Fyctia
Égo masculin (Chris)
Quand Charlie ouvre la porte d’entrée, je ne mets pas longtemps à comprendre qui est ce type. Je veux dire, Charlie dit n’avoir presque aucun ami à part ce Julian. Et direct, sa familiarité m’énerve.
Charlie fige un court moment. Elle me regarde brièvement sans doute pour observer ma réaction. L’instant d’après, elle est dans ses bras. Je me prends un méchant coup à l’estomac. La voir aussi détendue avec quelqu’un, je n’ai pas l’habitude. Avec moi, elle garde toujours une légère réserve la plupart du temps.
Enfin, elle se détache de lui. On voit à leurs sourires échangés qu’ils ont partagé beaucoup de choses. Comme Charlie ne dit rien, c’est lui qui me tend la main.
- Julian, enchanté.
- Chris.
Ma réponse est laconique. Je ne vais pas mentir, je suis pas spécialement enchanté de le voir.
- Chris est chargé de la rénovation du Resort, précise Charlie.
- J’avais compris, ajoute Julian à son attention.
- Entre Julian, je vais te faire visiter ! Tu restes jusqu’à quand ?
- Demain. Je ne peux pas plus. Mais je ne veux pas m’imposer…
- Tu plaisantes ? Tu restes ! C’est non négociable.
Je sers les dents. Je vois que Julian me regarde gêné du coin de l’œil. Il est perspicace au moins. Charlie ne fait presque plus attention à moi. Et franchement, je ne pensais pas que ça ferait si mal.
- Charlie ? Je peux te parler s’il te plait ?
- Oui, bien sur. Julian, tu devrais jeter un œil à la salle à manger là-bas, elle est magnifique !
Il s’éclipse rapidement. Il doit sentir la tension qui appesanti l’air.
- Ça va Chris ? De quoi tu voulais me parler ?
Sa voix est comme d’habitude. Elle m’attrape même la main en me faisant face. Mais ma colère est déjà bien trop montée. Un de mes gros défauts, je suis trop impulsif. J’enlève ma main de la sienne. Elle fronce les sourcils. Ne semble même pas prendre conscience de l’étrangeté de la situation.
- Il va dormir là cette nuit ?
- Evidemment ! Tu veux que je l’envoie à l’hôtel ? Ça serait ridicule, non ?
- Je ne trouve pas. C’est ton ex Charlie. Comment veux-tu que je réagisse ? Tu as l’air tellement proche de lui…
- Je le suis. C’est quoi ton problème ?
- Mais bordel ! crié-je. Tu ne vois pas à quel point la situation est inhabituelle ! Je suis sensé faire quoi moi ? Lui laisser la place dans ton lit ?
- Ok. Je vois. Ton numéro de mâle dominant, tu peux aller le faire chez toi. À demain Chris.
Son visage est fermé. Elle a croisé ses bras sur sa poitrine. On est deux cette fois à être en colère. D’un pas vif, je me dirige vers l’aile familiale pour récupérer mes affaires. Je jette rageusement ce que je trouve dans mon sac de sport en cuir marron. Je suis sûr que j’en oublie mais tant pis. Je ne veux pas rester plus longtemps.
Quand je repasse dans le hall, elle est à l’entrée de la salle à manger. Elle me tourne le dos. Et ne m’accorde même pas un regard. Julian est en train de lui parler mais je ne prends pas le temps d’écouter ce qu’il lui dit. Je passe la porte et la claque derrière moi. Je suis ridicule. On dirait un ado. Mais son comportement m’a vraiment blessé.
- Chris ! Attends !
Merde. Manquait plus que lui. Julian me rejoint à mon pick-up en courant.
- Chris, je suis désolé. J’aurais dû l’appeler avant de venir.
- Ce n’est pas à toi de t’excuser…
- Demain, elle sera redescendu, t’inquiète pas. Et toi aussi. Tu as été là quand elle avait besoin et je ne l’avais jamais vu aussi détendue.
- Tu as été là aussi pour elle, plus que moi.
- Mais justement, reprend-il. Je suis un lien avec son passé. Et même si j’avais été libre, Charlie n’aurait jamais rien construit avec moi. Je lui rappelais trop…
- Je comprends.
