Fyctia
Nothing's stopping you...
Le mercredi, comme promis, je reviens à la maison de repos raconter la suite de mes aventures à ma petite Mme Duprés. Je suis dans le bus lorsque je reçois un message de Rose :
Et dix minutes plus tard, j’arrive effectivement au moment même où Viviane verse l’eau chaude dans les deux tasses, posées sur la table basse de sa chambre, libérant des effluves acidulées et rondes d’un thé Earl Grey grand cru.
-Ah ma petite irlandaise ! Je suis heureuse de vous voir, j’ai cru que vous ne viendriez jamais !
-Tout de suite les grands mots ! Ne vous avais-je pas fait une promesse ?
Chassant ma réponse de la main, elle m’invite à m’asseoir dans le fauteuil en face d’elle.
-Bien où en étais-je ? Ah oui, ça y est ! Donc j’ai décidé d’aller à Dublin, Killarney, Dingle et enfin Cork, d’où je devais prendre l’avion de retour. J’organisais tout le plus possible, réservant tout ce que je pouvais réserver à l’avance : les billets d’avions, évidemment, les auberges de jeunesse, les billets de bus ou train pour aller de ville en ville, les tours guidés… J’étais tellement contente de partir que j’ai dû saouler mes collègues à longueur de journée à force de leur décrire à l’avance mon voyage par le menu détail.
Et puis enfin, vint le jour du départ.
Mon père m’accompagna à l’aéroport. Ce n’était pas la première fois que je prenais l’avion. Par contre c’était la première fois que je le prenais seule. Et je stressais. Je stressais surtout de me retrouver seule dans une ville et un pays que je ne connaissais pas, mais il n’était plus question de reculer, il était trop tard pour ça.
Je m’étais laissé quelques jours de congés, avant mon départ, afin de préparer ma valise sereinement. On était mi-août mais les températures d’Irlande ne sont pas les mêmes qu’en France, et ne voulant pas avoir de bagage en soute, il a fallu que je me restreigne pour faire rentrer l’équivalent de 9 jours de voyage dans une valise cabine.
Taille : 55x40x25cm.
Poids maximum autorisé : 10kg
Plus mon sac à dos. Je vous laisse imaginer la prise de tête. Ça pour sûr, je n’allais pas être très glamour. Avec deux jeans, un pantalon de rando, les chaussures qui vont avec, une paire en toile plus légère type Bensimons en plus, mon coupe-vent imperméable, autant vous dire que j’étais loin d’être au top de la « glamouritude »…
-La « Glamouritude » ? me demande la femme, amusée et les sourcils relevés.
-Oui je sais ça n’existe pas, je lui réponds en souriant, mais vous voyez le tableau. J’ai embrassé mon père et j’ai pris mon envol.
Je suis arrivée à Dublin en début d’après-midi, et je me suis directement rendue à mon auberge, la Dublin International Youth Hostel, pour déposer mes affaires. Située au nord de la Liffey (le fleuve qui traverse la capitale), un peu excentrée par rapport au centre-ville, elle a été établie dans un ancien couvent, ce qui m’avait attiré. Non pas que j’ai des envie de devenir nonne, pas du tout, mais j’aimais ce côté atypique. Une fois délestée de ma valise, armée de mon plan de la ville, je suis partie à son assaut.
J’ai surtout pas mal déambulé en ce premier jour, me perdant allègrement afin d’apprivoiser les rues et l’esprit qui les habitait. C’était vivant, coloré, me rappelant parfois Londres ; même sous la grisaille la ville me paraissait belle et à l’image de ce que j’imaginais. Pour ma première soirée en ville, je vous le donne en mille et sans complexe, je suis allée... au pub, en plein coeur de Temple Bar !
-Ce voyage n’aurait pas pu mieux commencer, ça n’aurait pas été une vraie soirée irlandaise sans ça, approuve Viviane.
-Exactement, il fallait marquer mon arrivée et le début de mon voyage ! Bon alors je ne suis pas du tout une habituée des pubs et avec ma dégaine de touriste j’avais vraiment l’impression de faire tache dans le décor. Le Quays, c’est le nom du pub, était bondé, un groupe jouait dans un coin contre la vitre, et avec son style ancien il avait vraiment un côté chaleureux. Ma première difficulté est vite arrivée ceci-dit : commander ma boisson.
-C’est si compliqué que ça ? Pourtant vous parlez anglais me semble-t-il.
-Oh commander en anglais, ça, ça allait. Non le plus difficile c’était de faire en sorte que le barman me prête attention pour prendre ma commande ! Pour ceux qui ont l’habitude, qui ont les codes, rien de plus simple. Mais je ne les avais pas ces codes, et je suis assez timide en général…
-Vous ? On ne dirait pas, se moque-t-elle.
Rentrant dans son jeu, je poursuis.
-Si, si je vous assure ! J’attendais. J’attendais. J’attendais. Un fantôme aurait plus attiré l’attention que moi, j’étais complètement in-vi-sible. A ma gauche se tenait une femme, me dépassant d’une tête, blonde. Elle a remarqué que je galérais. Avec le mot « touriste » marqué sur mon front, elle a dû me prendre en pitié parce qu’elle m’a demandé si je voulais de l’aide. J’ai volontiers accepté et lui ai donné le billet que j’avais à la main sans me poser de question. Et ainsi, j’ai enfin pu obtenir ma pinte de Bulmers.
-Vous avez directement attaqué à la bière ?
-Au cidre, c’était du cidre, et ma première pensée, lorsque le serveur me la déposée devant, ça a été : « Oh pétard je vais faire comment pour boire tout ça ?! ». Je n’avais jamais commandé de pinte de ma vie, mais c’est énooorme !
La vieille femme éclate de rire. C’est la première fois que je l’entends rire ainsi, depuis plus d’un mois que je lui rends visite. On dirait une petite chouette qui hulule c’est absolument charmant venant d’elle -non parce que mon frère aussi a tendance à hululer, mais plutôt lorsqu’il se trouve dans une attraction à sensation forte, et si c’est très marrant, c’est tout de même beaucoup moins charmant- et son hilarité entraîne la mienne avec elle.
-Un demi-litre évidemment que c’est énorme mon enfant ! Surtout si vous me dites que vous n’avez pas une grosse descente.
-Mais je ne vous le fais pas dire Mme Duprés ! Je ne vous le fais pas dire, mais innocemment je trouvais la quantité moins impressionnante en bouteille d’eau que dans un verre. Bref, me voilà avec mon grand verre. Un homme rejoint la femme qui était venue à mon secours. Pour les laisser discuter tranquille, si tant est qu’on puisse le faire dans une salle surchargée, je tente de m’éloigner un peu, cherchant par la même occasion une place où m’asseoir. Mais la femme me retient et m’invite à se joindre à eux.
J’ai accepté encore une fois et ai donc fait la connaissance de Bunny, une Irlandaise vivant dans la banlieue de Dublin, et de son ami Joaquim, portugais ayant pris quelques jours de vacances également, qui parlait un peu français en plus de l’anglais.
6 commentaires
Sissy Batzy
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Il y a 5 ans
Ivaloo
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Il y a 5 ans
Ivaloo
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Il y a 5 ans