Lounalectures par delà les étoiles Chapitre 4.2 Gabriel

Chapitre 4.2 Gabriel

En sortant, des petites gouttes tombent à nouveau. Nous nous dépêchons de rejoindre le bar où je travaille. 

 

Il y a déjà beaucoup de monde, mais deux places au fond sont encore libres, on s’y installe. 

 

— Salut tous les deux, comment ça va ? Je vous sers comme d’habitude ? 

 

— Salut Lyse... 

 

Voilà le mode séduction de ma sœur qui est activé. Au début, je ne comprenais pas pourquoi elle voulait toujours boire un verre ici. Parce que franchement revenir là où je suis toute la nuit ça ne m'enchante pas vraiment, mais au fur et à mesure, j’ai fini par comprendre. Surtout quand elle fait cette tête. La “tête d’idiote heureuse”.   

— Oui Lyse, merci.  

La serveuse repart au comptoir pour nous préparer les deux bières que nous prenons habituellement. 

 

— Salut Lyse. Dis-je avec un regard moqueur 

 

— Rooo toi ça va ok t'es pas mieux 

 

— Tu, sais que c’est fini avec sa copine ? 

 

— Ah non, t'es sérieux ? 

 

Je la vois la dévorer des yeux, ce qui ne manque pas de m’amuser. Nous n'étions pas très proches avant le décès de notre mère, on s’était même un peu éloignés, mais aujourd’hui nous rattrapons le temps perdu. 

 

Soudain, elle me balance plusieurs coups sur ma cheville. Les yeux écarquillés avec un grand sourire elle me dit de regarder au comptoir, je tourne ma tête tout en cherchant à comprendre, jusqu’à ce que je tombe sur une fille trempée jusqu’aux os, cheveux roux plaqués sur son visage, “c’est elle”. Nos regards se croisent brièvement et elle devient toute rouge. Lyse, lui chuchote quelque chose en terminant par un clin d’œil et là, je ne savais pas que c’était possible, mais elle devient plus rouge encore. 

 

— Qu’est-ce que tu fais ? Va la voir. Insiste ma sœur. 

En regardant mes vêtements dégueulasse, je me renfrogne et ma sœur me pousse légèrement. 

 

— allez, tu t’en fiches Merde ! vas-y.    

 

Armé soudain de je ne sais quel courage, je me lève d’un bon. Sans surprise, je fais tomber les verres qui se cassent en mille morceaux au sol. Oh mon Dieu que j’ai honte, pourquoi moi ? Je commence à ramasser les bouts de verre, mais ma sœur me les arrache des mains et me pousse à aller vers Louane. Je me redresse tout en espérant qu’elle n’ait rien vu, même si c’est peu probable vu le bordel que j’ai foutu. 

 

Elle s’agite sur sa chaise, mais un petit monsieur s’approche d’elle. “Non, je ne vais pas la louper encore une fois” je me dépêche d’arriver avant lui, gagné ! Il fait demi-tour. 

 

Lyse me regarde avec un grand sourire amusé, je sens qu'elle va me poser quatre mille questions demain soir. Je me retourne pour voir ma sœur qui me fait des gestes de la main pour m’encourager à lui parler. Je la regarde et lui lance un simple : 

 

— Bonjour, 

 

Elle se retourne. Je remarque qu'elle a les yeux brillants et rouges. 

 

“Elle a pleuré.” 

 

— Je ne vous dérange pas ? 

 

— Non pas du tout. Me dit-elle d’une petite voix douce et à peine audible au milieu de tout ce brouhaha. 

 

Je prends le tabouret à côté d’elle et m’installe, je n’ai pas dragué depuis des lustres, je ne suis pas vraiment doué pour ça. Je demande à Lyse si elle peut me resservir un autre verre qu’elle m’apporte aussitôt non sans un petit air moqueur :   

— Ne le casse pas celui-ci. 

Je me sens rougir à mon tour. Un petit rire honteux sort de ma bouche pour essayer de me donner un peu de contenance et je la regarde avec un air de “tu vas me le payer ça.” 

Je tourne la tête et ne la lâche pas du regard. 

Assis à côté d’elle, nous commençons à discuter. Nous évoquons nos vies, d’où elle vient, d’où je viens, ce qu'elle fait, ce que je fais, jusqu'à ce qu'elle se confît sur sa passion. La manière dont elle m’en parle de la danse, on voit tout le désir dans ce travail, j’arrive même à le ressentir rien qu’à l'écouter. Je la comprends tellement, pour moi, juste ouvrir mon carnet… Rien ne peut me sortir de là et en plus, je me rappelle la façon dont mon cœur s’est emballé lorsque je l’ai vu au parc de la tête d'or.   

Elle est complètement différente de moi, c’est une fille très ouverte, joyeuse et extravertie, rien qu’à l’écouter, je retrouve le sourire. J’ai l’impression qu’il n'y a personne autour de nous et ça m’est complètement égal. L'odeur de la bière, de la transpiration, l'humidité de la pièce a laissé place à cette douce odeur de parfum de fleur, son parfum. 

Soudain, son beau sourire s’effaça et son visage s’assombrit.  

— Mais je n’ai même pas été foutue de réussir une simple représentation, j’ai peut-être visé trop haut, surestimé mes capacités.  

 

— Je suis sûr que non, tu es talentueuse, ce sont eux qui ont raté quelque chose.  

 

Je n’ose pas lui dire que je l’ai vu au parc ce jour-là. 

— J'aimerais pouvoir m'évader, loin, comme quand j’étais étudiante. Avec mon père, il m’emmenait souvent faire des bivouacs pour prendre l’air. Respirer un peu, loin de mes cours.  

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