Fyctia
Chapitre 10.3 - Jodie
Sa voix autant que son regard déclenchent un frisson d’effroi qui remonte le long de mon dos tremblant. Je ne suis pas de taille et j’en ai parfaitement conscience.
– Pourquoi ? Vous m’avez donné rendez-vous ici, il y a bien une raison à cela.
L’homme semble réfléchir quelques secondes.
– Parce que si vous continuer à fouiner dans cette direction, c’est à moi qu’on donnera l’ordre de vous éliminer.
Une alerte puissante prend naissance au cœur de ma cage thoracique et capture mes poumons pour les étouffer. Ces mots qu’il vient de prononcer avec une banalité particulièrement déstabilisante sèment le doute le plus complet dans mon esprit. Je ne sais plus si je me trouve face à la seule personne capable de m’aider ou bien à l’homme qui m’ôtera la vie, aujourd’hui ou demain.
– Je suis exécuteur. Je tue des gens chaque jour ou presque. Si vous ne voulez pas être la prochaine photo dans une enveloppe comme celle-ci, continue-t-il en levant celle qu’il tient entre les doigts, rentrez chez vous et laissez tomber ces recherches qui ne vous mèneront nulle part.
Stupéfaite, je fixe l’enveloppe du regard en espérant avoir mal compris.
– Voulez-vous dire qu’il y a là l’identité d’une personne que vous devez tuer ? demandé-je la voix tremblante.
– Tuer ou convaincre. Mais croyez-moi, la limite est mince.
Je déglutis douloureusement pour tenter de masquer l’incompréhension qui s’empare de moi. Sans que je n’en saisisse la raison, cet homme ne m’inspire aucune peur. Une intuition qu’il m’est impossible d’identifier me laisse penser que s’il se trouve ici, c’est justement qu’une certaine humanité persiste à survivre au fond de la noirceur qui l’habite.
– Mais pourquoi faites-vous cela ?
– On ne naît pas tous dans un champ de coquelicots… affirme-t-il sans décrocher son regard du mien.
– Vous pourriez changer de vie, de métier, si toutefois tuer de pauvres gens en est un…
– Il ne s’agit aucunement de pauvres gens et nous ne sommes pas ici pour parler de moi, me coupe-t-il sèchement. Laissez les affaires d’Ocario Teresi où elles sont et repartez dans votre village, vous y serez bien plus en sécurité.
– Je ne partirai pas. Pas sans Samuel.
Une nouvelle fois, le regard de l’homme me transperce. Je sens bien que mon entêtement le surprend. Il s’attendait probablement à ce que je me sente intimidée par ses avertissements et à ce que cette entrevue débouche rapidement sur une résignation de ma part.
– Est-ce que vous comprenez ce que je vous dis ? Si vous continuez à fouiner dans cette direction, on finira par me donner l’ordre de vous supprimer ! C’est la mort qui vous attend, bordel !
– Eh bien soit, vous ferez ce que l’on vous ordonne. Je prends le risque.
Sa mâchoire crispée renforce la frustration qui anime son regard sombre.
– Mais c’est dingue, vous êtes prête à risquer votre vie ?
– Avez-vous un frère ou une sœur, Monsieur Pyke ?
– Ni l’un ni l’autre. Mais là n’est pas…
– Eh bien moi, si. Et Samuel est le second frère que votre ville nous a pris. Alors oui, je suis prête à tout pour le retrouver, le sauver s’il est encore en vie, et le ramener chez nous. Je n’ai pas pu en faire autant pour Jonah car j’étais bien trop jeune, mais cette fois je…
– Qui ?
Emportée dans mes justifications, je n’ai pas vu son visage se crisper brusquement ni ses sourcils se froncer de manière encore plus prononcée sous la visière de sa casquette. Je réalise au même instant avoir prononcé le prénom de celui auquel je n’ai plus le droit de penser, mais au point où j’en suis…
– Jonah, soupiré-je avec nostalgie, notre frère aîné a lui aussi disparu ici, à Philadelphie, il y a maintenant dix ans.
Un silence tombe lourdement entre l’homme et moi, ne laissant plus résonner dans la pièce que le ronronnement régulier de la machine à laver. Le regard avec lequel il me scrute a changé. Bien plus intense, il semble chercher à comprendre quelque chose.
– Redonnez-moi votre nom ? requiert-il la mâchoire crispée.
– Jodie Graber.
Comme si ma réponse venait de le gifler brutalement, il retire sa casquette d’une main pour passer l’autre dans ses cheveux d’un geste particulièrement nerveux.
– On arrête tout. Je vous ramène. Maintenant.
L’urgence avec laquelle il prononce ces simples mots me surprend, autant que son attitude soudainement fermée. J’abaisse le regard pour me soustraire un instant au tourbillon d’incompréhension qui me submerge, mais lorsque je le relève, monsieur Pyke a déjà ouvert la porte et attend que je le suive docilement.
– Mais… Mon châle…
– Il a certainement moins de valeur que votre vie. Dépêchez-vous, Jodie.
Entendre mon prénom prononcé par un Étranger tueur d’innocents me fait frissonner de l’intérieur, mais son comportement me laisse penser qu’il détient effectivement les informations dont j’ai besoin. Priant intérieurement pour ne pas me tromper sur cet homme, je passe la porte à ses côtés.
– Prenez la première ruelle à droite, grogne-t-il dans mon dos.
Bien décidée à mener mes recherches jusqu’au bout, j’obéis malgré l’incertitude qui me dévore l’estomac.
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Coucou et merci à toi d'être encore là !
J'espère que l'aventure te plaît toujours autant et qu'elle te donne envie d'accompagner Jodie encore plus loin dans son enquête...
Pour ne pas dévoiler des informations importantes sur l'intrigue, je m'arrêterai de poster après le chapitre 11, qui sera du point de vue de Dalton.
Pour information j'estime que nous sommes à environ un tiers du roman, autant te dire que je te réserve un sacré paquet de rebondissements, haha !
J'espère que tu ne m'en voudras pas de garder la suite secrète, mais crois-moi, si je te dévoile tout ici, ta lecture du roman en entier lorsqu'il sortira pourrait perdre en saveur et là n'est vraiment pas le but...
Je te dit à très vite pour le prochain chapitre, prends soin de toi et des tiens.
Bises, Léana.
22 commentaires
cindy37190
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Il y a 10 mois
L.ludivine
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Il y a 10 mois
Christelle Granger
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Il y a 10 mois
Léana Soal
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Rz books
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Debbie Chapiro
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Léana Soal
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francoise drely
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Léana Soal
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lesétoiles
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Il y a 10 mois