Lounalectures par delà les étoiles Chapitre 1.1 Louane

Chapitre 1.1 Louane

— Allez, courage ! Je sais que tu peux le faire, tu y arriveras, tu es douée, tu es la meilleure et tu es faite pour ça. ALLER !


Des coups retentissent sur le mur à ma droite, au-dessus de mon lit, suivis des hurlements de mon voisin qui me demande de faire moins de bruit.


Me voilà devant mon miroir à 8 h 30 du matin, musique à fond, poing levé, vêtue d'un petit débardeur à dentelle et d'une culotte, à m'encourager pour ma représentation de danse. J'auditionne pour le premier rôle… Gisèle… Un rêve.


Mon téléphone se met à sonner et à résonner dans toute ma chambre pour m’indiquer qu'il est l'heure de partir. « Eh merde… Je vais être en retard. » Je me dépêche de prendre sur ma chaise les premiers vêtements qui viennent, sans me préoccuper de leur harmonie. De toute façon, on me dit toujours que j'ai un style complètement décalé.


Je parcours rapidement du regard la pièce avant de la quitter. Si ma mère voyait l'état de ma chambre, je sais qu'elle me ferait un sermon, mais heureusement, j'ai mon propre appartement aujourd'hui et je m'y retrouve dans mon bazar organisé. Les vêtements qui sont sur la chaise sont ceux que j'ai déjà portés une fois, donc pas assez sales pour aller au sale et pas assez propres pour être rangés, un entre-deux en quelque sorte. Ceux qui jonchent le sol sont sales, bien évidemment. Et dans la corbeille se trouve le linge propre, que j'ai la flemme de plier et qui ne rejoindra jamais le placard. Oui, j'ai un placard, où dorment les vêtements que je ne porte jamais. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je les ai achetés.


Je file à présent jusqu'à la porte d'entrée, jette un dernier coup d'œil dans cette large pièce, qui est aujourd’hui mon chez-moi depuis seulement un mois, me retourne, attrapant mon sac à la volée et claque la porte sans même prendre soin de la fermer à clé. Je me mets à courir dans le couloir,  malheureusement, sans faire exprès, je bouscule mon voisin qui sortait en même temps que moi. Pas de temps à perdre en formules de politesse, c’est la course ! Je lance un simple « Désolée ! » sans lever la tête et continue mon chemin en descendant par les escaliers. Je pousse la porte de l'immeuble dans un fracas et me mets à courir le long du trottoir en direction de Grange Blanche qui se trouve à dix minutes de mon quartier, Montchat, afin de rejoindre ma station. Lyon semble aussi en retard que moi ce matin ; c'est l'effervescence dans les couloirs du métro.


Je ne sais pas pourquoi, il faut sans cesse que je repousse l'alarme de mon téléphone jusqu'à la dernière minute, m'obligeant à me préparer en quatrième vitesse.


Arrivée sur le quai, malheureusement, la rame se ferme et part juste devant moi. Je suis dépitée. Je vais être encore en retard, c'est dans mes habitudes, mes mauvaises habitudes. Je décide de m'installer sur l'un des sièges à côté des escaliers et, sans me demander si le mur est propre ou non, je pose ma tête en arrière en fermant les yeux pour attendre la prochaine rame.


Je me suis constamment demandé d'où venait cette passion pour la danse classique. Pas de mes parents en tout cas, ils ne sont pas de très bons danseurs… Mais pour moi, ça a continuellement été un désir, un rêve. Mes parents me disaient souvent que je savais déjà faire des levées de jambes avant même de savoir marcher, en m'accrochant au rebord de la table.


Après un long moment, je saisis mon téléphone dans mon sac pour faire un petit tour des réseaux sociaux. Voir si ma dernière vidéo, postée sur Tiktok, a fait des vues. Elle est pas mal « likée », j'ai quelques nouveaux abonnés également. Perdue dans cette bulle virtuelle, j'entends un son aigu qui vient jusqu'à moi petit à petit. C’est loin d’être un son désagréable, au contraire. Je redresse la tête en direction de la musique et me lève comme si mon corps était guidé par cette mélodie, me dirigeant pas à pas jusqu'à apercevoir une femme qui joue du violon. Elle me semble immensément grande. Les pieds écartés à largeur du bassin, son étui posé ouvert sur le sol, face aux escaliers, elle est là à jouer un morceau connu appelé "Fairytale". Ses cheveux bruns en carré se balancent au rythme de ses mouvements. Ses yeux fermés, les sourcils froncés et ses lèvres retroussées, elle est tellement concentrée.


— Elle est vachement douée, pensais je.


Je pense que mon côté artistique, je le dois à ma mère, qui était, elle aussi, une violoniste talentueuse. Quand je regarde cette femme, j’ai l’impression de retourner en enfance, quand je dansais pendant que ma mère jouait. Dans le salon, elle était toujours debout à côté de la table de salle à manger pour jouer des airs plutôt classiques. Mon père poussait le canapé pour que je puisse danser en toute liberté, malgré notre petit appartement de cinquante-cinq mètres carrés que nous avions.


Je ferme à nouveau les yeux et me laisse transporter par les notes. J’associe des images, des éclats de peintures qui explosent sur un fond blanc, avec des milliers de couleurs qui apparaissent : du bleu, du rose et du jaune qui ondulent autour de moi tel un serpent, des bulles de couleurs qui explosent à chaque mouvement de danse. Mon cœur rempli de bonheur, ces merveilleuses sensations qui font vibrer tout mon être. Sans m'en rendre compte, je me sens    m’allonger, mes mains se lèvent au-dessus de ma tête puis redescendent gracieusement. Je souris, les yeux clos . Je me laisse entraîner, je me lance et tournoie, balançant les bras dans un mouvement stratégique. D'un bras en l'air, je lance ma jambe au plus haut devant moi dans un grand battement suivi d'une pirouette, d'un jeté, pour finir sur une dernière note par une simple, mais néanmoins très jolie arabesque.


« Ça, c'est la mélodie du bonheur. »


J'ouvre les yeux et me rends compte que je suis entourée de personnes qui me fixent. Les applaudissements timides de deux ou trois personnes encouragent le reste de l'assemblée à nous gratifier d'une standing ovation. Mal à l'aise et gênée, je cherche des yeux la violoniste qui semble s’être volatilisée en un éclair.


Soudain, un sifflement strident me fait grincer des dents. Les rames du métro arrivent des deux côtés de la station. Des personnes montent sans même laisser le temps aux arrivants de descendre, comme toujours. Je me dépêche à mon tour de monter et m'installe dans un coin entre la porte et les sièges de la rame bondée. Une forte odeur me monte jusqu'au nez. Un homme est posté juste en face de moi, son téléphone à la main, sur lequel je remarque des traces d'encre et des ongles noircis. Tout en regardant le mien, j’observe discrètement sa tenue. Il porte sur lui un pantalon noir, recouvert de taches de peinture. Je suis impressionnée par sa taille, lui aussi est gigantesque. Il a un style plutôt cool avec son t-shirt et sa veste en jean, si on fait abstraction du fait qu'elle est également pleine de taches et que l'odeur d'huile vient de lui.


suite chapitre 1.2


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1 commentaire

Alice Petit

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Il y a un an

Petit like d'encouragement avant de commencer à lire ton histoire :) J'ai été happée par ton joli résumé, je repasserai te lire incessamment sous peu !
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