Fyctia
4.2 Maxine
Une fan qui se serait planquée des HEURES dans des chiottes PUANTES juste pour avoir l’honneur de croiser Sa Majesté.
Et lui, il la regarde comme une gueuse ! Mais, pour qui il se prend ?
Certes, je ne comprends pas les groupies, mais les dédaigner... c’est cracher dans la soupe ! Ce genre d’attitude a le don de me faire vriller. Je sens le rouge me monter aux joues. Peu importe qu’il soit célèbre, riche et je ne sais quoi d’autre. Il vient juste de prouver en se soulageant allègrement il y a un instant que c’est un vulgaire mortel. Comme tout le monde ! Il pourrait au moins avoir la décence de communiquer, s’excuser ou partir. Ou me laisser partir ! Au lieu de mâchouiller son pop-corn à la con. Tranquille.
Ne te presse surtout pas, mec ! J’ai toute la journée.
Je serre les poings et respire à fond pour tenter de me contenir.
Trop tard.
— Oh ! Sorry Your Majesty ! je singe, armée d’une patate chaude dans la bouche.
Cette fois, c'est à son tour d'écarquiller les yeux, sa mâchoire se fige. Visiblement, il ne doit pas avoir l’habitude qu’on se moque de lui. Tant mieux, ça lui fera les pieds. Comme j'ai toute son attention, j’enchaîne :
— Avez-vous fini de pissoter, Votre Altesse ? Que le monde puisse continuer de tourner ?
Il n’a pas dû piper un mot de mon français, mais je m’en fiche. Son regard devient dur. Mon ton a dû être assez explicite pour qu’il capte que je ne suis pas une idolatrice.
Désolé mon pote, ce n’est pas mon genre.
Toujours dans le silence (à croire qu’il a perdu l’usage de la parole), il regarde son gorille avec un mouvement de tête vers la sortie.
Ni une ni deux, John Coffey m’attrape par le bras. Et telle une gamine capricieuse qu’on emmène au coin, il me largue dans le couloir. Et pour couronner le tout, il ajoute un « Get out ! », avec son index pointé vers la seule direction possible.
On est dans un cul-de-sac, connard !
Je m’apprête à répliquer, mais je découvre deux autres gardes du corps qui attendent là. Ils m’observent comme des molosses qui n'auraient pas bouffé depuis trois jours. Ça me coûte, mais je ne suis pas suicidaire. Je ravale ma pique et leur passe devant (le regard noir et les sourcils froncés, tout de même). Une fois à l’angle, je leur lance un double fuck avant de détaler comme si j’avais le diable aux fesses.
Bon, ce n’était pas l’intervention du siècle. Mais vu leur supériorité numérique… je n’avais pas mieux en stock. Ça a le mérite de me soulager un chouïa.
Quand j’entre à nouveau dans notre salle, le film a commencé. Génial ! Il fait encore plus sombre que tout à l’heure, je n’y vois rien. Je me fie aux petites LED le long des marches pour monter. Malgré tout, je peine à évaluer leur distance dans la pénombre. Si je me tape une gamelle, ce sera le pompon ! Résultat, je lève les genoux bien plus haut que nécessaire. On dirait que je m'échauffe avant une séance de fitness. J’imagine un coach surgir de nulle part et crier : « Dix minutes de talons-fesses maintenant ! Allez ! ». Sûrement un effet secondaire de l’adrénaline provoqué par cette altercation. Ou alors, j’ai une commotion. Je sens déjà la bosse pousser sur l’arrière de mon crâne.
J’atteins enfin notre rangée. Sans surprise, les gens râlent tandis que je me faxe jusqu'à mon siège. Je m’affale à côté de Sam, comme si je revenais d’un marathon.
— Ça va bichette ? T’en as mis du temps ! il me chuchote.
Le cinéma, définitivement, c’est pas mon truc.
Si je n’étais pas avec mon ami, je me serais tirée fissa. Je balaye ses questions de la main.
— Un karma de merde, voilà ce qu’il y a, je grommelle. Bref, je te raconterais tout à l’heure.
