Fyctia
Chapitre 2 -Sam partie 1
Arrivé depuis déjà une heure au Bourget, le seul endroit à Paris où décolle les jets privés, je vérifie une dernière fois que mon tout mon matériel de photographie soit rangé à sa place et que je n’ai rien oublié. Les objectifs, les nombreuses cartes mémoires, mon ordinateur portable, tout est à sa place. Seul mon Nikon Z8 est autour de mon cou, et ne me quitte presque jamais. Il m’a fallu toutes mes économies et un prêt pour me l’offrir, donc hors de question que quelqu’un d’autre y touche.
Dans la grande salle d’attente entièrement vitrée qui jouxte le hangar, j’attends que mon meilleur ami et collègue, Pete, revienne avec nos cafés. Il a dormi chez moi, hier soir, afin que l’on puisse prendre la route ensemble ce matin et je l’ai tellement stressé pour que l’on parte tôt et qu’on ne soit pas en retard que nous n’avons même pas pris le temps de prendre un café avant de partir.
Ce reportage, je l’ai obtenu grâce à lui. Pete est LE photographe de mode par excellence et son partenariat avec le célèbre créateur ne date pas d’hier. Nous avons fait nos études ensembles à l’école d’art. Il arrivait d’Angleterre et s’est rapidement démarqué dans son domaine. Il n’a pas eu à chercher longtemps pour être repéré par Laurent De Yves et quand ce dernier a souhaité qu’un photographe fasse un reportage photo sur lui, mon meilleur ami lui a proposé mon nom. Comme que je ne croule pas sous les demandes en cette période, et vu l’opportunité de dingue que pourrait m'apporter ce shooting, il était hors de question que je refuse.
Je suis spécialisé dans le reportage d'événement, qu’il soit personnel, comme les mariages, ou professionnel. J’adore capturer les émotions des gens et c’est pour cela que l’on fait appel à moi. Pourtant, malgré tout l’amour que je porte à ma passion et tout le travail que je fais pour trouver de nouveaux clients, je peine parfois à joindre les deux bouts. Surtout l’hiver, quand la période des mariages est calme. Pete me répète que je n’ai pas une bonne communication et qu’il faut absolument que je me mette sur les réseaux sociaux, mais je n'arrive pas à passer le cap. Je ne suis pas très doué avec toute cette nouvelle technologie.
Je trouve fascinant de m'intéresser aux autres et de capturer un instant dans leur vie, pour autant, quand je dois en faire de même, c’est une autre histoire.
Le couturier ne m’a pas donné les détails de ce qu’il attend de moi car je ne l’ai vu que pendant cinq minutes entre deux rendez-vous. Il m’a expliqué qu’il m’en dira plus quand nous serons tous sur place. Tout ce que je sais pour le moment, c’est qu’il veut que je le suive et que je photographie toute la préparation de l'événement qu’il prépare pour Cancùn, là où je me rends pour les dix prochains jours.
Habituellement, je m’efforce d’en apprendre plus sur ce que souhaitent mes clients, mais LDY, comme il se fait appeler, est un client particulier, très mystérieux, avec une notoriété renommée et qui paie très bien qui plus est, donc j’ai accepté cette mission pour relever le défi qui se présentait à moi.
— Tu devrais voir ta tête, mec ! m’interpelle mon ami en me tendant le gobelet fumant. C’est offert par la jolie petite brunette là-bas, m'informe t-il en me montrant d’un signe de tête deux jeunes femmes que je suppose être des hôtesses de l’air au vu de leur uniforme.
— Tu ne peux pas t’en empêcher, partout où tu passes, faut que tu dragues!
— Alors pour le coup, j’ai juste demandé où je pouvais trouver du café. Elle m’en a gentiment offert deux et m’a dit que si le beau brun en voulait un autre, qu’il pouvait en avoir autant qu’il souhaite, en parlant de toi.
— Ah, ouais, et le beau brun, c’est censé être moi, c’est ça !
