John Wait Plein Cœur C13 La nuit des pétards

C13 La nuit des pétards

C’est l’histoire d’un mec qui, pour oublier son ex, décide de taper rencard avec une photo de boule. Boule -Joli Dos pour les puristes-, est retenue dans une manif' et ne vint jamais au rendez-vous.

Spoiler, le gars ne perd pas sa soirée pour autant. Il rencontre la jolie Ava, allégorie féminine du joueur de flûte, qui mène notre héros par le bout du nez, non pour le noyer dans la Seine, mais dans tout un tas d’emmerdes aux fumets délicats. Car, élément perturbateur bonjour, la jolie Ava est aussi le crush du fils d’un boss de la pègre, surnommé l’Empereur. Pas, La Bonne Pâte, ni, Le Gentil Pépère, non. L’Empereur.

Il doit maintenant échapper à un homme de main complètement chaudard, missionné pour rapatrier la flûtiste dans les filets de Chris, le fils du fameux Empereur. Pas, Le Joyeux Pantomime, ni, l’Impayable Zozo, non. L’Empereur.

Vous trouvez ça divertissant ? Moi non.

Vous trouvez ça tiré par les cheveux ? Allez vous plaindre à Volco, il se fera une joie de vous les scalper.


En quittant Moustache, on a remonté la double file de véhicules sous un concert de pots d’échappements frémissant. Quelque part devant nous, les façades Hausmannienne abritaient un bourdonnement de chants et de cris. Et l’éclat de détonations, aussi.

Au bout de la rue, on a passé le bloc de CRS, impassibles malgré les klaxons et les insultes des conducteurs.

À la première poubelle flambée, j’ai su qu’on était sur la bonne voie. Ensuite, il suffisait de suivre le grondement sourd de la manifestation.


Le but, disparaître. Se fondre dans la masse. Se laisser emporter par le courant de la marée humaine en attendant de trouver mieux.

Parce que, de un, pas le choix. C’était soit ça, soit revenir sur nos pas -autrement dit, bondir tels de jeunes gazelles dans la fosse aux lions. Et de deux, parce que la vérité, j’ai aucun plan.

Gérer le chaos et ses imprévus, c'est la partie la moins développée de mon arbre de compétences, mais c'est ce qui arrive quand on se décide à côtoyer de vrais gens du monde extérieur.

Alors qu’au passage, avec un bon vieil ami imaginaire...


Sur le boulevard immense, se déversait un flot continu de manifestants semblant se générer à l’infini.

Pile ce qu’il nous fallait.

On s’est enfoncés au cœur du cortège...


Une odeur de brûlé tapisse l’atmosphère.

La foule progresse à un rythme léthargique. Vu du ciel, ça doit ressembler à une longe marche funèbre, mais ce serait oublié l'agglomérat de musiques venant de différentes enceintes, mélangés aux tambours déchainés. L'accès aux rues adjacentes est interdit par les CRS.

Une partie du cortège brandie des torches enflammées, d’où s’échappent des cendres qui virevoltent vers le ciel nocturne, et aussi dans ma gueule.


Faut avouer, sur la DA, ils ont été bons. Les torches, les tambours, ça donne une sacrée ambiance, entre la prise de la Bastille et le carnaval de Rio.


Certes, quelques déflagrations s'amusent à nous surprendre, mais si on se convaint qu'il ne s'agit que defeux d'artifices, ça passe.

Nombreux sont ceux a porté une pancarte ou des banderoles.

Sauvez nos profs et nos hôpitaux ! revendique l’une.

Niquez-vous bien fort ! suggère l’autre.

Chacun sa touche.


C’est quelque chose de voir une manif à la télé ou sur sa tablette, c’en est une tout autre de la vivre. De se retrouver en plein cœur de cette masse, de ce brouhaha constant, enveloppant, disons le, chaleureux.

J’en oublie presque pourquoi j’en suis là.


Presque, car je serre les fesses à la moindre amorce de chapeau noir dans mon champ de vision.

Keep cool Mimi. C’est impossible de nous retrouver parmi ces milliers de personnes. Des hommes, des femmes, des flammes, partout, à perte de vue. Autant chercher un spermatozoïde sur une feuille de sopalin.

Bordel, y’a même un tracteur. Manque juste une soucoupe volante et on est bons.


Mon ex recracherait son Perrier si elle me voyait ici. Ou s'étranglerait dans un fou rire.

