Lounalectures par delà les étoiles Chapitre 4.1 Gabriel

Chapitre 4.1 Gabriel

Depuis ce jour, je n’arrête pas de la peindre ou de la dessiner, ma chambre commence à sentir forts la naphtaline et l'alcool pour nettoyer mon matériel. Son visage est ancré dans ma tête. Je suis complètement idiot, me voilà amoureux d’une parfaite inconnue, sans jamais lui avoir parlé. Mais de l'avoir vu danser, à ce moment-là, j’ai cru avoir vu un ange tombé du ciel avec sa robe blanche, ses mouvements de bras qui me donnaient l’impression qu’elle avait des ailes. Sur le tableau que je venais de finir, je l’ai dessiné avec sa tenue et de magnifiques plume blanche qui tournoie-t-elle, un tourbillon qui l'enlace et l'enveloppe. Je m’imagine voler à ses côtés sur “Fly” de Imagine Dragon. 

Un son répétitif se fait entendre dans tout mon appartement, je secoue la tête pour me sortir de ma rêverie et me rends compte qu’on toque à ma porte. En sortant de ma chambre, je réalise que ne recevant personne chez moi à part ma sœur, je me soucie peu de savoir si mon logement est présentable en cas de visite. Or je ne peux que constater que je vis au beau milieu d’un véritable capharnaüm. Devant ma porte, avant de l’ouvrir, je regarde à travers le Juda, mais seul un doigt pas correct me salue… Quand on pense au loup… J’ouvre la porte, Stella entre comme une tornade sans attendre ma permission. Un large sourire sur son visage, jetant au passage son sac sur le canapé et là... Elle commence un monologue interminable que je décide de remplacer mentalement par la scène de Sid en train de danser dans l'âge de glace deux, jusqu’à ce que j’entende : 

— Je l’ai trouvé Gabriel, la nana dont tu m’as parlé, c’est elle, c’est celle qui a dansé dans le métro quand je jouais... 

D'un coup, avant même que je puisse comprendre et réagir, elle se retourne pour aller en direction de ma chambre. 

— Attends, attends… Quoi ? Qui ça ? Non. Ne va pas… La fille rousse ? Tout se bascule dans ma tête. Attends... N’entre pas dans…. 

Trop tard elle ouvre la porte et je la vois figée à l'entrée, totalement stupéfaite. 

—… Ma chambre… Je vais t’expliquer. 

— Rooo la vache... Putain, de merde, mon frère est devenu un véritable psychopathe. Dit-elle en se retenant de pouffer de rire. Je crois que je ne vais pas te montrer son compte TikTok en fait. Tout en secouant son téléphone en l’air sur lequel on pouvait distinguer vaguement une fille à la chevelure de feu, danser. 

Je fonce sur elle pour choper le portable, elle m’esquive sans difficulté, comme si elle était dans ma tête et pouvait anticiper la moindre de mes actions.   

— Franchement, tu me fais peur là... Bon ok, ils sont magnifiques, mais… Un, deux, trois, quatre, cinq ! Cinq toiles d'elle, tu abuses un peu quand même. 

 

— Tu n’as pas à entrer dans ma chambre comme ça de toute façon, même dans mon propre appartement, tu continues. 

 

— je voulais voir tes nouvelles toiles vues que toute la semaine, tu ne faisais que travailler ! Boulot, peinture, boulot, peinture ! Tu n’as même pas voulu une seule fois m'accompagner pour boire un coup. 

 

— Ok, on va boire un verre. Je ne travaille pas ce soir, mais s’il te plaît sors de ma chambre. Tout en la prenant par les épaules et en refermant la porte derrière nous. J’avoue qu’il faut que je m'aère l’esprit. 

 

Toute contente, elle sautille sur place puis me prend par le bras sans me laisser le temps de me changer alors que je suis littéralement recouvert de peinture, et m’entraîne dehors sans parapluie tandis qu’il pleut toujours. 

 

Arrivés dans le métro de grange blanche, ça me rappelle la jeune fille, ce qui aussitôt me ramène à ce que ma sœur a dit. “Le TikTok” ! Je prends le visage de ma sœur fermement entre mes mains et l'oblige à me regarder. 

 

— Le TikTok, tu étais venue me parler de ça, tu l’as trouvé !? 

 

Les joues écrasées et la bouche en lapin, ma sœur me répond en zozotant : 

 

— Qu’a fel fé a von fwev… 

 

Je la relâche aussitôt en fronçant les sourcils d’un air interrogateur. 

 

— Je n’ai rien compris. 

 

— Je demandais ce qu’elle avait fait à mon petit frère timide et dépressif. Dit-elle tout en massant ses joues rosies par la pression de mes doigts 

 

Comment ça dépressif ? Je ne suis pas dépressif. Timide, introverti, nuance. 

 

Elle sort son téléphone tout en me regardant avec méfiance et l’ouvre sur la page d’une jeune fille qui s’appelle Louane, elle me montre quelques vidéos où on la voit danser, donner des petits tutos de pas de base, ou même des vidéos d’elle sur scène. Ma sœur me demande si c’est bien elle que j’ai vue aussi, je lui réponds d’un léger oui de la tête. 

 

— Elle est vraiment douée, c’est bien elle aussi quand je jouais dans le métro. 

 

La rame arrive, on se met sur le côté pour laisser les autres descendre. On entre. Nous nous installons à deux places libres, puis nous entamons une conversation sur elle tout le long du trajet. 

Arrivés à vieux Lyon, le soleil nous accueille enfin en faisant briller les pavés encore humides de la pluie qui venait tout juste de cesser. En direction des petites rues, ma sœur me raconte comment Samir et ses parents étaient super heureux du violoncelle même si au début son père était réticent. Je continue à avancer, jusqu’à ce que je remarque que je parle seul, je m’arrête et je cherche du regard. Elle est là, devant le musée du Cinéma et de la miniature avec un accordéoniste derrière qui joue un air fréquent ici, mais dont je ne me souviens plus du nom. 

 

Elle se retourne vers moi et me fait signe de venir, qu’est-ce qu'elle ressemble à maman ! Même jumeaux, elle a plus de ressemblances avec mère que moi avec notre père. Je m’approche d’un pas lent avec un sourire. 

 

— On allait souvent au musée quand on était petit, ça te dit qu’on fasse un tour ? De toute façon, les bars ne sont pas encore ouverts. 

 

Aussitôt lui avoir dit oui nous voilà déjà à l'intérieur, billets à la main, quand je dis qu’elle est rapide... Ce musée n’a vraiment pas changé à part les personnages et encore, on retrouve quelques grands classiques, côté miniature, c’est impressionnant le réalisme, chaque petit élément, tous ces détails. Il y a une pièce que je ne lâche pas du regard, c’est celle de la scène de théâtre de Lyon, on y voit Louane danser sur une de ses vidéos. 

Tu as aimé ce chapitre ?

9

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.