Fyctia
33. Cible verrouillée / Eden
John se met en warning en double file et m'informe que nous sommes à l'adresse indiquée sur les Grands Boulevards. Je m’extirpe de la voiture et m'apprête à appeler Max quand du coin de l’œil, une silhouette sortant du restaurant agite le creux de mon ventre.
Les mains dans les poches de sa veste militaire branchée, Roxy observe les alentours à ma recherche sans s’apercevoir que le monde s'est figé autour d'elle depuis qu’elle a franchi la porte. Aussi captivé que moi par la bombe aux allures rock qui foule le même trottoir qu’eux.
Je me sens con tout à coup. J’étais tellement inquiet qu’elle se défile à la dernière minute que je ne me suis pas préparé une seconde à l’effet qu’elle m'infligerait en tenue de soirée. J’inspire à fond pour contrôler ma tension.
Lorsqu'elle me repère, ses jambes interminables, sublimées par une mini-jupe en cuir noir, se meuvent vers moi dans une démarche féline. Perchée sur des talons hauts, chacun de ses pas qui claque sur le bitume résonne contre mes côtes. Et quand elle s'arrête à quelques centimètres, mon cœur s'affole davantage devant ses traits magnifiés.
— Salut, elle souffle entre ses lèvres rouge coquelicot.
C’est pour me tuer ?
Je m’efforce de ne pas fondre dans son cou quand elle me fait la bise. Sa crinière bouclée aux airs de lionne indomptable me chatouille, son parfum fruité m’enivre, et lorsqu’elle recule, ses yeux charbonneux qui pétillent malgré l’obscurité m’achèvent. Elle est carrément renversante.
Hypnotisé, je la dévisage un instant en mordillant ma lèvre inférieure.
— Tu es sublime, Roxy.
Elle incline le visage en esquissant un léger sourire alors que ses pommettes rosissent.
— Merci, elle marmonne. T’es pas mal non plus.
Un rire nerveux m’échappe et sans m’attarder je lui prends la main pour la guider jusqu’à la voiture, un frisson me traverse. Je lui ouvre la portière et elle se glisse à l’arrière en saluant John qui lui répond par un signe de tête, bien plus avenant qu’à son habitude.
Eh bien ! Si même John flanche…
— Alors ce dîner ? elle s’enquiert.
— Bien. Sincèrement. Pour la première fois depuis le début du tournage, je ne me suis pas senti comme un ovni. Ça me… soulage.
Grâce à Tobias, ils ont enfin compris qu’on pouvait déconner avec moi sans pincettes. C’était grisant. J’ai vraiment passé un bon moment. OK. Je n’avais qu’une hâte : rejoindre Roxy.
— Je suis contente pour toi, elle m’envoie un clin d’œil. Tu vois, tu n'avais pas besoin de moi finalement.
— Besoin, envie… Mon français a dû fourcher, je souris. Tu regrettes d'être là ?
— Pas encore, elle ricane.
Le trajet fut rapide et c’est dans une atmosphère décontractée que nous retrouvons l’équipe au bar du Laser Game. Des salutations résonnent dans un joyeux brouhaha quand je présente Max à l’assemblée. Seule l’expression de Cécile se fane et je prie pour que Max ne remarque pas son regard de tueuse braqué sur elle.
Je devrais peut-être essayer la franchise, mais quelque chose me dit que ma coéquipière se vexerait. Et j’ai tout sauf envie d’instaurer une sale ambiance sur le tournage, c’est un enfer pour tout le monde quand deux acteurs ne se supportent pas.
Nous rejoignons l’équipe que j’ai composée pendant le repas. Tobias, Ally, une des maquilleuses, et Arnaud, un cadreur. Et le temps que Max fasse connaissance avec les collègues que j'apprécie le plus, le réceptionniste vient déjà nous chercher pour commencer le match.
***
Ce jeu n'est qu'une série de squat, d'adresse et de surprises, la partie a commencé depuis un moment maintenant. Je suis en nage. Je me cale dans un recoin pour reprendre mon souffle, et souris en percevant le rire contagieux de Max. Ma petite geek est tout à fait dans son élément ici, je suis trop content qu’elle s’éclate et qu’elle rencontre mon monde de cette façon.
