Fyctia
24. Tout un plat / Maxine
Le trajet a été rapide jusqu’au Four Seasons. Au Four Seasons !
OK, je ne devrais pas être choquée mais quand on est tous les deux, j’oublie son statut ! Surtout quand il débarque comme un chevalier pour me sauver en essuyant mes larmes, ma peine et ma solitude d’un revers de caresse. Ce gars doit subir des pressions inavouables et pourtant, il ne m’a pas fait sentir un instant que ma détresse était ridicule.
Il m’a rafistolée sans difficulté. Avec une oreille attentive, des mots apaisants et un câlin réparateur. Exactement comme Billie l’aurait fait.
Oui, voilà, comme un ami. Je ne dois pas m’inquiéter d’avoir trouvé ça trop bon.
Ce soir, il veut simplement me rendre service de la même manière que je l’ai fait pour lui cet après-midi. Il n’allait pas me laisser sur ce toit de toute façon.
Voilà, pas de quoi en faire tout un plat.
On s’est bien camouflés avant de sortir de la voiture et de pénétrer dans l’hôtel, et on a tracé jusqu’aux ascenseurs. Je n’ai pas eu l’occasion d’observer la luxueuse bâtisse, tête baissée, j’ai fixé mes baskets jusqu’à la suite. Et heureusement vu le reflet que me renvoie le miroir. J’ai une mine affreuse, des yeux gonflés et du mascara partout sur les joues. Sans compter ma jupe plissée et mes chaussettes montantes, je ressemble à une écolière qui viendrait de se prendre la ronflée du siècle.
Il m’a fait visiter sa (très très chic et très très grande) suite brièvement dès notre arrivée, en s’attardant sur la deuxième chambre. Celle qu’il m’a presque ordonné de squatter cette nuit, parce que je cite « Max, il est tard, t’es crevée et cette chambre est vide. T’épuise pas plus à chercher un plan B, OK ? ». N’ayant pas une once de contre-arguments, j’ai cédé assez vite.
Ensuite, il m’a dit « Bouge pas, je reviens. », docile, je n’ai pas bougé, trop occuper à me demander, comment après une journée aussi merdique, je pouvais me trouver ici, avec un demi-dieu au petit soin pour ma personne. Il est revenu trente secondes plus tard, deux chargeurs dans une main, une tenue chaude et confortable dans l’autre. Je me suis fait la réflexion que « demi » n’était peut-être pas nécessaire dans l’appellation. Pour finir, il a ajouté qu’il allait commander le dîner et m’a proposé de prendre une douche pour me réchauffer avant de s’éclipser.
Je suis restée plantée-là une minute de plus avant de faire exactement ce qu’il m’a suggéré.
Ce mec est définitivement un sain, on jarte « demi » de l’équation.
Le salon est désert quand je sors de ma séance de hammam. Ouais, j’ai tellement forcé sur l’eau chaude que j’ai remis ma jupe, je n’ai cependant pas résisté à m’emmitoufler dans son gros sweat qui sent le propre et… OK, #jesuisfaible, il sent lui.
Les tons de la pièce sont neutres, mêlant des nuances de beige et de taupe sur les rideaux, tapis et coussins apportant un effet cosy à l’endroit. Les moulures typiques du style haussmannien, habillent le plafond et certains murs, rappelant ainsi dans quelle ville nous sommes. Deux grands canapés qui semblent très moelleux entourent le salon. Des fleurs, des statuettes et autres livres posés çà et là affinent la décoration en laissant penser que nous sommes dans une maison chaleureuse et habitée. Et ça fonctionne. Car même si je suis à peu près certaine que ce n’est pas la déco qu’il aurait choisie lui-même, je n’ai pas la sensation de me trouver dans un hôtel.
Je m’installe sur le canapé pour parfaire la sécurisation du site qui a été interrompu tout à l’heure. Je n’en ai aucune envie, mais plus vite je m’y mets, plus vite je pourrais me détendre.
