Fyctia

Volco tend sa main gantée de cuir vers Ava.

— Ne vous mettez pas un Montini à dos une seconde fois. Acceptez.

— Vous êtes totalement taré ! rétorque Ava en secouant la tête.

C’est un point de vue qui se défend.

Mine de rien, ça fait beaucoup d’infos d’un coup.

Cet homme, Volco, s'annonce comme l’homme de main de Chris. Le Chris. Avec son singe à cymbales en guise d’encéphale. Il n'est pas juste un abruti lambda mais le fils d'un ponte du "milieu". Le petit prince du crime organisé. C'est sans doute la partie qui me fait le plus buguer. J'suis pas un expert mais y’a eu un sacré nivellement par le bas depuis Don Corleone.

Soudain, une voix émerge de la vitre entrouverte à l'arrière du véhicule.

— Ne l’écoutez pas ma chère ! Je n’ai rien à voir avec les sombres affaires de papa !

Cette voix haut perchée me tend de manière pavlovienne.

— C'est Chris dans la voiture ? je demande. Pourquoi il ne sort pas ?

— C'est une couille molle ! -Ava, pédagogue.-

— Aremh, je vous entends très chère ! bafouille Chris.

— Si tu m’entends, répond à cette question ! Dans quel monde t’as cru que ton plan de gros psycho allait marcher ? Le consentement, ça te dit quelque chose ?

Plus un son ne sort de l’habitacle. Le gros psycho doit être vexé.

Ava serre les poings. La colère a pris le pas sur sa peur. Elle est à deux doigts de passer en mode Super Sayien.

Volco, inébranlable, prend le relais :

— Vos contrariétés ne concernent pas mon maître. Ce n'est pas un sujet pour lui. Personne n'a jamais dit non à Chris Montini.

Et d'ajouter :

—Mon maitre lit des romans où des hommes...

— Je les ai pas lus ! s'offense Chris. J'ai vu un reportage !

Volco bloque sa mâchoire. Il reprend :

— Mon maître a vu un reportage sur des romans où des hommes capturent des femmes, et où ces femmes finissent par tomber amoureuse de leur ravisseur. Il est convaincu que vous tomberez amoureuse à votre tour.

— Leur ravisseur ? Vous voyez pas le problème dans l'intitulé ? Nan mais c'est quel genre de bouquins ça ?

— Il n’a pas voulu me donner les titres.

— Et bien dîtes à votre maitre qu’il ne sera jamais le mien ! Et que s'il pense m’acheter en me cloitrant dans une chambre et en m’offrant des strings Hermès, il se carre son petit doigt de gros connard dans l’œil !

— Je rappelle au besoin que je vous entends, répète Chris dont la voix s'étiole de plus en plus.

Volco renfonce son chapeau sur son crâne et sur sa terrible cicatrice. Commencerait-il à s'impatienter ?

— À partir de là s'offrent à vous, trois possibilités, dit-il posément. Soit vous luttez, et je me verrai dans l’obligation de vous forcer. Soit vous tentez de fuir, et je vous traquerai pour l’éternité. Soit vous me rejoignez de suite et, à ce moment-là, j’épargnerai votre petit ami.

Euh, comment ? À quel moment j'interviens dans leur intrigue là ?

Pour seule réponse, Ava grimace en contemplant le bitume.

— C’est pas mon petit ami ! C’est… juste un gars.

— Quoi ! C’est vraiment ça qui te choque dans son discours ?

— Arrête de crier ! crie-t-elle dans un joyeux concours de décibels. Quant à vous, Monsieur Volco, et toi Chris, repartez d'où vous venez. Plutôt mourir que de monter dans cette voiture.

Plutôt mourir, plutôt mourir... elle est marrante elle.

— Je le savais, on aurait dû prendre le Urus ! grogne Chris qui semble vivre dans sa propre matrice.

— Je m’en contrebranle de ton SUV, gros couillon !

Un index surgit de l'espace laissé par la vitre teintée entrouverte.

— Ava, voyons ! Lorsque vous serez ma femme, il s'agira de ne pas s'exprimer ainsi ! Cette vulgarité prolétaire n’a pas sa place dans votre bouche ! La femme est un symbole d’élégance, de délicatesse et de retenue.

— Ça c'est une phrase de mec qu'à jamais donné d'orgasme à une meuf ! -Si Ava était un dragon, à ce stade elle cracherait des flammes.- Maintenant, et une bonne fois pour toutes, Chris, rentre-toi dans la tête qu'il n'existe aucun scénario où je deviens ta femme !

— Ava ! Vous ne pouvez pas dire ça ! Vous ne pouvez pas me dire non !

— J’vais m’gêner !

Chris s'affole derrière sa vitre.

— Mais enfin ! Ma chère ! Vous avez oublié ? Vous m'aviez promis de vous marier avec moi !!!

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— Keu-waaa ?????