Ivaloo Pleurage et scintillement sur les falaises d'Eireann Right proudly high in Dublin

Right proudly high in Dublin

Ils avaient tous les deux l’âge d’être mes parents mais ça ne m’a pas dérangé le moins du monde, d’autant plus qu’ils étaient vraiment adorables. Ils me posaient pas mal de questions : d’où je venais ? Ce que je faisais dans la vie ? Quel âge j’avais ? Combien de temps j’avais prévu de rester et ce que j’avais prévu de faire ?

De mon côté, j’en apprenais aussi un peu plus sur eux : Joaquim étais dans l’import-export, tandis que Bunny travaillait en tant que gérante d’un magasin de vêtements. J’étais vraiment contente de pouvoir passer ce moment avec eux, dès ma première soirée en plus ! Au moins je n’étais pas seule face à mon verre de cidre ce qui, je trouve, aurait été une image bien triste. Joaquim me parlait plus souvent en anglais qu’en français, il voulait me forcer à ne pas tomber dans la facilité en ne pratiquant que ma langue natale. Si ça pouvait en frustrer certains, et malgré ma hantise de ne pas être comprise lorsque je m’exprimais dans la langue de Shakespeare, je l’en remerciais parce que le but de ce voyage était aussi de pouvoir m’améliorer.


J’ai vraiment passé une très agréable soirée ce jour-là, Bunny enchaînait les verres de vin rouge, qui lui colorait les lèvres et la langue d’une teinte violette, mais s’entêtait à dire que ce n’était pas du bon vin ; quand à moi j’étais déjà un peu pompette avant même d’arriver au quart de ma boisson. Tout autour de moi, les irlandais enchaînaient pinte après pinte. Je suis sûre que le temps que je finisse, ils en avaient chacun bu une dizaine !


-Faut dire qu’ils ont une bonne levée de coude les irlandais… fait la vieille dame en roulant des yeux.


-Ça c’est sûr mais ils sont assez prévoyants parce que dans l’ensemble, ils rentrent tous en taxi après. Quand est venue l’heure de rentrer à l’auberge pour moi, Bunny et Joaquim se sont montrés très prévenants, ils voulaient m’appeler un taxi pour être sûre que je rentrerai saine et sauve. Ayant bu lentement, je n’étais pas saoule, et je me sentais aussi plutôt en sécurité dans les rues, je déclinais donc leur proposition. Bunny insista tout de même pour que nous échangions nos numéros de téléphone afin de la prévenir lorsque je serai arrivée. Elle me proposa aussi de nous revoir avant mon départ de la ville et de ne pas hésiter à la prévenir du jour qui me conviendrait.


-Ce sont effectivement des gens charmants, vous êtes bien tombée en les rencontrant.


-Oui, je les appelais mes parents dublinois de substitution, ou encore mes anges gardiens.

Le lendemain, j’avais réservé un petit tour guidé, en français cette fois-ci, du centre de Dublin. J’ai pu ainsi pénétrer l’enceinte de Trinity Collège, la banque Nationale, la mairie, la cour intérieure et le jardin du château, découvrir le quartier de Temple bar.


Saviez-vous que le musée du Rock a son propre « Wall of Fame » ? Peint d’un rouge éclatant, il présente des photos en noir et blanc des plus grands artistes et groupes de musique d’Irlande dont, évidemment, U2, Sinead O’Connor et bien d’autres que je ne connaissais pas.


Il y a aussi, au détour d’une rue, le Blooms Hotel dont la façade nous donne à voir, dans une explosion de couleurs psychédélique, les personnages qui peuplent le roman de James Joyce « Ulysses ». D’ailleurs, l’hôtel tire son nom du personnage principal Leopold Bloom (alias Ulysse), qui emmène le lecteur dans une de ses journée d’errance dans les rues de Dublin, de 8h du matin jusqu’à 3h de la nuit suivante. Rien que de vous en parler j’ai envie de le lire.

C’est bizarre, je l’avais pourtant oublié jusqu’à aujourd’hui. Il est pourtant considéré comme une œuvre majeure de la littérature moderne. Pourquoi ne nous le donne-t-on pas à lire pendant nos études ? Ou ils pourraient au moins nous en parler…je marmonne, plus pour moi-même que pour Mme Duprés.


-Tout cela est vraiment fascinant ! J’ai beaucoup voyagé moi-même, mais j’avoue n’avoir jamais été sur l’île d’Emeraude, comme on l’appelle. Si seulement je pouvais encore voyager, quitter cette endroit, j’aimerais pouvoir me perdre dans cette ville que vous me décrivez. Mais continuez, dites m’en plus je vous prie !


Le voile de nostalgie mêlé de tristesse qui recouvre ses yeux, tel un fantôme de sa vie passée, me fend le cœur. J’aimerais tant pouvoir l’y emmener autrement que par de simples mots. Peut-être pourrais-je en parler à Rose ou à la directrice, proposer un voyage pour les résidents, afin de leur faire prendre l’air ? Je me fais intérieurement la promesse d’essayer, et poursuis mon récit.


-La visite guidée s’était déroulée le matin, finissant pile pour l’heure du déjeuner. Je me suis donc octroyer une pause repas dans un restaurant où j’y ai dégusté un menu typiquement irlandais : toasts beurrés accompagnant quelques tranches de saumon, Irish stew (un ragoût type pot-au-feu mais à base d’agneau), et un cake aux fruits confit (bon ça j’ai un doute sur le fait que ce soit typiquement du coin) ; le tout arrosé de thé noir où vient se noyer un nuage de lait. Je ne prends plus mon thé avec du lait depuis longtemps mais on reprend très vite l’habitude quand on est là-bas, je rigole.