Je n’ai aucune envie qu’on me jette dehors une deuxième fois ce soir. J’espère au moins que le film est bon, car je vais devoir supporter la tronche de Son Altesse Royale pendant les deux prochaines heures.
Le générique de fin retentit, toute la salle applaudit. Sauf moi. Bon, OK, le film n'était pas si mal. Soudain, l’acclamation redouble, des cris stridents fusent de toute part. On se croirait à la SPA un jour de chattes en chaleur. Je tourne la tête vers la source de cette attention et m'enfonce au plus profond de mon siège.
Sur un balcon surplombant la salle se tient Sa Majesté. Il salue la foule telle la reine d'Angleterre. Le lieu qui ressemble plus à un théâtre d’époque qu’à un cinéma s’y prête. Je me fais toute petite en espérant qu’il ne me repère pas.
Pourquoi j’ai choisi un top aussi flashy ?!
Son Altesse prend la parole pour remercier les spectateurs.
Dans un parfait français.
Cet imposteur n’a même pas d’accent ! C’est encore pire que je le pensais. Il aurait pu m’expliquer ou s’excuser au lieu de me toiser comme un connard. Je m’enfuis, prétextant un besoin d’air et laisse mon ami jouer les groupies en solo.
Quinze minutes plus tard, Sam me rejoint dehors, tout sourire. On profite d’une légère baisse de température pour marcher et s’épargner un peu de métros. J’hésite un instant avant de lui raconter ma rencontre royale. Comme prévu, il prend un malin plaisir à me vanner.
— Mais qu’est-ce qu’il foutait dans les toilettes du public ? s’étonne-t-il.
— Bonne question ! Certainement un caprice de star !
— Dixit la nana qui se trouvait dans celles des mecs ! Pourquoi déjà ?! T’es sûre que t’es pas une vraie groupie en fait ?
— Zut alors ! m’exclamé-je d'un air faussement vexé. Tu m'as démasqué ! Je suis venue plus tôt pour boucher toutes les chiottes des loges, juste pour me retrouver seule avec lui !
Il esquisse un sourire en coin.
— Je suis jaloux ! T’as trop de chance, meuf !
— T’es maso toi ! C’était loin d’être plaisant.
— Il est tellement canon… continue de s’extasier Sam.
Sur ce point, je ne peux pas le contredire. C’est agaçant, parce qu’il n’est pas juste beau gosse. Pas d’iris bleu azur qui vous transpercent ou de cheveux dignes d’une pub pour shampoing. Non, c’est bien pire : il est bourré de charmes. Son regard noisette, orné de longs cils noirs, est aussi perçant qu’il est doux. S’il n’avait pas été si vexant, je lui aurais donné le bon Dieu sans confession. Ses lèvres charnues appellent à la luxure, sans parler de ses bouclettes brunes faussement négligées… on a envie de les agripper.
Quoi ? Je ne suis qu’une humaine dotée d’un entrejambe ! (Et en rade.).
Cet enfoiré a de quoi faire mouiller toutes les culottes de la Terre. Sans lever le petit doigt. Mais j’ai pris une balle perdue ce soir, et ma fierté en a pris un coup. Alors, plutôt crever que de l’admettre.
— Mouais, il est surtout très con, si tu veux mon avis ! Comme quoi ce cliché de star égocentrique, c’est pas une légende ! Dommage, j’aimais bien mater ses films.
— C’est ça ouais, il s’esclaffe. Si tu veux mon avis, tu les materas juste sous un autre angle, c’est tout !
Je pouffe de rire. Je suis grillée, il a raison. Il me connaît trop bien pour que je prétende le contraire. Mieux vaut en rire, après tout. Ça me fait une bonne anecdote à raconter, et lui, ce connard, je ne le reverrai jamais.
39 commentaires
Hello_Darling
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Il y a 3 mois
Juliette Delh
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Il y a 3 mois
birdyli
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Il y a 3 mois
Cara Loventi
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Il y a 3 mois
Emma Chapon
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Il y a 5 mois
Cara Loventi
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Il y a 5 mois
Emma Chapon
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Il y a 5 mois