Cara Loventi Pop-Corn ! Avec, ou sans paillettes ? 21. Maxine

21. Maxine

Eden plisse les paupières pour vérifier au loin, et soupire en se frottant le crâne. La seule petite entrée donne sur une cour intérieure desservant les trois bâtiments collés en U. Un vrai piège à rats. Eden m’apprend que le tournage ne s'arrêtera pas pour ça, et qu’il n’aura pas le choix que de se taper un bain de foule. Il fait signe à ses bodyguards pour qu’ils nous rejoignent et d’une oreille discrète, je comprends qu’ils se préparent à faire face.


Mon pouls s’emballe, je commence à paniquer, me dandidant d’une jambe sur l’autre. Eden remarque mon corps agité et s’approche.


— Tu devrais y aller Roxy. On va gérer, dit-il avec douceur. Merci pour ce midi. C'était vraiment sympa de prendre l'air avec toi.


Il pose une main apaisante sur mon épaule comme pour me dire « je comprends ». Je finis par lever le menton, un sourire de gêne coincé sur mes lèvres.


— OK, bon courage alors…


Je tourne les talons et me dirige vers le bureau avec un grand sentiment de lâcheté. Le pauvre était aussi dépité que moi en découvrant la foule. Oui, Eden est charmant, attirant et tout un tas d’adjectifs aussi flatteurs, mais derrière toute cette image de star, ce mec est un humain. Vrai, sympa et agréable. Je n’ai ressenti à aucun moment ces deux dernières heures qu’il est adulé par des millions de fans, qu’il est pété de thunes ou qu’il se sent supérieur. Le gars s’est intéressé à ma vie, certes très convenable, mais de toute évidence pas exceptionnelle quant à ses habitudes. Il doit expérimenter et voir des trucs hors normes à longueur de temps. Et pourtant, il avait l’air réellement passionné par ce que je racontais. Comme si tous ces trucs « ordinaires » lui mettaient du baume au cœur.


Et moi, je l’ai abandonné à son sort comme une égoïste. Mes méninges tournent à plein régime à la recherche d’une solution pour tenter de lui éviter ce calvaire. Je me doute que s’ils le repèrent maintenant, ils ne le lâcheront plus. C’est ce que je redoutais le plus avant ce déjeuner. Voilà pourquoi j’ai insisté lourdement pour qu’il se camoufle tel un pestiféré. Avec tous les camions du staff qui sont plantés devant l'immeuble depuis des jours et qui ne passent pas inaperçus, c'était inéluctable.


Une question subsiste : De quoi ces paparazzis sont-ils vraiment au courant ? Espèrent-ils tomber sur Eden ou sur quelqu'un d'autre ? La semaine dernière, j'ai croisé Cécile Annie dans les escaliers, une actrice française, c'est peut-être elle qu'ils attendent après tout. Elle aussi a un fan club et…


Ding ding ding !


Un son de clochette me sort de mes pensées, suivi d’un « Attention ! ». Je m'arrête net et un livreur me frôle avec son vélo ! Connard de chauffard ! Je m’apprête à lui souffler un tas de jurons à voix haute, mais soudain c'est un autre ding ding que cette fois, j'entends dans ma tête. J’ai une idée.


Merde. Je n'ai aucun moyen de le contacter.


Je me retourne et analyse la distance parcourue depuis que j'ai quitté Eden. Perdue dans mes pensées, je n'ai pas avancé très vite visiblement. Tant mieux, j'ai peut-être une chance de le retrouver au même endroit. Je survole les centaines de mètres en mode « marche rapide » à la Hal .


Quel style ! Quelle grâce !


Sérieux, il n'y a que le père de Malcom pour trouver beau ce déhanché option balais dans le fessier ! Heureusement, je n'ai pas fait ça pour rien, après quelques minutes, j'aperçois Eden et ses bodyguards, toujours en réflexion, semble-t-il.


— Hé Eden ! J'ai une idée ! je l’interpelle à bout de souffle.


Je transpire le gin de la veille par tous les pores !


Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire !


