Fyctia
L'EMPRISE DE LA FOLIE
Après la mort de sa mère, Judith, Palmyra se retrouve dans un silence oppressant, seule au milieu de la ferme avec le corps sans vie de celle qui a contrôlé chaque aspect de son existence. La brutalité de l'acte commence à pénétrer son esprit, mais Palmyra refuse de céder à la panique. Au lieu de cela, elle se trouve étrangement calme, comme si le meurtre de sa mère, bien que choquant, représentait une sorte de libération intérieure. La dictature de Judith est enfin terminée, mais le prix de cette liberté est lourd.
Dans les premières heures qui suivent le meurtre, Palmyra est confrontée à une décision cruciale : que faire du corps de sa mère ? Elle sait que si quelqu’un découvre ce qu’elle a fait, sa vie serait définitivement ruinée. Mais Palmyra, refusant d’abandonner le contrôle qu’elle vient à peine de prendre, décide de garder la situation sous contrôle. Elle traîne le corps de sa mère vers la cave de la maison, un endroit sombre et froid, symbole de la répression et des secrets enfouis de la famille. Là, elle cache le corps, prenant soin de le dissimuler sous des couvertures et des sacs, espérant que personne ne le trouvera jamais.
Palmyra tente ensuite de reprendre une apparence de normalité. Elle nettoie la maison, effaçant toute trace de la confrontation violente avec sa mère. Chaque geste qu’elle fait est mécanique, comme si elle jouait le rôle de la parfaite femme au foyer. Pourtant, sous la surface, quelque chose se brise en elle. Le poids de son acte commence lentement à la ronger. Elle sait qu’elle ne peut pas simplement ignorer ce qui s’est passé, mais elle refuse d’affronter la réalité de ses actions. Sa seule option, pense-t-elle, est de continuer à avancer, comme si tout était normal.
Palmyra doit également s’occuper de son père, cloué sur sa chaise, incapable de bouger ni de parler. Son regard est vide, mais il est le seul témoin des événements récents, bien qu’il soit physiquement incapable de révéler ce qu’il a vu. Pourtant, Palmyra commence à se sentir de plus en plus mal à l’aise sous son regard. Elle se demande s’il comprend ce qu’elle a fait, si son esprit, enfermé dans un corps paralysé, est capable de juger ses actions. La présence de son père devient une source de tension constante pour elle, qui ne supporte plus son silence.
Au fil des jours, la solitude et le poids de son secret commencent à peser sur Palmyra. La ferme, autrefois un lieu de travail et de discipline imposé par sa mère, devient désormais une prison mentale. Chaque coin de la maison lui rappelle sa mère et le contrôle qu’elle exerçait sur elle. Les tâches quotidiennes que Judith imposait avec rigueur se transforment en un rappel constant de la réalité qu’elle ne peut plus fuir. Elle essaie de se convaincre qu’elle est enfin libre, mais l’ombre de Judith semble toujours planer sur elle, étouffant tout sentiment de véritable libération.
Palmyra avait tout pour maintenir l’illusion d’une vie normale. Elle sort dans les champs, nourrit les animaux, et tente de s'occuper de la maison comme si de rien n’était. Mais à chaque instant, elle sent la pression monter. La culpabilité et la paranoïa commencent à l'envahir. Elle, qui avait si souvent rêvé d’évasion, se retrouve piégée dans une prison bien plus terrifiante que la ferme elle-même : celle de son propre esprit. Son monde devient de plus en plus étroit, chaque bruit dans la maison, chaque craquement de plancher lui donne l'impression que quelqu'un, quelque part, découvre ce qu'elle a fait.
C’est alors que Mitsy, sa belle-sœur, lui rend visite. Mitsy, toujours pleine de vie et confiante, arrive sans se douter de la tragédie qui s’est jouée dans la ferme. Elle demande des nouvelles de sa mère Judith, et Palmyra, forcée de mentir, prétend que sa mère est malade et se repose à l'intérieur. Mitsy accepte cette explication sans poser trop de questions, mais sa présence réveille une inquiétude grandissante chez Palmyra. Chaque interaction avec le monde extérieur devient une épreuve de dissimulation. Mitsy parle de l’audition à l’église, essayant de remonter le moral de Palmyra après leur échec, mais pour celle-ci, ces mots n’ont plus aucun sens. Le rêve d’évasion par la danse est désormais lointain, éclipsé par la noirceur de ce qu’elle a fait.
Peu à peu, Palmyra commence à perdre pied avec la réalité. Elle imagine que sa mère, bien que morte, continue de la surveiller, de la juger. Dans ses moments de solitude, elle croit entendre la voix de Judith, lui reprochant ses choix, lui rappelant qu’elle n’échappera jamais à son destin. Ces hallucinations deviennent de plus en plus fréquentes, plongeant Palmyra dans une spirale de folie. Elle voit des ombres dans les coins de la maison, des silhouettes qui lui rappellent sa mère, comme si l'esprit de sa mère rôdait encore autour d’elle, refusant de la laisser en paix.
Son comportement devient de plus en plus étrange. Elle parle à son père comme si celui-ci pouvait encore la comprendre, lui expliquant pourquoi elle a dû tuer sa mère, cherchant une justification à son acte. Elle lui raconte ses rêves brisés, sa frustration de ne jamais pouvoir quitter la ferme, comme si elle cherchait désespérément une validation de la part de cet homme qui ne peut ni bouger ni parler. Mais le regard vide de son père, immobile sur sa chaise, ne fait qu’alimenter son malaise. Palmyra commence à envisager que son père, en silence, la juge tout autant que sa mère.
Plusieurs jours passent, et Palmyra, dans son isolement, finit par se convaincre que tout ce qu’elle a fait était justifié. Elle se persuade que sa mère méritait ce qui lui est arrivé, que cet acte de violence était le seul moyen pour elle de se libérer. Mais en même temps, elle sent que cette justification se partage, que au fond d'elle, la culpabilité et la folie la rongent de plus en plus.
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