- Toi, tu représentes un avenir possible, et crois-moi ça compte plus que tout pour elle. Je serai toujours son ami, Chris, mais ça s’arrête là.
- Ok. Merci.
- Merci à toi d’avoir été là pour elle, cette semaine.
Je prends la route. Charlie n’est même pas sortie du Resort. Ce Julian m’énerve. Il est sympa ce con. Et sincère, j’ai l’impression. Je ne suis pas encore chez moi que déjà la colère retombe.
Putain mais quel abruti j’ai été. Un abruti jaloux en plus. Je lui ai crié dessus, bordel… Qu’est ce qui m’arrive ? Charlie a vécu l’enfer avec son ex et moi je me comporte comme un con. L’accueil qu’elle a réservé à Julian m’a déstabilisé.
Depuis samedi soir, notre première nuit ensemble, Charlie reste distante. Comme si elle ne lâchait pas prise tout à fait. Les seuls moments où elle se livre complètement, c’est au lit. Dans l’intimité, j’ai pu entrevoir l’authentique Charlie. Mais je suis trop con. Comment j’ai pu ne pas penser que la dernière fois qu’elle s’était ouverte totalement à un homme, il l’avait brisée.
Je vais lui laisser de l’espace ce soir. La soirée avec celui qui l’a sauvée. Je lui envoie un unique SMS sur son iPhone.
« Je suis désolé. »
Puis j’appelle mon père. Il me doit quelques explications. Il décroche après 3 sonneries.
- Ah fils ! Des jours sans donner de nouvelles à ton vieux père.
- N’en fais pas des tonnes William. J’ai plus 10 ans.
- Que veux-tu ?
- Je te reconnais mieux. J’appelle pour savoir la vérité sur les intrusions au Pine Lake. La voiture de la propriétaire a été endommagée.
- Pour la dernière fois, je n’y suis pour rien ! Je sais que je ne suis pas toujours réglo dans mes façons de faire mais m’attaquer à une femme seule, c’est pas mon style. Oui, je voulais cet hôtel depuis des années mais je ne suis pas prêt à tout.
- D’ailleurs, j’ai entendu dire que tu connaissais bien les propriétaires, ajouté-je pour lui tendre une perche.
- Oui… Oui c’est vrai. J’ai été ami avec Prudence et Leslie. Jusqu’à ce qu’un conflit nous oppose.
- Quel était l’objet du conflit ?
- Tu es bien curieux… Seulement un problème de cadastre. Ils ne me reconnaissaient pas la propriété sur un morceau d’un de leur terrain. Rien de plus. Mais je t’assure que je n’ai rien à voir dans les ennuis de cette Mlle Malone. Je te donne ma parole.
- Ouais… Comme si ta parole valait quelque chose…
Je raccroche. Je vais pas faire semblant d’être poli avec lui. Lui n’a jamais fait semblant d’être fière de moi. Et puis, je sens qu’il ment. Ou au moins qu’il dissimule une partie de la vérité.
Je n’ai pas le courage de me faire à manger. Charlie me manque. Une semaine qu’elle est entrée dans ma vie et elle me manque. Je ne sais pas ce qu’elle m’a fait mais ça ne me ressemble pas. Et en même temps, je ne me suis jamais senti aussi vivant. Elle n’a pas répondu à mon message. J’espère qu’elle me pardonnera mon caractère de merde…
Je me vautre devant la télé avec une bière et un paquet de chips. Puis lassé de regarder la déchéance de l’humanité dans un ramassis d’émissions stupides, je monte me coucher.
Le lendemain, le réveil sonne à 6h. Je saute sous la douche pour pouvoir arriver au Resort avant les gars. Charlie se lève tôt en général. J’espère lui parler. M’excuser. Quand je sors de la salle de bain, la sonnerie de la porte d’entrée retentie. Je n’attends personne. Qui sonne chez les gens à 6h20 le matin ?
13 commentaires
Kevin Maury
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Il y a 8 ans
Phoenix B. Asher
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Il y a 8 ans
Mephysto
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Il y a 8 ans
Phoenix B. Asher
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Mephysto
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Il y a 8 ans
Phoenix B. Asher
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Il y a 8 ans
Skyleen
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Il y a 8 ans
Phoenix B. Asher
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Il y a 8 ans
alexia340
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Il y a 8 ans
Phoenix B. Asher
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Il y a 8 ans