Kalehu Plonger Chapitre 27

Chapitre 27

J'ai passé les deux jours suivants enfermée dans ma chambre. Mace n'a pas arrêté de m'appeler mais je n'ai répondu à aucun de ces messages. Il doit être au courant de tout maintenant. Je sais qu'il ne me fera plus confiance alors je dois tout arrêter. A chaque fois que je prends mon téléphone pour l'appeler et que je pense que ce sera le point de non-retour je me mets à pleurer et je suis incapable de composer son numéro. Je n'aurais jamais cru que je finirais par avoir de réels sentiments pour lui.


Jasper ne m'a toujours pas pardonné ce qu'il a appris. Il est persuadé que j'ai fais ça pour qu'il ne puisse pas apposer sa marque. Il pense qu'en faisant ça, je l'empêche d'être un vrai membre de notre famille. J'ai demandé à mon père de ne pas lui dire ce qu'il s'est réellement passé, du moins pas maintenant. Evidemment qu'on lui avouera tout mais quand il sera en âge de comprendre pourquoi j'ai fais ça. S'il doit me détester jusque là je peux l'accepter. Je ne rentrerai que pour les vacances et pour les fêtes de fin d'année.


Je n'ai pas eu de nouvelle de Sarah. Je ne me fais pas d'illusion, elle est sûrement au courant aussi. Il ne peut rien lui arriver puisque ce n'est pas elle qui m'a parrainée. Mace non plus ne risque rien vu son lien avec la fondatrice. Ma mère doit avoir la reconnaissance de tous maintenant qu'elle a réussi à identifier une infiltrée. Heureusement que les cours sont finis sinon je ne donnerais pas cher de ma peau. Ils ne sont pas réputés pour être violent mais si j'avais eu le malheur de recroiser Logan il ne se serait pas gêner pour se venger de notre dernière entrevue. Je pense de plus en plus à partir pour la fac plus tôt que prévu. Si je suis à des centaines de kilomètres de ma petite ville du Vermont peut être que j'arriverai à reprendre le cours de ma vie plus facilement. Comme on dit "loin des yeux, loin du coeur". J'ai vraiment plus que besoin de mettre de la distance avec tout ça. Je ne veux pas qu'on me voit comme celle qui a détruit sa famille ou, au contraire, celle qui a essayé de la sauver, celle qui a été manipulée par son père, celle qui aurait vendu son âme au diable pour réussir. Parce qu'au fond c'est ce qu'il s'est passé. A aucun moment je n'ai pensé à mes intérêts. Je me rends compte que je n'ai été que la marionnette de mon père, son pantin. Cette idée me révulse. Moi qui me considérait comme une femme forte mentalement je n'ai rien vu. Je me sens utilisée comme un vulgaire jouet. J'ai de plus en plus envie de partir d'ici, tout reprendre à zéro et me reconstruire là où personne ne me connait.


Quasiment la totalité de mes affaires sont emballées. Je sais que je ne peux pas récupérer ma chambre sur le campus avant le début des cours mais peut-être que je peux passer la fin de l'été chez mes grands parents près de Cambridge ça me permettrait de m'évader un peu. Ils ont l'habitude de partir l'été, j'espère simplement qu'ils sont encore là. Cette pensée parvient à calmer le flot de questions ininterrompues qui occupent toutes mes pensées.


Il serait peut-être temps que je me décide à sortir de mon antre. Je ne peux pas continuer à fuir le monde extérieur. Ce qui est fait est fait et il est grand temps d'assumer les conséquences de mes actes. J'enfile un jean et un débardeur et descends dîner. Dès que Jasper me voit il me lance un regard noir et se reconcentre sur sa mission de mettre la table.


-Tu manges avec nous?


Mon père me fait un petit sourire pour m'encourager. Il sait à quel point je prends sur moi pour affronter la situation.


-Oui.


Ma voix est faible et cassée, on sent que j'ai passé les dernières heures à pleurer et à hurler dans mon oreiller. J'attrape mes couverts et mon assiette, ils ne pensaient pas que je descendrai et les pose sur la table. La tension est palpable. Le repas se fait presque dans un silence le plus total. Le peu de mots que prononce mon frère sont pour mon père. On dirait que je n'existe plus à ses yeux. Même si ça me brise le coeur je fais comme si je ne remarquais rien. Je me fais la plus discrète possible. A peine le repas terminé je me dépêche de débarrasser et de remonter. Je n'aurais pas cru que ce serait aussi compliqué. Je m'effondre. J'ai l'impression que je n'y arriverai pas. Je m'allonge sur le lit en position foetale. Si seulement je pouvais remonter le temps et effacer tout ce qu'il s'est passé je le ferais sans aucune hésitation. Quelqu'un frappe doucement à la porte. Ce ne peut pas être mon frère, il ne frappe jamais, il se contente de rentrer dans les pièces comme une petite tornade.


-Entre.

-Ca va ma puce?

-On a connu mieux...

-Tu as besoin de quelque chose?

-Est-ce que tu crois que je pourrais passer la fin de l'été chez Mamie et Papi?


Je vois qu'il ne s'attendait pas du tout à ce que je lui demande de partir. Je ne vois pas vraiment en quoi c'est si étonnant. Rien ne me retient ici.


-Je peux les appeler si tu veux. Mais ne pars pas sur un coup de tête. Fuir n'a jamais été une solution tu sais...

-Je sais mais j'ai vraiment besoin de partir. Il va me falloir du temps pour passer au-dessus de tout ça. Pour l'instant, j'aimerais être loin d'ici, dans un endroit où l'Odyssey n'existe pas, où personne ne sait ce qu'il s'est passé, où je n'ai déçu personne.

-Recommencer à zéro?

-Oui papa, de zéro.


Je n'aime pas lui faire du mal mais je ne supporte plus la situation.


-Et Mace?

-Pourquoi tu le défends?

-Il n'y a personne à défendre. Je t'ai vu tomber amoureuse de lui et je pense vraiment que c'est réciproque.


Je sais qu'il est attaché à moi mais je n'ai jamais voulu m'avouer que ça pourrait être bien plus qu'un simple attachement. L'idée qu'il puisse être amoureux me fait peur. Je peux concevoir de me blesser mais je n'ai pas envie de le briser. J'ai conscience d'en avoir déjà trop fait pour ne pas le blesser mais ce n'est peut être pas la peine de rallonger la liste. Je déteste ce sentiment de culpabilité qui me ronge un peu plus chaque heure. Je sais que tout n'est pas entièrement de ma faute et pourtant j'ai l'impression d'avoir été la seule à créer ce petit plan. Je n'ai jamais été le cerveau de tout ce petit manège et pourtant quand il a fallu improviser je l'ai fait sans réfléchir. Il mérite d'être avec quelqu'un de sincère qui saura l'aimer à sa juste valeur, tel qu'il est vraiment avec son passé et sa famille. Je ne m'en sens pas capable. Je ne pourrais jamais effacer le fait que sa mère est la raison du départ de la mienne et de l'anéantissement de la vie de ma famille.


  • Il faut qu'on parle.


Je ne peux plus faire marche arrière. J'éteins mon téléphone me promettant de me confronter à ça demain. La nuit porte conseil et je vais en avoir besoin. Il parait qu'on se remet de toutes les peines de coeur alors il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas pour celle-ci.


Pour la première fois depuis bien longtemps je m'endors plus sereine. Quoi que l'avenir me réserve je sais que désormais je suis la seule maîtresse de mon destin.


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