Fyctia

— Lana, tu n'es pas obligée de continuer, fais-je doucement en voyant les larmes commencer à couler.

Elle les essuie d'un geste vif et pose son regard empli de tristesse sur moi. 

— Si, il le faut Devon, répond-elle avant de continuer d'une voix tremblante. Il a commencé à devenir suspicieux sur tout et à épier mes faits et gestes. Il fallait sans cesse que je lui dise ou je me trouvais et surtout avec qui. Et il entrait dans des colères noires si je tentais de lui tenir tête. Car oui avant, j'avais énormément de caractère, un peu trop même parfois. Au début, il n'était pas spécialement violent physiquement, il utilisait surtout les mots pour frapper là où ça fait mal. Et je suis tombée sous son emprise... Shirley me répétait souvent de le quitter, enfin le peu de fois que je pouvais la voir seule, mais j'étais naïve et amoureuse... Et je me disais que s'il était devenu comme ça, ça ne pouvait être que de ma faute, car avant il était complètement différent. Et puis, je pensais qu'il avait sans doute raison de dire que sans lui je n'étais rien. Petit à petit, il a réussi à me couper du monde extérieur. Au lycée il me gardait toujours près de lui et si j'avais le malheur de regarder ou de parler à l'un de ses amis, il pétait les plombs. Jamais en public par contre, toujours quand on se retrouvait seul tous les deux. 

Elle ferme les yeux un instant et prend une grande inspiration avant d'ajouter :  

— La première fois que j'ai évoqué l'idée de le quitter, il est devenu fou. On s'est disputé, il m'a poussé violemment et je suis tombée dans les escaliers.  

Je vois un éclat de douleur traverser ses yeux à l'évocation de ce souvenir. Je sens ma mâchoire se contracter et appréhende la suite de ce qu'elle va me dire. 

— Bien sûr, il s'en est tout de suite voulu. Après cet épisode, j'ai bêtement cru que j'avais retrouvé celui dont j'étais tombée amoureuse au début. Il était de nouveau aux petits soins pour moi et me comblait d'affection. Mais ça n'a pas duré longtemps et les choses n'ont fait que dégénérer, jusqu'à ce fameux jour... 

Elle se met soudain à trembler sous l'émotion de ses souvenirs et je saisis ses mains entre les miennes. Son regard plonge dans le mien un court instant et elle esquisse un bref sourire avant de poursuivre d'une voix faible : 

— Je n'étais plus que l'ombre de moi-même mais il me restait un soupçon de force. J'ai donc décidé de dire stop pour de bon. On était chez lui quand je lui ai annoncé que nous deux c'était fini. Quand j'ai vu la rage dans son regard, j'ai su que ça aller sérieusement déraper. On s'est disputé. Il pensait que je voulais le quitter pour un autre gars. Au moment où j'ai voulu partir il m'a brutalement saisi par le cou, à commencer à serrer et m’a violemment giflé. J'étais dans un état second et totalement terrorisée, que je n'ai vraiment réalisé ce qu'il me faisait que quand la lame de son couteau a commencé à entailler ma peau. Sa dernière phrase avant que je ne sombre dans l'inconscience sous le coup de la douleur a été : "Si je ne peux plus t'avoir, alors je vais faire en sorte que plus personne ne t'ais ! "