Fyctia
C21 L'amour Et La Violence
Cet appel m’a vidé. Déphasé. Je plane à côté de mes Nike et dois me contenter, pour seul soutien, de la mine triomphante du petit-fils de Palpatine. J’vaux pas mieux que ce démon à présent. Aux portes de l’enfer, me manque plus que le digicode.
En entendant ça, Dieu doit transpirer, car un flash distord la barbapapa alors en séjour all-inclusive dans ma boîte crânienne.
— Lauren ! Vos sbires ! m’écris-je tout de go. Vous avez promis de les rappeler si j’obéissais à vos menaces !
— Les promesses engagent seulement ceux qui les considèrent, réplique Volco, flegmatique -et il a d’la chance car, dans un monde où j’serais pas une lopette, j’l’aurais forcé à considérer mes phalanges-. Mais rassure-toi, ta femme dort sur ses deux oreilles. Je n’ai jamais envoyé personne à son domicile.
… Que… Attends, what ?
— Comment ça, personne ? Alors vos histoires d’immobilier, de visite nocturne, c’était du flan ?
— Je ne dis pas que nous n’y avons jamais recours. Mais dans ton cas, pas besoin d’aller jusque là. Il ne s’agissait que d’un vulgaire moyen de pression, j’avais confiance dans ton habilité à retourner ta veste pour sauver ta peau.
J’ai l’impression de passer du rooftop d'un building à la cave en deux secondes. L’enflure m’a mené par le bout du nez ! Il a brodé du faux avec du vrai et j’ai tracé plus vite qu’un guépard coursant Usain Bolt.
Pourtant, nul soulagement n'est autorisé vu le pedigree du bougre. La méfiance reste de mise…
— Donc maintenant, je suis censé vous croire les yeux fermés ?
— Tu fais bien ce que tu veux, ça n’est plus mon affaire, abrège Volco en boutonnant sa veste d’une main. Sauf si tu trahis notre pacte -sa voix devient plus pénétrante avant de s’éclaircir à nouveau-. Mais tu es un garçon raisonnable, tu viens de le prouver. Nos chemins se séparent ici et à jamais je l’espère. Pour ton propre bien. Et celui de Lauren.
Toute sortie est définitive en résumé. En même temps, si je devais recroiser Ava par hasard, j’oserais jamais la regarder à nouveau dans les yeux. Ses deux grands yeux verdorés…
— Mirek, ça va ?
Derrière moi, Solal et Angèle débaroulent, le rouge aux joues. La petite princesse du r’n’b fond sur moi, m’agrippant les épaules comme pour m’empêcher de m’évanouir -ceci dit, c’est peut-être l’impression que je donne vu de l’extérieur.
— On dirait que t’as vu un spectre !
Le spectre, c’est Volco. Il s’est volatilisé. Là où il se tenait avant l’arrivée des deux tourtereaux, ne reste que l’ombre de mauvais souvenirs. Je jette des coups d’œil à l’envolée pour localiser l’homme de main, crois distinguer les contours d’un obscur chapeau éclairé par des torches, mais rien de très concret. Je retombe sur mon couple de révolutionnaires occupés à me détailler, avec un mélange de pitié et de crainte ? De quoi rebooster mon égo !
Je tente un sourire rassurant, mais c’est tellement malhonnête que j’entends mes lèvres grincer.
— Qu’est-ce que vous fabriquez ici ? Solal, j’avais dit que je vous rejoindrais.
Avant d’ajouter « jamais » dans ma tête.
— C’est Angèle ! balance Solal. Elle a dit, on abandonne personne !
— Tu ne revenais pas alors on s’est inquiétés, le coupe-t-elle. Bon, tu l’as toujours pas retrouvé ta cocotte ?
— Non…
— Et t’as pas son numéro ?
— Non…
— Donc, c’est foutu, foutu.
— Oui…
Elle soupire.
— Dommage, vous étiez choux.
Angèle a l’air sincèrement déçue.
— On se connaissait à peine.
C’est Ava qui l’a dit. À raison. Avant de répéter qu'elle n'attendait rien de moi.
— Pas la peine d’avoir tapé les vendanges ensemble, quand la chimie opère, ça se voit. Et vous deux, ça se voit.
C’est moi où elle m’a lancé un clin d’oeil complice !
— Oui, regarde, nous, on se connaissait pas ce matin, ajoute Solal en enlaçant la femme de sa vie par la taille. Il a fallu attendre le soir pour voir cette journée s’illuminer. On est t’y pas beaux ?
— Nous sommes ravissants, valide Angèle et hop, retour des langues dans les bouches, des mains sur les popotins.
Leur taux de concentration semble assez limité lorsqu’ils se tiennent à proximité l’un de l’autre. Au moins ça les empêche de raconter n’importe quoi.
Je profite de la trêve pour scroller la liste de contact de mon téléphone. Quand le prénom de Lauren apparaît, je bloque le défilement. Et si Volco disait la vérité ? Mon pouce tâtonne.
Quelque part dans le cortège, le roulement d’un tambour entame un duo avec les battements de mon cœur slash caisse claire.
Vaut mieux ne pas prendre de risque… Puis au point où j’en suis, sérieux…
J’appuie sur l’écran, déclenche l’apparition d’une icône de téléphone vert.
Ça sonne.
Longtemps.
Lonnnngtemps, puis, soudain,…
Répondeur.
« Hello, je ne peux pas répondre pour l’instant, mais vous pouvez me laisser un message et je vous rappellerais dès que possible. Si c'est pour le travail, merci de prendre contact par mail. A bientôt »
Elle ne peut pas répondre...
Une vision de mon ex, pendue par les pieds au plafond de son salon avec du gaffer plein la face, me flagelle l’esprit. Et rien à voir avec une consommation excessive de films d’horreur qui infuserait le Mirek d’idées morbides -j’ai vraiment pas besoin d’eux-, j’ai vu ça dans un clip de Rihanna ! Oui, ma bonne dame, on est à l’abri nulle part.
Tentative numéro deux.
Ça sonne… ça traine… et ça décroche.
Je l'espère, pour le meilleur.
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Paige
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Emma Chapon
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clecle
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Annie.
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