— Mec, j'suis blond donc à moins qu’elle ne soit attirée par les vieux, dit-il en désignant un couple d’une soixantaine d’années, un peu plus loin, c’est de toi qu’elle parlait. J’en reviens pas que même sans rien faire, elle tombe toutes dans tes bras.
Son accent britannique se révélait plus prononcé quand il élevait la voix et ça ne manquait pas de me faire marrer à chaque fois.
L’arrivée en fanfare du créateur nous a coupé dans notre discussion. Mais Pete a raison, je n’ai pas à fournir beaucoup d’efforts quand je souhaite ramener une femme à la maison. Sans vouloir me vanter, je suis conscient de mon charme latino, que je tiens de ma mère, mes yeux verts sont très souvent complimentés, et il est vrai que parfois je sais parfaitement en jouer pour atteindre mes fins.
Mon ami se lève quand le groupe arrive à notre hauteur et salue les trois personnes qui accompagnent notre boss pour les dix prochains jours. Il ne nous calcule à peine sous ses lunettes rondes rouges, énormes, qui couvrent presque la moitié de son visage. Son pantalon et sa veste de costume bleu nuit, surement hors de prix, tranchent avec son sweat à capuche blanc. Il nous toise même lorsqu’il nous dépasse pour rejoindre le hangar où se trouve l’avion qui nous est réservé, suivies par deux jeunes femmes, tirées à quatre épingles dans leur tailleur-jupe. Les yeux rivés sur leur téléphone, elles prennent tout juste le temps de relever la tête pour nous juger avec un regard dédaigneux.
Cette mission promet d’être ardue si, l’homme que je dois photographier ne daigne même pas faire attention à moi. J’avais une petite idée de ce à quoi je devais m’attendre en acceptant ce reportage. Pete ayant travaillé plusieurs fois pour cet homme, m’avait briefé et je m’étais renseigné pour en apprendre d’avantage sur ce spécimen au look et au comportement aussi loufoque qu’exceptionnel, mais je ne me doutais pas que ce serait aussi étrange.
— Bonjour Pete, Monsieur Leroi, s’adresse à nous le jeune homme qui ferme le groupe, Monsieur De Yves est un peu migraineux ce matin, quand ses cachets auront fait leur effet, il sera plus enclin à la discussion, s’excuse t-il.
Il nous serre la main tour à tour et nous indique de le suivre. Lui aussi est habillé d’un costume mais une chemise blanche remplace le pull du couturier.
— Lui, c’est Edouard, mais tout le monde l’appelle Eddie, c'est le manager de Laurent, m’apprend mon collègue, c’est par lui que tu dois passer si tu as besoin de quelque chose. Les deux blondes, lèches bottes, là-bas, ce sont les community manager.
— Je ne sais pas un traître mot de dont tu parles mais ok !
— Putain Sam, s’exclame t-il un peu trop fort car Eddie, devant, se retourne en nous lançant un regard noir, t’as vraiment du taf pour te mettre à jour ! En fait, ce sont elles qui gèrent les réseaux sociaux et qui sont même parfois amenées à lui écrire ses discours.
— T’es sérieux? Y’a des gens payés pour faire ça?
En prenant place dans le luxueux appareil, alors que je prends conscience qu’il est grand temps que je sois à jour avec la technologie, une jeune femme, fait irruption à l’entrée de l’avion, toute essoufflée et cachée derrière des lunettes noires, elle s'excuse de son retard. Son look, classique, semble ne pas plaire à Laurent qui grimace.
50 commentaires
Aline Puricelli
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Il y a 7 jours
Laetitia B
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Il y a 7 jours
Marie Andree
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Il y a 10 jours
Mapetiteplume
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Il y a 16 jours
Laetitia B
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Il y a 16 jours
Scriptosunny
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Il y a 17 jours
Laetitia B
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Il y a 17 jours
eleni
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Il y a 18 jours
Laetitia B
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Il y a 18 jours
Soäl
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Il y a 20 jours