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LE REFUS DE LA RÉALITÉ
Après le meurtre brutal de l’homme du cinéma, Palmyra est plongée dans un état de choc. Elle observe le corps inerte de cet homme qu’elle avait cru être sa dernière chance de fuir la ferme. Son esprit, déjà fragilisé par des mois de frustration, de violence et de solitude, commence à s'effondrer sous le poids de ses actes. Pourtant, dans ce chaos intérieur, elle refuse de se laisser submerger par la panique. Elle décide de traiter cet événement comme elle l’a fait pour sa mère : en l’enterrant, littéralement et mentalement.
La première chose que Palmyra fait est de déplacer le corps de l’homme du cinéma dans la grange. Chaque mouvement est lourd de sens : elle traîne le corps avec une précision froide, presque détachée, comme si cet acte n’était qu’une tâche parmi d’autres. Elle sait qu’elle doit cacher ce nouveau cadavre avant que quelqu’un ne s’en aperçoive. Sa stratégie est simple : faire disparaître toute trace de cet homme, tout comme elle a caché sa mère. Dans son esprit dérangé, cela semble être la seule solution logique.
Palmyra commence par creuser une fosse à l’arrière de la ferme, près de l’endroit où elle a déjà enterré d’autres animaux morts. Le sol est humide et dur, mais elle ne s’arrête pas. Chaque coup de pelle est accompli avec une détermination mécanique, comme si elle ne ressentait plus aucune émotion. Pour elle, la solution à ses problèmes est claire : tant qu’elle peut cacher la vérité sous la terre, personne ne saura ce qui s’est passé. Son esprit est désormais obsédé par l’idée de garder son secret, à tout prix.
Alors qu’elle recouvre le corps de terre, Palmyra se parle à elle-même. Ses murmures révèlent une confusion croissante entre réalité et fantasme. Elle se persuade que cet homme n’était pas fait pour elle, que ce n’était qu’un imposteur, quelqu’un qui ne pouvait pas comprendre ses rêves. Elle reformule l’histoire dans sa tête, s’inventant des excuses et des justifications pour ce qui vient de se passer. À mesure que les grains de terre recouvrent le corps de l’homme, son esprit recouvre également ses remords et ses doutes.
Cependant, après avoir enterré l’homme, Palmyra ne peut échapper à la réalité que pour un temps. La maison, désormais imprégnée de la mort, devient un lieu d’angoisse et de tension croissante. Le silence, autrefois apaisant, est maintenant une présence oppressante. Chaque bruit, chaque craquement de plancher, chaque souffle de vent contre les fenêtres semble porter un message, une accusation. Le poids de ses actes pèse sur ses épaules, et elle commence à sentir pas à pas de la folie se resserrer autour d’elle.
Palmyra tente de retrouver un semblant de routine, mais ses tâches quotidiennes sont hantées par ses propres pensées. Elle continue de s’occuper de son père, mais le contact avec lui devient de plus en plus difficile. Chaque fois qu’elle pose les yeux sur lui, elle se rappelle qu’il est le seul témoin, même silencieux, de tout ce qui s’est passé. Elle se convainc qu’il sait ce qu’elle a fait, qu’il peut sentir la mort qui l’entoure, même s’il est incapable de parler ou de bouger.
Alors que la culpabilité et la paranoïa grandissent, Palmyra commence à perdre toute perception claire du temps. Les jours se succèdent sans qu’elle puisse les distinguer. Chaque matin, elle se réveille avec l’impression d’être coincée dans un cycle interminable de peur et de solitude. Sa folie, jusqu’ici dissimulée derrière une façade de normalité, commence à s’exprimer de manière plus ouverte. Elle parle à voix haute, tient des conversations imaginaires avec sa mère et l’homme du cinéma, comme si elle pouvait réécrire les événements en fonction de ses désirs.
C’est à ce moment que Mitsy, sa belle-sœur, réapparaît. Ignorant tout des événements récents, Mitsy vient rendre visite à Palmyra, inquiète du silence inhabituel venant de la ferme. Elle s’attend à trouver une Palmyra abattue par son échec à l’audition, mais ce qu’elle découvre la laisse perplexe. Palmyra, toujours vêtue de ses robes impeccables, affiche un comportement de plus en plus étrange. Son sourire est figé, ses gestes sont nerveux, et ses réponses aux questions de Mitsy sont durs, incohérentes.
Mitsy, bien qu’inquiète, essaie de briser la glace en évoquant de nouveaux projets pour l’avenir, parlant d’une nouvelle audition qui pourrait se présenter dans la ville voisine. Mais Palmyra, perdue dans ses propres pensées, ne réagit pas comme Mitsy s’y attend. Elle se met à parler de manière obsessionnelle de la ferme, de la nécessité de rester ici et de s’occuper de ses parents. Elle décrit la vie à la ferme comme un devoir sacré, quelque chose que Mitsy, avec son esprit libre et rêveur, ne pourrait jamais comprendre.
Alors que Mitsy tente de comprendre l’état d’esprit de sa belle-sœur, cette dernière commence à la regarder d’un œil douteux. Palmyra, envahie par la paranoïa, se met à douter des intentions de Mitsy. Dans son esprit troublé, elle voit sa belle-sœur comme une menace potentielle. Elle se convainc que Mitsy pourrait découvrir son secret, qu’elle pourrait comprendre ce qui est arrivé à Judith et à l’homme du cinéma. La peur que Mitsy ne dévoile la vérité alimente un sentiment de menace croissante chez Palmyra.
Le malaise s’intensifie lorsque Mitsy mentionne son propre succès à l’audition. Elle révèle qu’elle a été choisie pour participer à un spectacle, ce qui colle directement avec l’échec de Palmyra. Cette révélation déclenche une jalousie intense chez elle, qui voit en Mitsy tout ce qu’elle aurait pu être, tout ce qu’elle n’aura jamais. Dans l’esprit de Palmyra, Mitsy devient l’incarnation de ses rêves brisés, de sa propre incapacité à échapper à la ferme.
Alors que Mitsy parle avec enthousiasme de son futur, Palmyra, dans un accès de rage silencieuse, imagine ce que sa vie aurait pu être si elle avait été choisie. Elle se voit sur scène, acclamée par des foules, vivant la vie dont elle a toujours rêvé. Mais cette vision est brutalement interrompue par la réalité de son échec et des corps qu’elle a enterrés. La tension monte à mesure qu'elle devient de plus en plus jalouse et instable.
À un certain moment, Mitsy se rend compte que quelque chose ne va pas. Le comportement de Palmyra devient de plus en plus menaçant, et Mitsy, sentant le danger, essaie de trouver une excuse pour partir. Mais Palmyra, désormais envahie par la jalousie et la paranoïa, ne peut supporter l’idée que Mitsy s’en sorte alors qu’elle est condamnée à cette vie de solitude et de violence. Mitsy représente tout ce qu'elle a perdu, et dans son esprit détraqué, elle commence à envisager une solution finale.
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