Pour le reste de la journée, je me suis rendue au Musée National d’Archéologie. J’adore ça, j’ai failli être archéologue! Enfin, j’avais été prise à la Sorbonne en Histoire de l’Art et Archéologie après mon bac, mais finalement, une école que je souhaitais m’a contacté peu après le début des grandes vacances, alors j’ai laissé tombé la fac. Parfois j’y repense en me disant que ça aurait pu être bien aussi de poursuivre dans cette voie…j'avoue, la voix pensive.


-Vous regrettez ?


-Non je ne regrette pas le chemin que j’ai choisis, mais parfois je me dis que nous n’avons pas assez d’une vie pour réaliser tout ce que nous souhaitons. J’aimerais faire plein de choses à la fois, je suis attirée par plein de domaines ; on dirait un petit papillon qui ne saurait pas où donner de la trompe. Quelle fleur butiner en premier ou pas ?


-Vous êtes encore jeune Azilys, et puis il n’est jamais trop tard. Peut-être l’occasion se présentera plus tard, sous une autre forme, un peu comme ce musée qui vous a permis d’assouvir un peu votre curiosité. Il était bien ?


-Génial ! Il y a beaucoup de tourbière en Irlande et cela à permis de conserver bon nombre d’objets du quotidien, de bijoux, même des corps : de guerriers qui auraient été offert en sacrifice, d’animaux, comme ce cerf gigantesque qui m’a été donnée de voir dans le hall d’un des bâtiments de Trinity Collège, et dont le squelette était en excellent état !

A la fin de la journée, je suis rentrée à l’auberge, éreintée mais heureuse. Je suis montée dans le dortoir de dix lits que je partageais avec des allemandes. Je ne souhaitais pas me coucher trop tard parce que le lendemain, j’avais un petit voyage guidé sur une journée, et avais rendez-vous à 9h -devant un grand hôtel où le car devait nous récupérer, les autres voyageurs et moi. Direction : le site historique de Glendalough, dans les Wicklow Mountains !


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10 commentaires

LilouJune

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Il y a 5 ans

Jolie découverte. A la fois, de l Irlande mais aussi de ta plume. Ton choix de narrer cette histoire par le biais d une conversation est super, ça m a captivee immédiatement. Et j apprécie beaucoup ce côté globe trotteuse qui me fait tant rêver. Ton récit est très fluide.

Ivaloo

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Il y a 5 ans

Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis ravie que ça te plaise ! J'espère que la suite te plaira tout autant 😊

Michbonj

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Il y a 5 ans

Bravo la référence à James Joyce. J’ai fait une fiis le "Bloomsday". Bloomsday, en irlandais Lá Bloom, est une fête irlandaise qui se tient chaque 16 juin (à Dublin notamment) et qui a pour objet de célébrer la vie de l'écrivain James Joyce.Ce n'est donc pas la date de décès de Joyce qui est célébrée le Bloomsday, mais bien la date du jour pendant lequel se déroulent les événements fictifs relatés dans Ulysse. L'écrivain avait choisi de dater ce récit du jour de sa « déclaration d'amour » à sa future femme, Nora Barnacle. La fête tient son nom du personnage fictif Leopold Bloom. Mais mon roman préféré c’est Finnegans Wake. Réputé comme étant un texte difficile, voire illisible et intraduisible, Finnegans Wake est néanmoins considéré comme un monument de la littérature du xxe siècle. Il y a une superbe traduction ; Finnegans Wake, édition intégrale, traduit de l'anglais et présenté par Philippe Lavergne, Éditions Gallimard, coll. « Du monde entier », 1982, 660 p. réédition Éditions Gallimard, coll. « Folio » no 2964, 1997, 928 p En physique des particules, un quark est une particule élémentaire et un constituant de la matière observable. Les physiciens qui ont fait cette découverte l’on appelé ainsi en hommage à Joyce, Finnegans Wake est parcouru d’interjections dont Quark, qui ne veut rien dire. Joyce disait qu’il avait écrit ce livre pour faire chier les critiques pendant un siècle. J’adore ton livre presque autant que j’adore l’irlande.

Ivaloo

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Il y a 5 ans

c'est super intéressant ! je me renseignerai sur tout ça et j'essaierai de retourner en Irlande pour voir le Bloomsday ! Merci pour toutes ces infos si précieuse Michel ! J'imagine très bien Joyce vouloir faire chier les critiques ^^ les artistes sont des rebelles j'aime bien ça :D

Sissy Batzy

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Il y a 5 ans

Cette visite irlandaise est vraiment chouette.

Ivaloo

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Il y a 5 ans

Merci :D C'est effectivement très sympa de visiter Dublin, on s'y sent bien :)

Ivaloo

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Il y a 5 ans

Titre extrait de "the Foggy dew", chanson traditionnelle irlandaise, notamment chantée par Sinead O'Connor.

Michbonj

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Il y a 5 ans

Mon frère qui faisait de la musique irlandaise avait une version dont j’avais adapté les paroles, c’était the Foggy Jew, le juif brumeux au lieu de la rosée du matin. Ça racontais la rafle du vel d’hiv.

Ivaloo

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Il y a 5 ans

ah pas mal effectivement les paroles d'origines prêtent bien à cette adaptation
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