Léana Soal Pennsylvania Chapitre 9.1 Dalton

Chapitre 9.1 Dalton

La chaleur de ses cris étouffés réchauffe ma main glaciale. Emprisonnée contre moi, l’inconsciente tremble de toutes ses forces mais ne se débat plus. Je suppose qu’elle vient de comprendre à quel point la situation est sérieuse et qu’elle n’a aucune idée de la façon dont elle va pouvoir se tirer de ce pétrin. Et elle a bien raison. La main toujours plaquée contre ses yeux, je nous relève sans relâcher la moindre once de tension dans l’efficacité de ma prise.

– Maintenant, murmuré-je contre son oreille frémissante, je veux savoir qui t’a envoyée ici et qui tu espionnes avec aussi peu de prudence.

Je peux sentir la panique gonfler sa poitrine. Sa respiration reprend de la vitesse, signe qu’elle découvre que je suis loin d’être un sauveur.

– Je vais retirer ma main de ta bouche, si le moindre son en sort autrement que pour me donner la réponse que j’attends, je te tue sur le champ. C’est bien clair ?

Un gémissement apeuré s’échappe tandis qu’elle acquiesce fébrilement.

Putain, tu parles d’un soldat…

Lentement, je laisse glisser mes deux mains jusqu’à ses épaules pour la tourner face à moi. J’espère sérieusement que cette idiote ne me donnera pas une raison de mettre ma menace à exécution, buter les femmes c’est pas mon délire. Dès qu’elle se retrouve face à moi, une lueur particulière dans son regard effrayé me foudroie. J’ai déjà vu cette fille. Je ne sais pas où, je ne sais pas quand, mais ce regard bleu azur a déjà croisé le mien. Est-ce que je l’ai baisée un soir de relâche post-mission ? Non, impossible. Déjà parce que je ne regarde jamais ces pétasses dans les yeux, mais surtout, cette façon de se fringuer n’aurait jamais éveillé la moindre envie chez moi, ça c’est certain.

– Qui es-tu ? Je te laisse cinq secondes pour me répondre.

– Je…

– Pour qui tu bosses ? enchaîné-je sans aucune patience.

Sa façon de plonger dans mon regard comme si elle en avait le droit est en train de m’irriter sérieusement.

– Personne, je…

– Putain, me raconte pas de salades. Qui t’a envoyée ici ?

– Je ne mens jamais…

Même tremblant, son timbre ferme vient de me gifler comme personne n’ose le faire. Jamais.

– Prénom, ordonné-je en saisissant sa joue trop fine d’une main agacée.

– Jodie.

Elle a peur et ça se voit, mais putain, cette fille ne manque pas d’aplomb.

– Tu fous quoi ici ?

– Je me rendais au… au pressing… Le Will’Bear.

– Tiens tiens, le Will’Bear, hein…

– Oui.

– Sans linge ?

Un silence suspect s’installe durant quelques secondes.

– Je ne sais pas ce qu’est un pressing, en réalité… murmure-t-elle en baissant les yeux.

– Pardon ?

Sa réponse me prend au dépourvu. Est-ce qu’elle est sérieuse ?

Dalton, tu vieillis. Cette fille se fiche de toi et tu la laisses faire…

– Chez moi, cela n’existe pas, reprend-elle en relevant la tête pour accrocher de nouveau mon regard.

Exaspéré par cette discussion qui ne ressemble à rien, je me passe nerveusement les deux mains sur le visage pour tenter de réfléchir. Au même instant, j’entends au loin les voix de ceux qui s’apprêtent à sortir de l’arrière-boutique. En un éclair, je ceinture l’espionne d’un bras et la tire derrière l’angle de rue juste avant qu’ils n’apparaissent pour récupérer le cadavre et nettoyer la flaque de sang. L’élan de mon geste la projette contre le mur, et je l’encadre de mes deux poings.

Putain mais où est-ce que j’ai vu ce visage ?

– J’ai pas toute la journée, miss effrontée. Alors dis-moi vite ce que tu foutais ici avant que je n’en tire des conclusions qui ne vont pas te servir.

– Je cherche mon frère, répond-elle sans visiblement avoir la moindre idée de l’endroit où elle se trouve.

Bordel, la fille du Black Bar… Je savais que la lueur de ce regard me rappelait quelque chose, mais jamais je n’aurais reconnu la petite Amish paumée qui demandait des infos sur Teresi à n’importe qui. Des fringues à peu près modernes, son chignon disparu au profit d’un brushing presque trop sophistiqué pour ce visage fin et gracile, j’étais loin de remettre ces quelques secondes d’échange dans la pénombre d’un bar de nuit.

Ce dont je me souviens très bien, en revanche, c’est que son air désemparé m’avait poigné le cœur. Elle était là, paumée au beau milieu d’un monde qui ne sera jamais le sien, à quémander des informations sans avoir la moindre idée des risques qu’elle encourait à employer le nom des Teresi sans aucune discrétion. Je ne sais pas pourquoi je me suis senti obligé de la mettre en garde ce soir-là. D’ordinaire, jamais je ne m’arrête sur le sort des autres, le mien est déjà bien suffisant à préserver. Mais quelque chose m’a touché. Encore aujourd’hui, son attitude dégage autant de détermination que de fragilité, et une force inexplicable me pousse à l’empêcher d’aller se foutre dans la gueule du loup.


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11 commentaires

valerieF

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Il y a 10 mois

🥰 🥰 🥰

Eloïse_f

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Il y a un an

Like de soutien, n'hésite pas à faire de même ; )

Isabelle Montarras

-

Il y a un an

Enfin !!!! La rencontre !!!!! Vivement la suite 🥰🥰🥰🥰

cindy37190

-

Il y a un an

Vivement la suite 🥰

patricia Bellucci

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Il y a un an

La voilà enfin cette rencontre ❤️

AMELIE

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Il y a un an

La rencontre tant attendu!! Hâte de lire la suite

Solann

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Il y a un an

La rencontré entre jodie et dalton un peu percutante. Jodie apeuré vivement la suite

Sarah🤓

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Il y a un an

Yeah !! Enfin la rencontre ! 😍

francoise drely

-

Il y a un an

Jodie et Dalton, la rencontre 😊
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