment va le petit ?

— Il va bien et je vais bien. Merci de t’en inquiéter.

Je sens au bout du fil qu’il a perdu une partie de son sourire.

— Que me vaut l’honneur de cet appel ?

— J’ai besoin de toi. J’ai promis à Milo de lui acheter une citrouille cette année pour Halloween. Seulement tous les magasins sont en rupture de stock.

— Tu as essayé les vendeurs…

— Oui et c’est pareil.

— Comment ça se fait ?

— Je te rappel que j’habite Salem. Les gens se précipitent ici pour fêter Halloween.

— C’est vrai. Mais qu’est-ce que tu veux que je fasses ? Je suis pas producteur de citrouilles moi.

— Oui. Mais tu as des potirons ! Dis-je avec le sourire.

— Ce n’est pas la même chose. Réprimanda-t-il.

— Si ! Milo ne verra même pas la différence. Tout comme moi. S’il te plait ? Fais ça pour lui.

— Et tu veux quoi ? Que je t’en envoie une par la poste ? Dit-il accompagné d’un rire moqueur.

Je réfléchis un instant. Milo allait-il accepter ? Avait-il réellement le choix ?

— Héberges nous chez toi le temps d’Halloween. Juste le temps de deux ou trois jours pas plus.

— Nathy…

— S’il te plaît Sam… On a besoin de quelques jours hors de cette ville.

— « On » Tu es sure que ce n’est pas plutôt toi ?

— Peut-être bien…

— Bon c’est d’accord. Je veux bien vous accueillir à la maison quelques jours. Par contre je te préviens qu’il y a quelqu’un d’autre ici.

— Qui ça ?

— Quelqu’un qui m’aide dans les champs. Isaac. Isaac Logan.

Je déglutie un grand coup.

— Il a changé Nathy. Ce n’est plus le même qu’au lycée. Fais moi confiance.

— D’accord. Merci Sam. On partira demain avec Milo, je t’enverrai des messages pour te tenir au courant.

— Okay pas de souci. A demain cereza.

Puis il raccrocha.

Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je l’entendis prononcer le surnom qu’il nous avait donné quand on était plus jeune. Cereza. Soit « cerise » en Français. Pourquoi me demanderiez-vous ? Car Sam et moi sommes jumeaux. Alors il nous comparait à une paire de cerises quand on était petit.

Mes parents avaient un immense cerisier dans leur ferme, qui était maintenant la ferme de mon frère. J’adorai cet arbre. Malheureusement il fut abattu car il ne donnait plus de fruits. C’est la vie.

Je repris mes esprits, qui me replongaient directement dans un passé que je voulais oublier, et partis vers Milo, qui était installé dans le canapé en train de dessiner tout en regardant la télévision. Au programme aujourd’hui : Scooby-Doo.

— Chouchou ?

Il redressa la tête dans ma direction.

— On va partir en vacances quelques jours. Comme ça on verra comment est fêté Halloween ailleurs qu’ici. Tu es d’accord ?

— Oui. Je vais quand même avoir ma citrouille ?

— Bien sur mon chéri ! Tu vas l’avoir. Dis-je tout en le prenant dans mes bras.

— Tu m’étouffes manman… Dit Milo contre mon pull.

— Désolée. Répondis-je tout en le relâchant et en lui souriant.

Il me regarda un moment et me demanda :

— Du coup on va dormir chez qui ?

— Tu te souviens de tonton Sam ?

Il balança sa tête de façon à dire « bof bof », et je lui dis :

— On va aller chez lui. Il a une grande ferme à côté d’une petite ville tranquille. Tu verras ça va être bien. Dis-je en lui souriant.

— On part quand ?

— J’avais pensé, demain ?

— Okaaay !! Je vais préparer ma valise !!

Et il abandonna toutes ses affaires pour monter dans sa chambre faire sa petite valise.