Fyctia

Je suis soulagé quand je monte dans la voiture pour rentrer à mon hôtel. Je pensais que ce début de journée ne pouvait pas être pire après l’épisode Max. Encore une fois, j’avais tort.

Quand on m’a livré un pli entre deux prises, tamponné « urgent » à mon attention, j’ai paniqué. Toutes sortes de théories ont mouliné ma cervelle, je priais le ciel pour que ce ne soit pas une lettre de démission de Bradley qui aurait eu vent de ma nouvelle carrière de harceleur. J’ai hésité à l’ouvrir sur le coup, mais comment jouer correctement avec autant de questions en tête ?

Spoiler alert : j’aurais dû m’abstenir ou au moins m’écarter de la scène. Quand j’ai ouvert cette putain d’enveloppe, des milliers de confettis scintillants m’ont pétés à la tronche en salopant tout le décor. Un petit mot pour m’achever : « pour Son Altesse qui semble manquer de paillettes ».

Si je pensais avoir l’occasion de prouver à mes collègues que je ne suis pas une diva, c’est raté. Parfait. Vraiment parfait.

Deux heures. Deux heures ! C’est le temps qu’il leur a fallu pour tout nettoyer ! Autant vous dire que je ne me suis fait aucun ami et que ça ne risque pas de s’arranger à moins d’un miracle. Même Blake qui m’avait à la bonne m’a regardé de travers tout le reste de la journée. Super pour une première !

Putain.

Pourtant, je fais de mon mieux depuis des semaines. Je ne sors plus, je ne bois plus, je ne baise plus. Même face aux journalistes avec leurs questions débiles, je garde le sourire, poli, zen.

Bref, je commençais à croire que ce karma pourri était enfin sur la pente ascendante. Encore une fois, j’avais tort.

Je suis une Cocotte-Minute prête à exploser et je n’ai aucun moyen d’évacuer la pression. J’appelle mon frère, j’ai besoin de vider mon sac !

Il décroche à la première sonnerie. Je manque à quelqu’un au moins. Après quelques minutes à papoter de nos vies respectives, je me sens déjà un peu mieux. Mon frère est un soleil, il m’apaise toujours sans même essayer. La conversation dévie rapidement vers Maxine et son fameux colis piégé. Je m’efforce de raconter ça avec détachement, mais ça me reste en travers de la gorge. Noah, lui, se marre comme un diable.

— Arrête de te foutre de moi, je suis passé pour un crétin !

— Oui, il me semble que c’était le but ! il s’esclaffe.

— Toute l’équipe me déteste maintenant. C’était déjà chiant quand ils me prenaient pour Dieu, là c’est pire !

— Eh bien, elle, elle ne te prend pas pour Dieu en tout cas ! il rit de plus belle.

— Sans déconner ? je souffle.

— Eden ! Allez quoi ! Rigole un peu ! Ce que j’ai entendu, moi, c’est l’histoire de l'arroseur arrosé ! Tu as juste perdu l’habitude qu’on te tienne tête, starlette.

Je me renfrogne. Je déteste qu’il m’appelle comme ça. Et il le sait ce petit con.

— Ouais, ben j’avais toutes les raisons de m’inquiéter au départ, je me défends.

— Je pense surtout que tu es un peu parano. Elle n’a sûrement pas mesuré le bazar que provoqueraient de pauvres paillettes sur le tournage. Mais bon, si ça peut te soulager… rends-lui la monnaie de sa pièce.

Je fronce les sourcils, surpris.

— Quoi ? T’es sérieux ?

Il hausse une épaule avec nonchalance, me mettant au défi.

— Arrête de faire le prude, il raille. À l’internat, tu n’étais pas le dernier à faire ce genre de conneries. Tu étais carrément un champion dans ce domaine.

Je me remémore ces souvenirs un instant. Il a raison. J’étais plutôt doué pour le gentil bizutage. Je me marrais bien.

Une idée commence à germer. Miranda m’a conseillé d’éviter mon milieu habituel quelque temps. De renouer avec des activités « basiques », d’avoir plus de « normalité » dans ma vie. Je me suis d’abord dit qu’elle avait fumé la moquette pour penser que j’avais la possibilité de me promener et faire mes courses avec mon petit caddie, tranquille. Mais finalement, cette Max est peut-être une aubaine ? Elle ne fait pas partie de mon cercle et semble plutôt anti-paillettes. Et elle a déjà engagé les hostilités. Peut-être que c’est un signe, après tout.