Je m’apprête à repartir à l’assaut lorsqu’elle passe près de moi. L’occasion est trop belle, je m’approche dans son dos à pas de loup. Je glisse une main autour de sa taille et l'autre sur sa bouche pour l'empêcher de crier. Elle se raidit une seconde avant de se détendre contre moi. Une fois ramenée dans ma planque, je la relâche en douceur.
— Tu n'as pas eu peur, je lui murmure.
Elle secoue la tête en se retournant avec son sourire mutin.
— Je t’ai reconnu, avoue-t-elle en se tapotant le nez.
Mes lèvres s’étirent. J’amorce un pas lent vers elle, lui laissant tout le loisir de s’évader. Puis d’une main sur ses reins, je la presse contre moi, le souffle haletant. Je maudis ces gilets trop épais qui me privent de son contact. Surtout que je sais ce qu’il y a dessous. Une œuvre d’art. J’ai compris que ma résistance ne tiendrait pas longtemps en découvrant son décolleté plongeant dans les vestiaires. Mais si j’en crois ses caresses qui s’égarent sous mon équipement, elle semble fatiguée de lutter aussi.
Hourra !
J’écarte une de ses boucles blondes et empaume sa joue pour coller nos fronts l’un contre l’autre. Dans un duel de regard incandescent, ma tension atteint des sommets et je craque en fondant sur sa bouche. Comme j’en rêve depuis qu'elle m'a fait sa foutue bise tout à l'heure. Ou depuis qu'elle a quitté mon lit, si je veux être honnête. Un soupir langoureux lui échappe en écho et mon trac s’envole.
Toujours aussi bon…ce n’était donc pas un mirage…
Elle mordille ma lèvre inférieure en agrippant le bas de mon t-shirt, puis invite sa langue pour danser avec la mienne. Des frissons incontrôlables s’emparent de mon corps. Je profite de toutes ses courbes et de sa chaleur qui irradie sous mes doigts. Ça m’a tellement manqué… encore plus que ce que je pensais et la sentir aussi insatiable que moi me soulage autant que ça m’excite, j’ai envie de fusionner avec elle. Là, tout de suite.
Je la soulève dans mes bras, l’enroule autour de ma taille en la plaquant contre le mur. Nos plaintes discrètes se répondent tandis que nos sexes ondulent l’un contre l’autre dans un ballet torride. Je veux qu’elle ressente à quel point j’ai trouvé cette privation d’elle insupportable. J’ai envie d’arracher ses fringues, de m’enfoncer en elle, de l’entendre gémir. Sans retenue. Je n’ai jamais éprouvé une urgence pareille, c’est encore pire que la première fois. Mais alors que je suis sur le mon point de m’embraser quand ses doigts se faufilent sous mon jean… le dong de fin de partie retentit et les lumières s'allument.
Je retiens un hurlement de frustration en laissant tomber ma tête sur son épaule. J’en veux plus. C’était beaucoup trop court.
Je repose ma princesse au sol avec délicatesse. Sans nous décoller l'un de l'autre. Nos yeux s’ouvrent lentement chargés d’ivresse.
— Ça m'avait manqué, je souffle.
Avec un sourire timide, elle recule d’un pas.
— Merde ! pouffe-t-elle. Tu as du rouge à lèvres partout ! Désolée !
— Toi aussi, je hausse les épaules en riant.
— On repassera pour la discrétion !
Je me retiens de lui dire que je me fiche totalement qu'on nous voie ensemble. Je sais que ce n'est pas son cas.
Pas encore du moins.
27 commentaires
EvaBerry
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Il y a 3 mois
M.G. Margerie
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Il y a 3 mois
birdyli
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Il y a 3 mois
Emma Chapon
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Il y a 3 mois
Cara Loventi
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Il y a 3 mois
Justine_De_Beaussier
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Il y a 3 mois
Juliette Delh
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Il y a 3 mois
Cara Loventi
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Il y a 3 mois
Juliette Delh
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Il y a 3 mois
Louisa Manel
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Il y a 3 mois