Cara Loventi Pop-Corn ! Avec, ou sans paillettes ? 1.1 Une bonne nouvelle - Eden

1.1 Une bonne nouvelle - Eden

J’aspire la dernière goutte de ma bouteille d’eau. Bordel, j’ai soif comme si j’avais avalé un kilo de sel hier soir. Rien ne parvient à m’étancher. Sans compter la migraine qui me vrille le crâne depuis mon réveil. Le soleil californien m’éclate autant les yeux que si je ne portais pas de lunettes. En gros, je décuve. Mon temps de récupération a été interrompu par Bradley, mon agent. Ce tortionnaire m’a arraché au sommeil sans préambule à la première heure. J’ai accepté cet imprévu uniquement car c’est exceptionnel. Bon OK, surtout parce que je sens dans mes tripes qu’il va enfin m’annoncer la bonne nouvelle. Elles se raréfient et celle-ci s’est carrément fait désirer. J’espère que ça valait le coup d’attendre, que le vent a tourné, enfin.

Desséché, je fouille les moindres recoins de l’habitacle en quête d’un liquide quelconque, comme un junky en manque.

— On n'a plus rien à boire ? je m’enquiers.

Mon garde du corps, John, qui est aussi mon chauffeur, me jette un œil mauvais. Ses phalanges se resserrent sur le volant et les muscles de son énorme bras se tendent.

— À ton avis ? grogne-t-il.

J’arque un sourcil. Je ne sais pas ce qu’il a depuis ce matin, il est grincheux. Enfin, plus que d’habitude.

— Il faut qu’on se ravitaille alors, je suggère. Arrête-toi dès que tu peux, s’il te plaît.

— Tu es en retard.

Sa grosse voix résonne comme un avertissement. Je soupire en m’accoudant à la fenêtre.

— Allez ! Il est super tôt et je n’ai même pas eu le temps de boire un café !

— Il est presque midi.

Midi ? À quelle heure je me suis couché au juste ?

Mes yeux s’arrondissent tandis que j’inspecte ma montre.

— Et alors ? j’insiste de mauvaise foi.

— Et alors, on arrive dans deux minutes, tu survivras. Retiens la leçon. Peut-être que tu abuseras moins de l’alcool la prochaine fois.

Le ton réprobateur de John a raison de moi, je capitule. Je préfère garder des forces pour mon entretien avec Bradley. Aussi, il est vrai que les souvenirs de ma fin de soirée sont assez flous, voire inexistants, j’ai dû être chiant… ou ingérable ; d’où son humeur de merde. Bref, ça lui passera, mais je ne compte pas attiser le feu. Ni lui demander de me raconter les détails de ce qui m’a échappé cette nuit. Si ma mémoire est sélective, c’est rarement sans raison, je n’ai pas l’intention d’aller à l’encontre de son instinct. L'ignorance est préférable aux regrets. Ce qui est fait ne peut être défait de toute façon. Je l’ai appris à mes dépens, en long et en large au cours de cette année merdique.

John s’engage dans Santa Monica Boulevard, dernière ligne droite avant d’atteindre mon oasis. Le fond de ma gorge me gratte un peu plus à mesure de notre avancée, je scrute mes pieds qui s’agitent, comme si ça pouvait accélérer les choses. Le SUV pile à un feu rouge et quand je relève le menton, une brique me tombe sur l’estomac. Une montagne de paparazzis campe devant l’immeuble de mon agent. Je serre les poings.

— C’est quoi ce bordel ? j’éructe.

John souffle en secouant la tête.

— Tu t’attendais à quoi au juste ?

Je hausse les épaules. Cette rencontre n’était pas prévue, je n’imaginais donc pas affronter une horde de vorace ce matin. Enfin ce midi, peu importe, car ça ne peut signifier qu’une chose : une info a fuité. Le hic, c’est qu’elle est soit très bonne, soit très très mauvaise. Grâce à mon esprit toujours imbibé d’alcool, je parviens malgré tout à garder le verre à moitié plein (fait rarissime). Je respire à fond pour calmer mon palpitant qui s’agite et éviter la crise d’angoisse. Une pratique dans laquelle j’excelle désormais.

Après tout, Tom Holland a bien appris qu’il avait décroché le rôle de Spiderman dans les médias, non ?

Espérons que ce soit une tradition Marvel.

Oui, aujourd’hui ce sera une bonne nouvelle, rien d’autre.

Je glisse mon casque audio par-dessus ma casquette et lance le morceau phare d’Iron Man, Back in black d’AC/DC. Au moins, le message est clair, je n’ai ni l’envie d’écouter ces connards de pseudos journalistes ni de leur parler.

Une bouffée de chaleur accumulée par le bitume m’étouffe lorsque j’ouvre la portière. John me devance entre les barrières et les agents de sécurité déjà présents pour contenir ces vampires assoiffés de sang frais. Enfin, « frais » n’est pas le terme adéquat. D’une, je suis le sujet préféré de ces parasites tous les quatre matins depuis six mois, et de deux, le sol me paraît tellement instable que je tangue jusqu’à l’entrée de l’immeuble. Une fois dans l’ascenseur, j’expire un bon coup en pressant mes paupières avec la pulpe de mes doigts pour me remettre des flashs aveuglants qui ont ravivé mon mal de crâne. Troisième étage, le dong de la cabine retentit comme un sauveur et je me rue sur la fontaine d’eau qui trône dans le vestibule de l’accueil.