D'habitude, je me contente du rôle confortable d’observateur, analysant le monde replié dans sa base.


— C’est la première fois que tu bouges en manif, conclut Ava devant mes yeux écarquillés.


Je hoche la tête. Une vraie comme ça, oui. Elle sourit.


— Après cette nuit, t’auras de quoi écrire trois spectacles.


Elle a sans doute raison. Dommage que personne ne prenne des notes.


Depuis quand n’avais-je pas ressenti cette sensation électrisante ?

L’impression de participer à quelque chose qui me dépasse.

De voir ces gens réunis, pour une même cause, réunis par une même colère, une même détresse, une même conviction -des bobos, des babos, des kaïras, des punks, des mamies, des ados qui se filment avec leurs portables, des vieux grigous encartés aux couleurs de leurs syndicats-, peu importe la case dans laquelle sont rangés ces gens, ils sont là, ils sont venus, ils se sont déplacés. C’est beau, et ça me fout les boules. C’est quand la dernière fois où je me suis bougé pour défendre une chose à laquelle je tenais ?


Les plus romantiques pourraient m'adouber en tant que chevalier servant pour être resté aux côtés d'Ava. Prétendre que c’est une preuve formelle de courage.

Moi, je sais que si je suis là, noyé entre une gerbe de fumigène et une fourgonnette CGT, c’est uniquement pour ne pas perdre la face. Parce qu’Ava m’a mis au pied du mur. Parce que, quand elle m’a défié de l’abandonner tout à l'heure, dans le Uber, je me suis recroquevillé dans mon slip.


Je n’ai pas assumé ma lâcheté.

Ça n’a rien à voir avec du courage.


Autour de nous, le mouvement se met à ralentir pour céder le passage à une camionnette bardée de drapeaux, sur laquelle est fixé un mégaphone crachant un remix frauduleux de Free from desire. La camionnette tracte une remorque où dansent un petit groupe de personnes. L’une d’entre elles bouge avec plus d'ardeur que ses collègues. D'où je suis, impossible de voir son visage, mais le plus important est ailleurs. Ses hanches se balancent en cadence, aspirant l'attention des hommes -et des femmes-, tous subjugués par cette métronome en minishort. Limite s'ils ne battent pas le tempo avec leur tête.


Même Ava se met à admirer ce qui est d’ores et déjà, le meilleur spot de pub ever de Gala.


Il faut dire que cette danseuse à un très, très, joli dos.


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56

56 commentaires

Paige

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Il y a 2 ans

Avec ton début de chapitre " c'est l'histoire d'un mec ", maintenant, je sais exactement comment j'imagine Mirek en Kyan Khojandi ! Entre l'humour, les blagues, le côté blasé qui me fait penser à Bref ! ( Surtout le coup du copain imaginaire si tu connais un peu la dite série ). Je ne sais pas si t'aime cet humour, mais c'est exactement le style que j'adore donc de ma part c'est une vraie congratulation ! J'aime beaucoup les réflexions de Mirek, on sent qu'il reprend un peu de la vie face à sa léthargie (déprime ?), il met ça sur l'ambiance mais je pense que c'est une émulation - un choc - que lui a provoqué Ava (bon j'avoue la situation l'oblige à activer son foutu instinct de survie faut avouer ! ). Joli dos le retour ? ( Avoue Mirek c'est les fesses que tu regardes, ça reste entre nous ! )

cedemro

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Il y a 2 ans

Voilà enfin Joli Dos... Le triangle deviendra-t-il un carré ? 😅

WildFlower

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Il y a 2 ans

Ah, bin il semblerait qu'il l'ait retrouvé son Joli dos finalement ^^

Coeur fondant

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Il y a 2 ans

On manifeste avec eux ! Et j’ai adoré ton résumé du début ! Et toujours ce sens de la formule que tu manies si bien 😍😍😍

John Wait

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Il y a 2 ans

Cimer !! (J’essaie de petites variations, tu le diras ce que t’en penses)

AnnaK

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Il y a 2 ans

Mais nooooon ! La suite !

Caroline Guerini

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Il y a 2 ans

Tout a jour ☺️

Ana_K_Anderson

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Il y a 2 ans

<3

clecle

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Il y a 2 ans

On ne peut plus d’actualité ce chapitre ! Mirek a l’air fasciné par cette manif et aussi le joli dos 😁

petitemr

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Il y a 2 ans

Je le SAVAIS !
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