Fyctia

Alors qu’elle tente de maintenir une façade de normalité, la réalité de sa situation devient de plus en plus difficile à ignorer. Chaque jour qui passe à la ferme renforce son isolement et son sentiment d’enfermement. Le cadavre de Judith, caché dans la cave, devient un secret qui la hante constamment, alors même qu’elle s’efforce de continuer sa routine quotidienne.

Palmyra sait que le temps joue contre elle. Son père, bien qu’immobile et muet, est un rappel constant de son acte, un témoin silencieux qu’elle ne peut ignorer. Elle commence à éviter son regard, ressentant un poids croissant de culpabilité chaque fois qu’elle doit s’occuper de lui. Ses soins envers lui deviennent mécaniques, dépourvus de l’attention qu’elle lui portait autrefois. Le simple fait de le nourrir ou de l’asseoir dans sa chaise roulante devient une corvée insupportable, car chaque geste lui rappelle son incapacité à fuir cette vie.

À mesure que son état mental se détériore, Palmyra commence à voir des signes de sa mère partout dans la ferme. Elle perçoit des ombres qui se déplacent furtivement, comme si Judith continuait à l’observer depuis l’au-delà. Les hallucinations deviennent de plus en plus réalistes et terrifiantes. Palmyra entend parfois la voix de sa mère, lui reprochant ses actions, la qualifiant d’égoïste et d’imbécile. Ces voix, bien qu’imaginaires, résonnent dans son esprit comme un écho de la réalité. Elle commence à craindre que la ferme soit hantée par l’esprit de sa mère, une manifestation de la culpabilité qu’elle refuse de reconnaître.

Dans un moment de panique, Palmyra se met à parler à voix haute, s’adressant à sa mère comme si elle était toujours vivante. Elle lui explique pourquoi elle a dû agir ainsi, tentant de se convaincre que tout ce qu’elle a fait était nécessaire. Ses paroles deviennent de plus en plus incohérentes, mais pour Palmyra, c’est une façon de trouver un sens à sa situation. Chaque fois qu’elle entend ces voix ou aperçoit des ombres, elle essaie de les chasser en répétant qu’elle n’avait pas le choix, qu’elle méritait de se libérer.

Le monde extérieur commence à s’effacer de son esprit. Palmyra, qui rêvait autrefois de danser sur de grandes scènes et d’échapper à la ferme, ne pense plus qu’à la survie immédiate. Son rêve de gloire est désormais un souvenir lointain, presque irréel. Elle ne sort plus vraiment de la ferme, se contentant de s'occuper des animaux et de la maison comme une automate. L’audition, qui avait représenté un espoir d’évasion, lui semble maintenant ridicule. Comment avait-elle pu croire, ne serait-ce qu’un instant, qu’elle pouvait être autre chose qu’une simple fermière ? La réalité de son existence l'écrase, et tout ce qu’elle avait envisagé pour son futur s’est dissous dans un cauchemar.

Cependant, au milieu de cette spirale de folie, un dernier espoir semble renaître. L’homme du cinéma, celui avec qui elle avait partagé une connexion intense plus tôt, réapparaît. Palmyra, désespérée et avide d’une bouée à laquelle s'accrocher, accueille sa visite comme une opportunité de s’échapper de nouveau, d’oublier son acte et de fuir cette ferme maudite. Pour elle, cet homme représente le seul lien avec l’extérieur, une chance de fuir cette vie de plus en plus étouffante.

Lorsque l'homme lui rend visite, il est initialement charmé par la beauté étrange de Palmyra, bien qu'il ne soupçonne pas la tragédie qui se cache derrière ses manières parfois excentriques. Palmyra, quant à elle, commence à voir en lui non seulement un compagnon potentiel, mais aussi une échappatoire. Elle se montre douce et séductrice, essayant de recréer la magie de leur première rencontre. Ils parlent de films pornographiques, de la ville, de la possibilité d'une vie différente.

Pour elle, cet homme devient une figure de salut. Elle projette sur lui tous ses rêves brisés, espérant qu'il puisse l’emmener loin de la ferme, loin des horreurs qu’elle a causées. Mais très vite, l’homme commence à remarquer que quelque chose ne va pas. Il perçoit des incohérences dans le comportement de Palmyra, ses sautes d’humeur soudaines, ses tentatives maladroites de masquer son désespoir. La ferme elle-même, avec son atmosphère oppressante et délabrée, ajoute à l’étrangeté de la situation.

Palmyra, de plus en plus instable, commence à dévoiler des fragments de vérité, sans vraiment s'en rendre compte. Elle évoque sa mère de manière confuse, parle de son père comme d’un fardeau insurmontable, et laisse entendre que quelque chose de terrible s’est produit. L’homme du cinéma, d’abord intrigué, devient peu à peu inquiet. Il sent que quelque chose ne va pas chez la jeune femme, qu'elle cache quelque chose de bien plus sombre qu’il ne l’avait imaginé.

Le malaise s’installe progressivement. L’homme, qui pensait initialement pouvoir passer un moment agréable avec Palmyra, commence à chercher des excuses pour partir. Il se rend compte que l’environnement est bien trop oppressant, et surtout, que Palmyra n’est pas la femme rêveuse et pleine d’ambition qu’il avait imaginée. Ses fantasmes d’évasion et de célébrité se sont transformés en une obsession maladive et déconnectée de la réalité.

Lorsque l’homme exprime finalement son désir de partir, Palmyra panique. Elle comprend que son rêve d’évasion s'effondre à nouveau. Cet homme, qu’elle voyait comme sa dernière chance de fuir, est en train de lui échapper. Sa détresse psychologique s’accentue, et la peur de l’abandon la submerge. Elle ne peut pas supporter l’idée d’être encore une fois laissée derrière, piégée dans cette ferme avec les fantômes de son passé.

Dans un moment de désespoir, Palmyra tente de le retenir, d’abord par des paroles suppliantes, puis en essayant de le séduire. Mais son comportement bizarre ne fait qu’effrayer davantage l’homme, qui insiste pour partir. C’est alors que Palmyra, sentant son rêve s’éloigner pour de bon, bascule dans une violence incontrôlée. La peur et la rage s’emparent d’elle, et, dans un accès de folie, elle attaque brutalement l’homme du cinéma à l'aide d'un couteau en le poignardant à neuf reprises à la nuque.

L’attaque est rapide et violente, révélant à quel point Palmyra est désormais contrôlée par sa propre folie. L’homme, pris par surprise, tente de se défendre, mais Palmyra, dans sa frénésie, ne lui laisse aucune chance. Comme avec sa mère, elle utilise tout ce qui lui tombe sous la main, frappant encore et encore, jusqu’à ce que l’homme cesse de bouger. Son corps gît désormais sans vie, une autre victime de la folie destructrice de Palmyra.

Après cet acte, elle se retrouve de nouveau seule, confrontée aux conséquences de sa violence. Le corps de l’homme s’ajoute à celui de sa mère dans la cave, et Palmyra réalise qu’il ne lui reste plus rien. Ses tentatives d’évasion ont échoué, et maintenant, elle est prisonnière non seulement de la ferme, mais aussi de ses propres actions.