Du bruit attire mon regard vers la chambre d’Eden. Par la porte entrouverte, je l’aperçois, une serviette nouée sur ses hanches. Je déglutis en serrant les cuisses. Sa peau, encore humide, dessine ses muscles d’une façon si sensuelle… je me croirais dans un film. Cet Apollon est un appel à la luxure. Je secoue la tête et détourne les yeux pour éviter de me liquéfier sur place.
Amis, hein ?
Ouais. Amis.
J’essaie de me focaliser à nouveau sur mon travail, mais il débarque, armé de son sourire option fossettes, une poignée de minute plus tard. Il ne me facilite pas la tâche…
— Tu as tout ce qu’il te faut ?
J’acquiesce en le remerciant.
— Tu es sûre ? Tu veux boire quelque chose ?
Je relève le menton. Bon, s’il insiste. Je mérite bien un petit remontant après une journée pareille ?
— Un… gin-tonic ? Un petit, je précise avec mon index dressé. Je dois retenir la leçon d’hier.
— Va pour un petit gin-tonic alors, il rit. Au fait, merci pour ce midi, ton plan était parfait. Ces cons ne m’ont même pas regardé.
Mes yeux s’illuminent.
— Vraiment ?
Il hoche la tête.
— Roxy La Rusée en doutait ? il s’esclaffe.
— Pas du tout ! je m’offusque (OK, je mens comme une arracheuse de dents). En même temps, ce n’est pas trop dur d’être plus maline que ta collègue…
— Si tu avais vu Blake lui passer un savon… Je n’aurais pas aimé être à sa place. Mais la localisation c’est la base !
— Hum, je n’imagine pas vivre de cette façon, le moindre faux pas, qu’il soit petit ou gros, voire déformé et… je ne sais pas comment tu fais pour supporter ça à longueur de temps.
— On n’a pas vraiment le choix, il hausse une épaule, ça va avec ce métier. Alors, on fait avec. Certains aiment ça plus que d’autres.
Il me donne mon gin et s’assoit à mon côté avec le sien.
— Je me doute, j’espère que ça vaut le coup. Ma devise c'est plutôt : vivons heureux, vivons cachés.
— J’avais deviné, dit-il dans un sourire qui ne monte pas jusqu’à ses yeux. Et tu as raison, dans un monde idéal, mon métier et ma célébrité n’empièteraient pas sur ma vie personnelle. Mais c’est tout l’inverse et résultat, j’ai peu de proches, c’est dur de faire confiance. Je ne suis jamais sûr que les gens sont avec moi pour les bonnes raisons.
— Vraiment ? Qu’est-ce que je fais là, alors ? je ricane.
Il avale de travers et je crois qu’il va s’étouffer. Je lui tapote le dos pour l’aider. Il reprend une gorgée pour faire passer la première en jetant un œil à mon écran.
— Tu travailles sur quoi ? il demande.
On change de sujet apparemment.
— Un logiciel de gestion et facturation.
— Vraiment ? il m’étonne. Tu peux faire ça d’ici ?
— Mouais, c’est plus facile et productif quand je suis chez moi avec mes trois écrans.
Elle soupire. Je hausse un sourcil.
— S’il n’y a que ça, je peux t’en dénicher rapidement !
Je manque de pouffer de rire et secoue la tête.
— Quoi ? il ricane. Heureusement qu’il y a quand même quelques avantages à être célèbre !
— Ça ira, Majesty ! J’en ai plus pour longtemps !
Le surnom le fait bouder et j’éclate de rire en lui lançant un clin d’œil. C’est presque trop facile de le taquiner.
— D’accord, je te laisse travailler tranquille, lâche-t-il, un sourire en coin.
Il fouille dans un tiroir et un bip que je reconnaîtrais entre mille résonne dans le salon. Playstation. Call Of Duty. OK, que de distraction ici ! J’ai encore moins envie de bosser maintenant !
36 commentaires
Juliette Delh
-
Il y a 3 mois
IvyC
-
Il y a 4 mois
Cara Loventi
-
Il y a 4 mois
lili41
-
Il y a 4 mois
Cara Loventi
-
Il y a 4 mois
lili41
-
Il y a 4 mois
Cara Loventi
-
Il y a 4 mois
Emma Chapon
-
Il y a 4 mois
Renée Vignal
-
Il y a 4 mois