Fyctia

Le deux décembre à quinze heures pétantes, j’étais à l’aéroport. Ethan m’avait indiqué où il était par message. Je l’attendais sur des sièges pendant qu’il enregistrait ses bagages. Je commençais à m’impatienter, mais tout s’envola à l’instant où je le vis arriver vers moi. Depuis qu’on se connaissait, je n’avais jamais passé autant de temps sans le voir.

L’image d’Ethan en train de sourire en avançant dans ma direction était l’une des plus belles que stockait mon cerveau.

Il s’installa sur le siège libre à ma gauche.

- Bon, on a un peu de temps avant que je monte dans ce putain d’avion.

- N’insulte pas cet avion. En vengeance, il pourrait décider de se crasher en plein milieu de l’océan. Ce serait vraiment dommage de gâcher un aussi beau visage que le tien juste pour une petite insulte.

- Désolé cher avion. Je ne recommencerai plus, c’est promis !

- Je l’ai entendu me parler, il te pardonne.

- Ouf, je suis soulagé. Je ne voudrais pas mourir sans t’avoir revue sur des patins !

- Ethan, on avait dit quoi ?! Plus aucun commentaire sur moi et le patinage.

- D’accord désolé. Mais il ne faut pas m’en vouloir. Il faut avouer que ce n’est pas ton point fort.

- Merci de me le rappeler !

On est restés longtemps assis sur ces sièges à parler et rigoler. On a fini par bouger pour aller acheter à boire. On a tous les deux pris un Macchiato. Exactement comme la deuxième fois qu’on s’est vus, dans ce café. Ça me paraissait être la veille alors que ça remontait un peu plus. La raison était simplement qu’avec Ethan, j’avais l’impression que le temps s’écoulait à mille à l’heure.

Est finalement venu le moment où il s’est levé pour passer le portique de sécurité. Il a vraiment attendu le dernier moment. J’ai avancé avec lui. Je comptais le suivre jusqu’à ce que je n’aie plus le droit de faire un pas de plus. Il s’est arrêté quand est venu ce moment. Il s’est retourné et m’a regardée droit dans les yeux.

- Promets-moi quelque chose Hazel.

- Dis-moi.

- Promets-moi que quoi qu’il arrive tu me recontacteras l’année prochaine.

- Je te le promets à une condition.

- Laquelle ?

- Promets-moi de répondre.

- C’est promis Hazel.

Il déposa ses affaires pour qu’elles passent aux rayons X, et juste avant de réellement passer le portique de sécurité, il se retourna. Il s’avança vers moi et m’enlaça. Son étreinte semblait désespérée, comme s’il était attristé de partir. Comme si ça le touchait de me laisser. Je le pris moi aussi dans mes bras. Son odeur m’emplissait les narines. Je l’adorais. On resta greffés l’un à l’autre deux longues minutes avant qu’il ne me lâche.

- À dans un an Hazel.

- À dans un an Ethan.

Cette fois, il passa la sécurité et ne se retourna pas. Son avion allait bientôt décoller. J’ai décidé de rester dans l’aéroport. J’ai trouvé un endroit d’où je pouvais voir le tarmac.

Je suis restée plantée là comme une idiote à scanner tous les passagers qui marchaient vers un avion. J’ai dû observer ces gens pendant une dizaine de minutes, jusqu’à ce que je le voie. Ethan. Il s’avançait vers son avion. Même de loin il était magnifique. Je l’ai perdu de vue quand il est entré dans l’appareil.

J’ai continué à fixer son avion jusqu’à ce qu’il démarre. Quand je l’ai vu décoller, un poids est venu s’abattre sur mon cœur. Cette fois il était vraiment parti. Pendant un an je ne le reverrai plus.

Je suis sortie de l’aéroport le cœur lourd. Plus j’approchais de chez moi, plus il pesait dans ma poitrine. Une boule se forma dans ma gorge quand je passai devant le bar de notre rencontre.

Malgré la peine qui m’envahissait depuis le départ de son avion, ce n’était qu’en m’allongeant dans mon lit que j’ai craqué. Rapidement, sans m’en rendre compte, des flots de larmes se mirent à couler sur mes joues.