Fyctia
Chapitre 3.2 Louane
À l’arrêt de bus place Henri, cette fois-ci, je décide d’aller en direction de la Part-Dieu, je m’installe sur le siège juste derrière le chauffeur. Une idée me vient et je décide de faire un petit vlog du jour, je commence à filmer une première séquence dans le bus en faisant un petit coucou, je coupe la vidéo, je la regarde plusieurs fois pour m’assurer que l’angle est bien, que je n'aie pas une drôle de tête et surtout qu’on ne voit personne autour de moi et bien évidemment, je me retrouve à la refaire plusieurs fois jusqu’à ce que je réussisse enfin.
Arrivée à mon arrêt je commence à descendre, me frayant difficilement un passage entre les passagers arrivants, qui n’ont pas la patience d’attendre que tout le monde soit descendu, comme si le bus allait partir sans eux, je me prends un coup de coude dans le ventre, je m’éloigne en grimaçant tellement la douleur est vive. Je slalome entre les personnes qui sortent de la gare pour aller jusqu’à un grand bâtiment blanc vitré, avec deux grandes tours de chaque côté, le crayon et la gomme, originale comme les Lyonnais ont rebaptisé ces deux tours. J'arrive à me frayer un chemin et rentre dans le bâtiment, là aussi encore une fois, je prends mon téléphone pour filmer. En me dirigeant vers le fond du centre commercial puis à gauche, j'emprunte les escalators pour monter jusqu’à l’étage où se trouve la Fnac. En flânant un peu dans le rayon livre, je remarque qu’il est déjà, bientôt dix-sept heures. Je pourrai rester là des heures à feuilleter certains que j’aurais bien aimé avoir, mais je décide de partir pour aller faire un tour à vieux Lyon.
J'adore venir à vieux Lyon, quand on n’y rentre, on n’a plus l'impression d’être dans ce monde moderne. Posée sur la fontaine, face à la cathédrale, casque aux oreilles, j'écoute l’instrumental de Giselle acte par acte en me remémorant la scène, je profite du coucher de soleil d’une couleur rouge-orangé qui se reflète sur les murs blancs. Je me retourne et je vois perchée dans les hauteurs, la basilique de Fourvière avec la vierge Marie teintée d’or, s’illuminer dans ce paysage qui pour moi est l’endroit le plus poétique. Un petit son de cloche retentit comme un écho dans mes oreilles, je sursaute en reconnaissant la notification de ma boite mail. Aussitôt, je m’empare de mon téléphone qui est fourré dans ma poche et ouvre l’application pour voir en premier le nom de l’organisme du spectacle, je m’empresse de l’ouvrir. “Elle avait raison Julia”. Une goutte commence à tomber puis une autre, encore et encore jusqu’à ce que la pluie revienne, je laisse tomber mes bras mollement laissant les gouttes de pluie perler sur mon visage pour finir par se mélanger avec mes larmes.
“ Je n’ai pas eu le rôle. “
Je regarde devant moi, au loin, je remarque qu’il y a des gens qui courent dans tous les sens pour s'abriter. Deux personnes âgées marchent a grand pas, protégées sous leurs parapluies pour rejoindre le métro, une mère et ses enfants qui crient les dépassent, puis d’un groupe de jeunes qui court à l'opposé pour rentrer dans un bar, et… il y a moi, assise comme une andouille, sous la pluie à remettre en question mes choix, j’aurais dû écouter mes parents, pour une fille comme moi qui vient d’une petite cité de Chambéry… J’aurais dû continuer mes études de droit.
“Je ne suis pas née avec une cuillère d’argent à la bouche.”
“j’aurais dû être plus réaliste comme Julia et choisir un plus petit rôle je n’en serais pas là”
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