Fyctia

Ethan et moi avions continué à parler régulièrement le premier mois. À partir du deuxième, les discussions se faisaient plus rares jusqu’à disparaître le troisième.

Je m’étais doutée que ça allait arriver, mais je ne m’attendais pas à ce que ça me touche autant. Comme je l’avais imaginé, il m’avait immédiatement manqué. Les appels et messages m’aidaient à compenser son absence. Mais quand ça s’arrêta, j’ai cru mourir. J’avais passé des jours à pleurer sa disparition de ma vie.

Je ne comprenais pas pourquoi tout ce qu’il faisait me touchait autant. Ses compliments m’emplissaient de joie et son absence de tristesse. Personne ne m’avait jamais fait autant d’effet au niveau sentimental.

Je ne cessais de me repasser nos moments ensemble en boucle dans ma tête. Je me rappelais de son regard, de son odeur, de ses cheveux, de son contact sur ma peau et sur mes lèvres. Chaque instant de vie avec Ethan qui m’avait tant fait sourire me faisait maintenant pleurer. Notre première rencontre, notre Macchiato du dix-huit décembre avec nos têtes de déterrés, le vin chaud du marché de Noël, le Château Fayan du restaurant, mon cours de patinage, les deux repas de Noël, notre baiser dans une salle de cinéma privatisée, chaque souvenir me rappelait à quel point j’étais plus heureuse en sa présence.

Je voulais qu’il soit avec moi. Je voulais encore sentir le contact de ses bras autour de ma taille pendant qu’il m’enlaçait. Je voulais entendre son rire. Me replonger dans la profondeur de son regard. Je voulais l’entendre me complimenter. Revoir cette gentillesse dans son regard pendant qu’il m’expliquait la signification du bracelet que je portais au poignet.

Tout ce que je ressentais, je l’avais ressenti seulement pendant le deuil de mes grands-parents. Mais là, je n’étais pas en deuil. Il n’était pas mort, il était juste loin. Et pourtant mon cœur souffrait. Il souffrait terriblement.

La seule chose qui m’apaisait, c’était la lecture. Je dévorais des romans durant des heures pour penser à autre chose. Me plonger dans un univers différent du mien me permettait de m’éloigner de la réalité. Je faisais ça depuis toute petite. C’était ma bouée de sauvetage. Mais il y avait un inconvénient à cette solution. À la seconde où je sortais du livre, l’univers me tombait sur la tête d’un coup. Toute la souffrance que j’essayais d’éloigner se raccrochait à moi et paraissait encore plus déterminée qu’avant à ne pas me lâcher.

J’ai fini par regarder A christmas prince en boucle juste pour refaire une activité qu’on avait faite ensemble. Pourquoi est-ce qu’il me faisait ressentir ça ? On s’était vus à peine deux semaines. En si peu de temps il avait réussi à me déstabiliser plus que n’importe qui. Il m’avait fait ressentir un sentiment inconnu sur lequel je ne savais pas mettre de mot et m’avait laissé un trou béant dans le cœur en retournant chez lui. Pourquoi je réagissais comme ça ? Qu’est-ce qui m’arrivait ? Qu’est-ce qu’il m’avait fait ? Une tonne de questions me venait en tête, mais je croyais bien qu’il fallait que j’attende de le revoir pour y répondre.