Fyctia

Je suis arrivée dix minutes en avance à mon rendez-vous avec Ethan. Mais en lui envoyant un message, j'ai appris que lui aussi était arrivé avant. Je l'ai donc rejoint devant l'entrée du centre commercial.

- On va commencer par ma surprise, après on aura les bras chargés de paquets.

- Je te suis.

Je me suis donc retrouvée devant la patinoire du Brookfield Place. Je l'ai regardé légèrement de travers et il a rigolé. J'aimais bien son rire. Mais pourquoi je pensais à sa manière de rire ?

- Il faut bien se créer quelques vrais souvenirs si on veut être crédibles.

- Si tu voulais quelque chose de crédible, c'est pas en me mettant sur des patins que ça va marcher.

- Je patine comme un Dieu ne t'inquiète pas, tu as un bon professeur avec toi.

- J'espère surtout que tu as ton diplôme de premiers secours parce que si je finis avec une jambe cassée c'est que je m'en suis plutôt bien sortie.

J’avais patiné une seule fois dans ma vie et j’avais fini à l’hôpital. Les deux jambes dans le plâtre, trois doigts cassés et une commotion cérébrale.

- Tais toi et vas récupérer des patins, c'est moi qui paye. Et n'essaye pas de négocier c'était mon idée.

- Ta pointure ?

- Quarante trois.

- J'y vais.

J'ai récupéré nos patins pendant qu'il payait l'entrée. Et je pensais encore à son rire. Je ne comprenais pas pourquoi ça restait particulièrement encré dans ma mémoire. Je devais vraiment être bizarre pour être marquée par le rire d'Ethan. Mais il fallait me comprendre. Il était tellement naturel, il apaisait les oreilles et les cœurs. Et puis je pensais à son regard si profond, ses yeux d'un vert pétillant et ses cheveux d'un brun foudroyant. Et ses mains, je ne savais pas pourquoi mais elles me marquaient. Elles avaient quelque chose d'attirant. Pourquoi je pensais autant à lui ? Et pourquoi, dans ma tête, je ne faisais que le complimenter ?J'aurais plutôt dû penser au fait que j'allais me retrouver sur des patins.

- Hazel, reviens parmi nous. Là tu t'es envolée dans un autre univers.

Il faisait des signes avec sa main devant mon visage.

- Je pensais aux différentes manières de te tuer avec ces patins si jamais je me fais mal.

- C'est tellement gentil ça.

- Je sais.

- Allez, enfile tes patins.

Je les ai mis et Ethan m'a tenu la main pour m'aider à monter sur la glace puis je me suis accrochée à la rembarde.

- Tu t'en sors pas si mal, tu es déjà sur la glace c'est énorme. Maintenant prends moi les mains je vais t'aider à avancer sans t'accrocher à la barrière.

J'ai pris ses mains et une sorte de courant électrique m'a traversé. Malgré les gants, je sentais la chaleur de sa peau. Il m'a regardé droit dans les yeux et a sourit.

- On dirait un élan qui apprend à marcher. Détends toi.

- Comment tu peux vouloir que je sois détendue.

- Tu me fais confiance ?

- Je ne suis pas sûre.

- Alors fais moi confiance.

- T’es très drôle toi.

- Allez, regarde, fais comme moi.

Pendant une heure il a essayé de m'apprendre à patiner. Une heure de rires, de cris, de réussites (ou pas), mais surtout une heure de chutes. Il m'aidait toujours à me relever malgré le fait qu'il riait aux larmes. Je ne m'en vexais même pas, j'aurais ri de moi aussi à sa place.

- Ta torture est finie. Tu as fait des progrès et tu ne t'es rien cassé. Félicitations.

- Merci beaucoup, j'ai eu un bon professeur.

On a rendu nos patins et on est allés acheter des cadeaux. J'ai acheté une nouvelle théière pour ma mère, un polo pour mon père, deux livres pour mon frère, deux aussi pour ma sœur, des jouets pour mes neveux, une parure de draps pour la mère d'Ethan et un sweat pour lui. Il ne savait pas que c'était pour lui. C'était ma surprise.

- Plutôt bonne journée non ?

- Si on oublie mes centaines, que dis-je, milliers de chutes sur la glace, c'était une bonne journée.

- Chacune de tes chutes sont marquées à vie dans ma mémoire.

- Au moins je suis marquée à vie dans ta mémoire.

- J'avais pas besoin de ça pour me rappeler de toi "copine parfaite".

- On se revoit quand ! Il faut absolument qu'on se voit au moins une fois avant Noël.

- Mercredi soir, un ciné ? répondit-il instantanément.

- Tu veux aller voir quoi ?

- Un film pourri de Noël.

- Mais pourquoi ?

- Pour se mettre dans l'ambiance amour "parfait" de Noël.

- Je déteste ce genre de film.

- Au moins on le détestera ensemble. Par contre je paye.

- D'accord mais je nous paye un restaurant jeudi. Il faut bien qu'on se voit la veille du premier repas.

Je crois que j’acceptais sa proposition uniquement pour passer du temps avec lui.

- Alors mercredi cinéma et jeudi restaurant, c'est noté. On se confirmera l'heure et l'endroit précis par message.

- Parfait.

On s'est dit au revoir et on est montés dans nos voitures respectives. Une fois arrivée chez moi je me suis assise sur mon canapé et j'ai repensé à la journée. Je ne savais toujours pas expliquer toutes ces pensées qui me venaient à propos d'Ethan. Ça ne m'était jamais arrivé avec personne d'autre. Je ne savais pas ce que ça pouvait signifier. J'ai donc envoyer un message à Cassie pour lui expliquer et sa réponse n'était pas du tout celle que j'attendais.

• Mon dieu Hazel, ça arrive enfin, tu es AMOUREUSE !!!
• N'importe quoi Cassie, j'attends une réponse sérieuse.
• Mais je suis très sérieuse Hazel. Tu tombes amoureuse d'Ethan.

Moi amoureuse, jamais. C'était impossible. Ses messages ne m'ont pas du tout aidée. J'étais toujours aussi perdue. Mes questions sur sa mère s’amplifiaient. Ma meilleure amie me disait que j'étais amoureuse, mais je ne l'étais pas. Mais je ressentais quoi ? J'étais perdue et obnubilée par l'image et l'odeur d'Ethan. J'étais folle, c'était certain.