Derrière son comptoir immaculé, la secrétaire de Bradley me dévisage, la bouche entrouverte tandis que j’enchaîne trois verres sans m’arrêter.

J’expire de satisfaction et pose mes yeux sur elle.

— Bonjour Cassandra, désolée c’était une urgence.

Ses joues rosissent légèrement, elle se dandine sur sa chaise.

Bizarre.

On a à peu près le même âge, mais ça fait bien longtemps qu’elle n’est plus impressionnée de me voir. Pourquoi tout le monde se comporte de manière étrange aujourd’hui ?

— Bon… bonjour, M. Turner, pas de problème, elle se racle la gorge. Vous pouvez attendre Monsieur Cotton dans son bureau, il ne va pas tarder.

Je pivote comme une flèche vers John.

— En retard, hein ?

Ce dernier m'ignore en s’installant dans un fauteuil du petit salon. Parfois, je me demande qui est le patron.

Tout respire le luxe ici, du sol blanc poli comme du marbre au plafond incrusté de gorges lumineuses toute en courbe. Les meubles sont minimalistes et les seules traces de couleurs viennent de quelques pièces en laiton. Je déteste. C’est aussi chaleureux qu’une banquise et la clim poussée à fond n’arrange pas cette impression.

Je pénètre dans l’antre de Bradley qui fait la taille d’une maison de famille. Je m'assois sur une chaise sûrement considérée comme très design, donc inconfortable à souhait et j’attends. J’examine son bureau en verre en me demandant combien de fois par jour elle doit être nettoyée pour qu’il n’y ait aucune trace de doigt.

Bref, j’essaye de m’occuper l’esprit comme je peux pour passer le temps. Inefficace. Mon pied droit bat la mesure à un rythme saisissant. Je respire à fond, les paupières closes, en me répétant autant de fois que possible pour que j’y croie ou que l’univers m’entende : « c’est forcément une bonne nouvelle ».

Une porte claque. Je sursaute en me retournant. Une vague de tabac froid accompagne Bradley tandis qu'il approche, sans me saluer.

Il n’avait pas arrêté de fumer ?

Mon espoir s’amenuise, il semble tendu comme un arc. Tel un roulement de tambour, les talonnettes de ses Louboutin s’écrasent sur le sol à chacun de ses pas, jusqu'à son fauteuil. Le dos droit, il me foudroie d'un regard qui me glace le sang. Je déglutis avec peine.

Compris. Pas de Champagne aujourd'hui.


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58

58 commentaires

Shaddie.M Lynss

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Il y a 3 mois

Belle entrée en matière. C'est fluide, ça se lit super bien ☺️.

Juliette Delh

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Il y a 3 mois

Je commence la lecture de ton texte et je peux te dire que j'ai tout de suite accroché ! (Bon, le résumé de ton histoire m'a bien plus donc je n'en doutais pas vraiment...). Déjà, tu as un super style d'écriture auquel j'adhère à 100% ! Le vocabulaire est recherché, c'est fluide, il y a une belle harmonie entre les dialogues, la narration et les descriptions donc c'est parfait ! Ici, on rencontre Eden et tout de suite, on cerne bien qui il est, ce qui se passe, même si tu ajoutes des pointes de mystères qui intrigues et ne donnent qu'envie de lire la suite ^^ Je poursuis ma lecture !

Louisa Manel

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Il y a 3 mois

Super accroche, super fluide, super drôle ! (super commentaire, non ?). Je sens que tu vas faire mon week-end ! ;)

Mad May

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Il y a 3 mois

Punaise, la bonne nouvelle tant attendue n'est pas près d'arriver. Reste à savoir comment il a flingué sa réputation (j'ai une vague idée) !

birdyli

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Il y a 3 mois

J’adore cette plongée dans l’action ! On a tellement de questions, on veut en savoir plus. C’est d’ailleurs ce que je file faire 😊

CécileIsabelleK

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Il y a 4 mois

J'ai bien aimé toutes les références à la pop-culture que tu as inséré dans ce chapitre :D! Je suis une absolue grande fan d'ACDC. <3

Monimoni-ka

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Il y a 4 mois

Un premier chapitre réussi. La plume nous immerge dans ton univers et j'ai apprécié cette lecture fluide 😊 Un conseil : il vaut mieux séparer le texte en paragraphe, c'est plus facile à lire sur téléphone ^^

Cara Loventi

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Il y a 4 mois

Merci ! Oui en plus je ne lis que sur tel, mais je n’ai compris tout de suite que Fyctia ne prenait pas en compte mes sauts de paragraphe… et qu’il fallait mettre des sauts de ligne 🥴 du coup ça dure un moment ! Pardon 🙏🏼

EvaBerry

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Il y a 4 mois

Un début impeccable, Eden a l'air d'être un sacré personnage et ta plume est immergeante à souhait. Je stresse comme une folle alors que je le connais à peine. Bravo !

Cara Loventi

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Il y a 4 mois

Pardon, j’ai loupé ton commentaire ! Merci Eva !
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