Fyctia
Chapitre 2 - Sam partie 2
Son arrivée ne passe pas inaperçue. Laurent lui crache dessus que son retard est inadmissible. Théoriquement, il lui restait cinq minutes pour se joindre à nous, mais il estime, à tort, que puisqu’il était présent avant elle, c’est donc qu’elle n’était pas à l’heure.
Elle ne se démonte pas et garde la tête haute quand, ensuite, il lui fait une remarque désobligeante sur sa tenue, qui est pourtant tout à fait appropriée à un voyage de plusieurs heures dans un avion. Pete m’avait briefé et j’ai opter pour accompagner mon jean noir d’une chemise blanche sous un pull noir d’où dépasse le col blanc. Simple et efficace pour que ce soit décontracté tout en étant assez classe pour monsieur, l'exigeant de la mode.
Je n’aime pas la manière, dédaigneuse, qu’il a de s’adresser aux autres mais, je tiens à mon job et qui suis-je pour intervenir ? Ses lunettes toujours sur le nez, elle finit par les retirer et les placer sur sa tête, où trône un chignon de couleur noir aux reflets violets et révélant de magnifiques yeux verts, mais marqués par la fatigue. L’agent prend le relais en affichant un regard envieux et lui propose de prendre place.
L’avion spacieux est séparé en deux par un couloir assez large pour y passer à plusieurs en même temps. D’un côté, deux ensembles de sièges, en cuir évidemment, par groupe de quatre, et de l’autre plusieurs rangées en duo.
Pete et moi, nous sommes installés vers l’avant sur un duo en face du quattro que forme le créateur et ces proches collaborateurs, si bien que la jeune femme, dont je n’ai pas entendu le prénom doit passer devant nous pour aller s’assoir. Elle nous salue brièvement, puis s’installe trois rangées plus loin.
Sa posture indique clairement que malgré la gêne éprouvée par son manque de sophistication dans sa tenue, comparé aux autres voyageurs, elle ne compte pas s’en soucier. Ses épaules, sous son sweat gris chiné, se sont redressées de sorte à se tenir fière, bien droite.
Mon ami ne se gêne pas pour se retourner et mater son cul ouvertement et m’envoie un coup de coude dans les côtes pour me signifier son appréciation ce qui me fait sourire car quelque chose me dit qu’elle n’est pas du genre à se laisser intimider. Même si je meurs d’envie moi aussi, après tout je ne suis qu’un homme, de voir ce que son jean peut mettre en valeur, je me refuse à agir de la sorte. Je n’aurai qu’à attendre le moment de descendre et la laisser passer pour profiter du spectacle.
Les hôtesses passent pour vérifier que nos papiers soient en règle et nous proposer des rafraîchissements et collations. Puis, elles nous intiment d’attacher nos ceintures car le décollage est imminent.
La brune qui était dans le hangar se penche dangereusement, offrant une vue plongeante sur sa poitrine, plutôt bien fournie, et me propose de m’aider à boucler la mienne. Je refuse poliment, car ce n’est ni le lieux, ni le moment de batifoler avec elle. En d’autres circonstances, je ne dirais pas non à une petite virée avec elle à l’arrière de l'avion, mais avec mon patron si proche de moi qui pourrait me virer à la moindre incartade, je choisis de rester sage.
Au moment où je rends son sourire à la jeune femme, j’entends le soupir exaspéré de ma voisine de derrière.
Je tourne la tête pour m’assurer qu’il s’agit bien d’elle, mais ses lunettes ont repris place devant ses paupières me cachant son regard émeraude. Elle ne bouge pas et semble déjà dormir. Je décide donc de l’ignorer et de me plonger dans la musique pour masquer le piaillement des jeunes spécialistes des réseaux. Elles ne peuvent s'empêcher de commenter à voix haute, tout ce qu’elles font défiler sur leur téléphone, nous offrant, à tous, un concert de cris stridents et de rires moqueurs.
Même le patron a déserté sa place sans que je ne remarque sa fuite. Ce qui explique sans doute leur lâcher-prise. Il est certain qu’à voir le comportement qu’elles adoptent quand il est dans les parages, qu’elles ne se permettraient pas de se conduire comme de vraies ados s’il était présent.
Une main sur ma cuisse me tire brusquement du sommeil dans lequel je ne m’étais pas senti tomber. Les cheveux de l’hôtesse de l’air qui se tient au-dessus de moi, chatouillent mon visage. Je la regarde surpris et décerne sous ses longs cils, un désir brûlant. Ses longs doigts manucurés sont toujours en place, dangereusement proche de mon entre-jambe. Je retire mes écouteurs et me redresse rapidement, légèrement mal à l’aise par son audace, pour qu’elle comprenne de retirer sa main. Elle minaude pour m’avertir du repas qui m’est servi. En la remerciant, je pivote la tête pour chercher mon ami, qui est absent de sa place, pour le voir affalé derrière moi de tout son long. Je lui balance une petite bouteille d’eau pour le sortir de ses rêves. Il réagit bruyamment tout en m'insultant, arrachant des rires aux trois jeunes femmes de l’avion qui se sont réunies dans le deuxième quattro et nous observent. Elles reprennent rapidement leur discussion et ne nous prêtent plus attention.
— Faut trop que tu nous expliques comment tu fais pour que ton feed soit toujours aussi harmonieux ?
L'une des blondes qui accompagnent le créateur s’adresse à la mystérieuse voyageuse au regard de chat en lui montrant son téléphone. J’ignore de quoi elles discutent mais les deux pros des réseaux semblent absorbées par la réponse de la jeune femme.
— En fait, je passe énormément de temps à préparer mes posts, trouver la bonne photo, utiliser les bons filtres tout ça…mais vous êtes pas censé être des pros pour ça?
Je remarque que les deux jeunes femmes tiquent face à la réplique de leur interlocutrice, mais je n’entends pas la suite car Pete reprend sa place à mes côtés et l’hôtesse nous demande notre préférence pour la boisson qui accompagne le magret de canard.
Je me suis toujours demandé comment ce genre de repas luxueux pouvaient être servis dans les avions, alors qu’il ne semble pas y avoir de cuisine, mais j'imagine que les gens riches ont des architectes qui pensent à tout ce genre de choses.
— Elles sont canons hein! m’interpelle mon pote, voyant que mon regard est revenu sur nos voisines.
— Arrête un peu, je me demande juste qui ça peut bien être?
— Oh, June ? C’est une journaliste chargée d’écrire un papier sur Laurent, annonce t-il nonchalamment en enfournant un morceau de viande juteux dans sa bouche.
— D’où tu sors ça toi ?
— Quand j’essayais de pioncer un peu, je les ai entendu en parler. Elle est chargée de suivre le boss et d’écrire un article pour je ne sais quel journal, termine t-il en baissant la voix pour ne pas qu’elles nous entendent.
— Hum, me contenté-je de répondre en revenant sur mon plateau repas.
— Ouais et les deux lèche-cul sont à fond sur son compte Instagram car il semblerait qu’elle gère, elle aussi sur le sujet. Tu devrais peut-être lui demander des conseils.
50 commentaires
Aline Puricelli
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Il y a 7 jours
Laetitia B
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Il y a 7 jours
Marie Andree
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Il y a 10 jours
Laetitia B
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Il y a 9 jours
Mapetiteplume
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Il y a 16 jours
Laetitia B
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Mapetiteplume
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Il y a 16 jours
Scriptosunny
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Il y a 17 jours
Laetitia B
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Il y a 17 jours
eleni
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Il y a 18 jours