Fyctia
Chapitre 3.3 Louane
Au bout de quelques minutes, je me décide enfin à bouger, je marche droit devant moi toujours face à la cathédrale St-Jean, je m’arrête juste devant la première marche, je regarde vers la droite et fixe le métro au loin, mais je n’ai pas envie de rentrer. En fin de compte, je détache mon regard pour le laisser glisser vers ma gauche sur les petites rues pavées du vieux Lyon, je choisis cette direction. Je marche en plein milieu de la rue avec mes chaussures qui couinent, j’ai les pieds trempés. Je laisse mes pas me guider jusqu’à ce que je m'arrête net devant un bar ou la musique résonne dans toute la rue accompagnée d’éclats de rire à n'en plus finir. En levant la tête je remarque que le logo du bar et représenté par une pieuvre qui porte un chapeau, " overcraft café". Je pose mes mains sur la porte d’entrée. J’hésite. Je n’ose pas, ça va faire longtemps que je n’ai pas mis les pieds dans un bar, je me suis toujours concentrée sur mes études et sur mon rêve à tel point que j’ai mis certaines choses de côté. D'un coup, la porte s’ouvre et d’un mouvement de recul, je vois un homme petit avec une barbe parsemée de poils blanc qui s’excuse en s'écartant tout en me regardant de haut en bas. D’un signe de tête timide, je le remercie et rentre pour aller m'asseoir sur une chaise haute au comptoir. Je regarde autour de moi et remarque que c’est un bar gaming. Au niveau de l'entrée, il y a des banquettes positionnées en U devant une télé avec des gens qui jouent à Mario bros. De grandes tables rectangulaires ou des tables rondes disposées n'importe comment. D’autres personnes jouent à des jeux de société et au fond, il y a des banquettes où je remarque deux personnes assises. Une femme que je reconnais tout de suite. La femme au violon de la dernière fois. Elle a un charisme qu’on ne peut pas oublier. Elle est accompagnée d’un homme. Malgré sa barbe de trois jours et son allure un peu négligée, il est vraiment beau. Une mâchoire carrée, de grands yeux légèrement en amande, un chignon qui laisse deviner qu’il a les cheveux longs, je remarque immédiatement qu'ils sont frère et sœur par leur ressemblance. Il me dit quelque chose avec ses vêtements plein de peinture, au bout de plusieurs secondes à lui fixer un petit “excusez-moi” me sort de ma rêverie et je vois que lui aussi me regarde, je me sens rougir jusqu’aux oreilles et je tourne la tête si brusquement que je ressens une vive douleur aux cervicales. Je lève la tête et une jeune femme est plantée devant moi de l’autre côté du comptoir à me
regarder avec un grand sourire, elle se présente, puis se penche vers moi et me chuchote à l’oreille.
— Lui, c’est Gabriel, il travaille ici. Dit-elle avec un clin d’œil.
Bon là, ça y est, avec mon teint pâle, je dois ressembler à une tomate maintenant. Elle repart en rigolant pour revenir quelques secondes après en me tendant une carte. Je la parcours de haut en bas, je tourne les pages, jusqu’à ce que je tombe sur la pina colada, un cocktail que j’adorais avant. Je lui montre du doigt et elle s’empresse de le préparer.
Mon verre à la main, je bois petite gorgée par petite gorgée, en relisant plusieurs fois mon mail. Je sens les larmes revenir. Je repose en vitesse mon téléphone avant de perdre le contrôle de mes émotions. Je regarde à travers le hublot de la porte pour voir qu’il pleut toujours autant, puis un fracas se fait entendre dans tout le bar, je vois la serveuse, regarder de l’autre côté, je suis son regard qui tombe sur ce fameux Gabriel qui ramasse maladroitement des bouts de verre noyés dans une mare de bière jusqu’à ce que sa sœur prenne la relève en le poussant brutalement adans ma direction.
“Pousse-toi Gaston Lagaffe, tu en as assez fait”.
Je regarde devant moi tandis qu'il approche, et me met à compter les bouteilles sur les étagères mine de rien. “Pourquoi je me mets dans cet état-là, il va juste commander une autre bière… Et si c’était moi qu’il venait voir ? J’aperçois mon reflet dans le miroir derrière Lyse qui n’essaye même pas de ne pas sourire face à ma gêne plus qu’évidente. “Oh mon Dieu avec mes cheveux bouclés à moitié mouillés, je ressemble à un caniche qui sort tout juste du toilettage”
Un frisson parcourt tout mon être lorsque qu’une voix grave et chaleureuse juste derrière moi me dit :
-Bonsoir.
1 commentaire
Carl K. Lawson
-
Il y a un an