Fyctia

Dimanche, 14h. Je viens d'arriver à Prospect Park, lieu où Devon m'a donné rendez-vous. Nous sommes mi-octobre, le temps est déjà bien frais pour la saison, mais les couleurs d'automne rendent ce parc encore plus beau à mes yeux. J'apprécie donc beaucoup de m'y rendre à cette période de l'année. Je repère un banc et m'y assois. Je dois avouer que je ne suis pas vraiment à l'aise. J'appréhende beaucoup ce rendez-vous. Sans pouvoir me l'expliquer, j'ai l'impression que cette discussion peut tout changer entre lui et moi. J'ai le sentiment de ne rien contrôler et ça m'angoisse.  

 J'aperçois Devon arriver. Les mains dans les poches de son blouson, tête baissée, il semble plongé dans ses pensées.  

— Salut, fais-je timidement lorsqu'il arrive à mon niveau.  

— Salut, réplique-t-il l'air intimidé. Ça te dit qu'on marche un peu ?  

Nous marchons en silence pendant plusieurs minutes, avant qu'il ne se décide enfin à briser le silence.  

— Écoute Lana, je tenais encore à m'excuser pour ce qui s'est passé avec Seth vendredi soir et ... 

— Tu n'y es pour rien, le coupé-je. Ce n'est pas de ta faute si Seth est un vrai con !  

Je vois une ombre passer dans son regard et son visage se ferme brusquement. Il ne relève pas et poursuit : 

— Je voulais aussi m'excuser, pour Meghan, ajoute-t-il d'un air gêné en passant une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière. Ce n'était pas cool de ma part de te dire que je voulais apprendre à te connaître et ensuite de m'afficher avec elle devant toi. Même si c'est elle qui est m'a sauté dessus.  

— Mais tu ne l'as pas repoussé, je lance sans réfléchir avant de mettre mes mains devant ma bouche et de stopper net en réalisant la portée de mes propos. 

— Non, je ne l'ai pas fait, c'est vrai. Mais j'aurais dû, dit-il en se postant face à moi, car il y a une autre personne qui occupe mes pensées depuis un long moment maintenant. 

Il s'avance vers moi, plonge ses yeux gris dans les miens et entoure mon visage de ses mains.  

Il m'observe avec intensité, me laisse l'opportunité de reculer si je le souhaite, mais je suis pétrifiée. Je devrais le repousser, pourtant, à ce moment précis, je n'ai qu'une seule envie : qu'il m'embrasse. Et soudain, avant même que je ne le réalise, sa bouche capture la mienne. J'oublie même que l'une de ses mains et posée sur l'horreur qui me défigure, car au contact de ses lèvres sur les miennes, je perds pied et une explosion de sensations me submerge. C'est un baiser à la fois doux et brutal, possessif et passionné, comme une urgence, un besoin vital. Jamais un baiser de m'avait fait autant d'effet. Et quand il décide de l'approfondir, je dois me retenir à ses épaules pour ne pas sombrer. Jamais personne ne m'avait embrassé de cette manière. 

Il met fin à notre étreinte et appuis sa tête contre mon front. Les yeux fermés, le souffle court, je peine à calmer les battements fous de mon cœur. Il s'écarte soudain de moi, ce qui me fait ouvrir les yeux, mais maintient ses mains autour de mon visage.  

— Tu me rends complètement fou, m'avoue-t-il en me regardant droit dans les yeux. Et j'avoue ne pas vraiment savoir comment réagir face à tout ça, car ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti ce genre de chose pour une fille.  

Ces paroles se répercutent en moi faisant bondir mon cœur de joie, mais très vite la réalité me rattrape. Je me souviens de ce qu'il m'a dit concernant sa relation avec Meghan et des bruits de couloir entendus au lycée. Je m'écarte donc de lui à regret.  

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-il surprit. 

— Je ne suis pas comme Meghan, murmuré-je la boule au ventre. Je ne suis pas aussi belle, pas aussi populaire.  Et je ne pourrais jamais accepter le genre de relation que tu as avec elle ou les autres. Donc, qu'est-ce-que tu attends vraiment de moi Devon ?