Eden pivote lentement vers moi, incertain d'être celui à qui je m'adresse. Il me regarde et fronce les sourcils dès qu'il me reconnaît.


Ai-je bien fait de revenir ?


— Qu'est-ce que tu fais ici ?! s’étonne-t-il.

— Oh ? Eh bien, je me sentais un peu mal de t'avoir planté là. Je marchais, je marchais et d'un coup je me suis dit : mais que sait-on au juste ? Rien ! Peut-être que ce n'est pas Eden qu'ils attendent, peut-être que c'est Cécile Annie et…


Je débite ce flot de paroles en agitant les mains tel un géant gonflable piégé dans sa soufflerie poussée à pleine balle. Je ralentis ma tirade quand je m’aperçois que j'ai l'air un brin ridicule. Je ne vois que les yeux d’Eden avec tout son attirail, mais je parierai qu'il se retient de rire. À quel moment a-t-on inversé les rôles ?


Nul nul nul !


— Et je me suis dit que je pourrais partir en éclaireur pour t'en apprendre plus, mais je ne suis pas télékinésiste…

— C’est gentil de ta part Max, mais j’ai eu mon réal au téléphone. Effectivement, c'est Cécile qu'ils attendent. Elle a oublié de retirer la géolocalisation en publiant une photo sur Instagram, s’agace-t-il.

— Ah ? OK.


Il s'assoit sur un banc et pose les coudes sur ses genoux, la tête entre ses mains. Il n'a plus envie de rire on dirait. Il relève les yeux vers moi et reprend.


— Mais ça ne change pas vraiment le problème, si j'y vais… Une fois qu'ils m'auront vu, on ne sera plus tranquille.

— Mais… ils attendent une femme ?

— Ils vont être à l’affût maintenant, ça m’étonnerait que ça suffise, dit-il en désignant son masque sanitaire et sa casquette.

— Mais tu travailles dans le cinéma, ton réal ne peut pas te dégoter un déguisement digne de ce nom ?


Il me toise avec intérêt et croise les bras.


— Hum… alors c’est ça ton idée en réalité ? s’amuse-t-il.


Mes yeux s’arrondissent.


— Quoi ?! je rougis. Elle est nulle ?

— Non ! il ricane. Enfin ça dépend, à quoi tu penses ?

— Livreur Uber Eat ! Il te faut la totale ! Vélo, sac floqué, tee-shirt, casque, masque et une sonnette. Indispensable la sonnette.

— Indispensable ?! il pouffe.

— Oui quand tu seras proche de la cible, tu fonces et tu sonnes ding ding ding, « Chaud devant ! » pour qu'ils s'écartent ! je mime. Ils font tous ça ! De vrais chauffards.


Ses épaules tressautent sous son rire, balayant sa tête de gauche à droite, il m'observe.


— On t'a déjà dit que tu étais un phénomène, Roxy ?

— Pourquoi ?!

— Rien, laisse tomber, il se relève. Bon, j'appelle Blake pour qu'il me trouve ça.

— Sérieux ?


Je tape dans mes mains, tout excitée d’avoir une solution pour le sortir du pétrin.


— C'est la meilleure idée qu'on ait. Ça ne pourra pas être pire de toute façon. Je vais quand même envoyer John pour qu'il déblaie un peu l'accès à mon arrivée. Je ne suis pas convaincu par le « chaud devant », il se marre en sortant son smartphone.


— Rhooo… t’es pas joueur, je raille en m’éloignant à reculons.


Eden est déjà au téléphone quand je mets à courir en jetant par-dessus mon épaule :


— Bonne chance !


Je n'arrive pas à interpréter le signe de main qu'il m'adresse, alors je lui réponds par un "coucou" avant d'allonger ma foulée. Je suis à la bourre !

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14 commentaires

Juliette Delh

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Il y a 3 mois

Meilleure idée du siècle xD Max a décidément une imagination débordante, j'adore ! (Rien à redire, ça se lit tellement tout seul, c'est trop bien !)

laurence.auderlin

-

Il y a 4 mois

Elle est trop forte ! 😋
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