Fyctia

Je ne sais absolument pas ce qui m’a pris de lui proposer mon aide ! Et jamais je n’aurais pensé qu’il puisse accepter. Je m’attendais plutôt à ce qu’il m’ignore ou qu’il m’envoie bouler. Pourquoi il a accepté ? Il a pourtant paru totalement surprit quand je lui ai proposé, que j’ai cru un moment qu’il allait me rire au nez. Je décide de me ressaisir. Après tout, c’est moi qui lui ai offert mon aide, maintenant faut que j’assume ! Je prends mon livre de cours que je place entre nous deux tandis qu’il rouvre son cahier.

Je passe les vingt dernières minutes du cours à lui expliquer la leçon et à l’aider à faire son exercice, faisant au mieux pour éviter les regards des autres élèves que je sens poser sur moi et leurs chuchotements. Mme Harrington a eu l’air stupéfiée quand elle m’a vu aider Devon. J’ai bien vu qu’effectivement les maths, c’est pas du tout son fort. Mais je crois avoir réussi à lui faire comprendre au moins cette leçon et je suis plutôt fière de moi. Dans mon ancien lycée, avant que tout parte en vrille, je donnais régulièrement des cours de soutien et j’adorais ça. 

Devon est concentré sur son exercice et j’en profite pour l’observer un peu. Il a le teint légèrement hâlé, un nez droit, des lèvres pleines et toujours ses mèches qui tombent devant ses yeux. Il m’intrigue. Pas par son physique plus qu’avantageux, mais par ce qu’il dégage. Il semble froid et distant, presque impénétrable au premier abord, pourtant j’ai décelé autre chose dans ses yeux, sans être parvenue à saisir de quoi il s’agit. Je penche légèrement la tête vers lui, afin de voir où il en est de son exercice. Son odeur captivante me saisit, mélange de son gel douche ou autres parfum aux notes boisées et celui de sa peau, et je sens mes mains devenir moites. Une sensation jusqu’alors inconnue me saisit et je dois prendre sur moi, pour ne pas m’écarter précipitamment. 

Il pose alors son stylo, se redresse légèrement et tourne la tête vers moi, si bien que nos visages ne se retrouvent plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Je sens mon cœur s’accélérer et mon visage rougir quand je vois son regard dévier sur mes lèvres. Je me recule et saisis son cahier afin de vérifier son exercice. J’essaye de ne pas faire cas des sensations qu’il a éveillées en moi ni de son regard que je sens peser et me concentre sur ce qu’il a écrit.  

— C’est pas mal pour un début.  Encore quelques erreurs, mais si on compare à ce que tu as fait avant, c’est nettement mieux.   

—  Merci, répondit-il avec un sourire franc. 

La sonnerie retentie au moment où je finis de lui indiquer les erreurs qu’il a fait. Je lui rends son cahier, qu’il met dans son sac avant de se lever et de se diriger vers la porte. Je rassemble à mon tour mes affaires et au moment où j’allais sortir la prof m’interpelle :  

— Mlle Baker, j’aimerais vous voir un instant.   

— Oui bien sûr, lui dis-je doucement, sentant les autres m’observer en passant tandis que Devon me lancer un regard curieux avant de sortir à son tour. 

Une fois la classe vide, Mme Harrington me fait signe de m'assoir avant de se lancer :  

— Mlle Baker, je vu que vous aviez d’excellentes notes dans votre ancien lycée, avant l’accident qui ai noté dans votre dossier. Et j'ai également pu voir que vous aviez réussi à remonter vos notes rapidement.   

Mes mains se crispent entre elles et mon visage se ferme à l’évocation de ce passage.  

— Je sais aussi que vous donniez des cours de soutien, poursuit-elle d’une voix douce en ayant perçu mon trouble, et je vous avoue avoir étais plus que surprise de voir Mr Brooks travailler avec vous. Si le cœur vous en dit, nous manquons cruellement de personnes pour les cours de soutien et je serais ravie de pouvoir compter sur votre aide.  

— Euh, je ne sais pas trop...  fais-je hésitante.  

— Prenez le temps de réfléchir et quand vous aurez pris votre décision, revenez me voir.   

— D’accord, je n’y manquerais pas.   

Je sors de la salle et suis surprise de voir Devon m’attendre.   

— Merci encore pour les maths, fait-il d’une voix chaleureuse son regard gris ancré dans le mien.  

— De rien, lui répondis-je, gênée par cet échange auquel je ne sais pas du tout comment réagir.   

L’année dernière, bien avant le fameux « accident », j’aurais pu animer la conversation sans soucis, j’aurais même sûrement plaisanté avec lui. Mais là maintenant, tout est différent. C’est donc en silence que nous nous dirigeons chacun vers nos salles de cours respectives.   

La cloche retentie pour la dernière fois de la journée et je la lâche un soupir de soulagement. La journée a été rude en émotions et je n’ai qu’une envie : aller me blottir dans mon lit avec mon Pc et ma série du moment. Molly et Vicky me prennent chacune par un bras, comme si nous étions toutes les trois des amies de longue date, et c’est bras dessus bras dessous que nous sortions de la salle.   

— Tu comptes lui répondre quoi ?  demande Molly à Vicky.  

— Je ne sais pas encore. Il me plaît oui, mais je ne sais pas.   

Je les regarde d'un air interrogateur jusqu’à que Molly me mette au parfum.  

—  Alex, un des gars qui est en math avec nous et qui flash sur Vicky depuis un moment, à enfin osé lui demander de sortir avec lui.   

— Il est comment cet Alex ?  lui demandais-je.  

Les yeux de Vicky se mettent à pétiller quand elle commence à me parler de lui :  

— Il est vraiment adorable est très beau. Grand, châtain avec de magnifiques yeux noisette et d’une telle gentillesse !   

Elle se perd dans ses pensées en parlant de lui ce qui me fait sourire.   

— Alors pourquoi tu hésites ?   

— Jusqu’à présent je le voyais plus comme un ami, bien qu’il me plaise depuis un moment, et j’ai peur que si ça ne marche pas entre nous, on ait gâché une amitié pour rien.  

— Moi je pense que tu devrais dire oui, lui dit Molly. Vous vous tournez autour depuis un moment et je vois bien comment il te regarde. Je pense que ça pourrait vraiment marcher entre vous.   

— C’est vrai ?  fait Vicky des étoiles plein les yeux.  

— Absolument.   

— Lana !   

Je relève la tête vers la personne qui m’interpelle soudain et me fige quand je vois Seth se diriger vers nous. Les filles se sont arrêtées elles aussi et restent bouche bée à l'observer avancer, un bouquet de fleurs à la main.