AnnaShaw One Night Only 19

19

New York, Times Square, 8 décembre


- Ce surnom est génial et tu le sais, je chuchote à son oreille. Tout comme tu savais pertinemment que j’étais ton meilleur ami, même si tu ne voulais pas l'admettre. Mais je connais un moyen de tout te faire avouer, Delilah.


Je pose les lèvres sous son oreille dans cet endroit caché mais très particulier de son anatomie. Le son qu'elle émet est à mi-chemin entre le cri de surprise et le gémissement. Sa prise autour de mes épaules se raffermit. Ce genre de baiser lui faisait toujours les jambes en coton et visiblement, c’est encore le cas. Une nouvelle fois, elle lève la tête et nos regards se croisent.


- Tu es vraiment impossible, gronde-t-elle en me mettant un petit coup dans le bras.


Elle a cet air boudeur et mécontent qui me donne envie de l’embrasser jusqu’à effacer toute trace de rouge à lèvres de sa bouche. Mais pas tout de suite. Ce n’est pas le moment, pas encore.


Les dernières notes de la chanson s’égrènent dans l’air et les yeux d’Adelie se perdent dans le lointain. À quel chapitre de notre histoire est-elle en train de penser ? Et pourquoi ce souvenir déforme-t-il son visage de chagrin ?


- Hé Delilah ! Où est-ce que tu es ?


Son regard se fait à nouveau net, bien qu’humide de larmes.


- Au fond, j’aurai dû savoir ce soir-là que les choses finiraient comme ça.

- Comment comme ça ?

- Avec toi qui pars.

- C’est toi qui m’as quitté. Et quel rapport avec ce soir-là ?


Elle inspire et de sa belle voix éraillée qui aurait surement pu faire d’elle une star, elle se met à chanter.


- A thousand miles seems pretty far but they’ve got planes and trains and cars. I’d walk to you if I had no other way.*


Elle fixe un point devant elle, loin. Elle me parait soudain à des années-lumière alors qu’elle est juste là, à un mètre de moi. Je me glisse dans son dos, enfonce mes mains par-dessus les siennes dans les poches de son manteau et cale mon menton sur son épaule, nos joues l’une contre l’autre.


- Je suis désolée d’être une telle rabat-joie. Je sais bien que tu fais en sorte que la nuit soit chouette et moi je passe mon temps à ne parler que des mauvais moments.

- Mais parler des mauvais moments ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu de bons, n’est-ce pas ma beauté ?

- Il y a eu des bons moments Benn, beaucoup, tellement. Ce sont ceux-là qui font le plus mal d’ailleurs. J’ai peur de me transformer en l’une de ces personnes aigries qui se complaisent dans leur chagrin et salissent tous leurs beaux souvenirs avec leur regret et leur amertume.

- Mais ce sont aussi mes souvenirs Delilah et je te promets que je ne laisserais personne les salir, même pas toi.


Un instant, elle se laisse aller contre moi, le poids de son corps appuyant délicieusement contre le mien. Mais avant que je n’en aie pleinement profité elle se redresse :


- On rentre ?

- En métro ?


Ses yeux répondent pour elle.


- Évidemment, j’aurais dû m’en douter.


Le ciel est menaçant, et je suis pratiquement sûr qu’il va bientôt pleuvoir. Pourtant je cède. Peut-être que moi aussi, j’ai besoin de prolonger un peu notre balade. Parce que je sais que lorsque nous nous retrouverons seuls chez Adelie, certaines choses seront plus dures à ignorer, certains sujets plus difficiles à éviter.


Nous reprenons donc notre ascension de Manhattan, une cinquantaine de blocs et une heure de marche nous séparent de l’appartement d’Adelie. Les décorations de Noël donnent à la ville une dimension encore plus magique que d’habitude, et les rues sont animées malgré l’heure tardive.


Nous contournons Central Park, si paisible le jour mais si dangereux la nuit, puis bifurquons sur Broadway direction l’Upper West Side.


À chaque bouche de métro que nous rencontrons, je supplie Adelie de nous y engouffrer. Le froid a eu raison de mon stress de nous retrouver en tête à tête.


Et à chaque bouche de métro, Adelie me taquine sur ma fainéantise et me défie de continuer. Le ciel clignote à présent, nous offrant un véritable spectacle son et lumière, éclairs et tonnerre en dolby stéréo.


Et évidemment, à deux blocs de chez Adelie, le prévisible se produit. Le ciel craque de nouveau puis s’ouvre en deux, déversant sur nous une pluie glaciale et dense qui me trempe jusqu’aux os en moins d’une minute.


- Bon sang Hewitt ! Je savais qu’on aurait dû prendre le métro !

- Oh la la ! Le retour du nom de famille. Quelqu’un est fâché ! Tu es au courant que je ne contrôle pas le la météo, n’est-ce pas ?


Ma mauvaise foi l’amuse. Elle me tend la main.

- Aller viens Lowell ! Allons te sécher avant que tu n’attrapes la mort.


Nous nous dépêchons de parcourir les quelques mètres qui nous séparent de la porte. Quand nous pénétrons enfin dans l'appartement, je suis enveloppé par l’odeur d’Adelie, plus forte encore dans son sanctuaire : thé, jardin après la pluie, lessive. Chaleur, tendresse, sécurité.


- Pourquoi tu n’as pas déménagé à la coloc avec les autres ? je lui demande pendant qu’elle retire son manteau et attrape une serpillère pour y déposer nos chaussures.


Son silence et la manière qu’elle a de détourner le regard me donnent la réponse. Trop de souvenirs liés à moi. Ici aussi il y en a, bien sûr, mais c’est chez elle, c'est son refuge. Et pourtant partout où je pose les yeux, je suis assailli par nos fantômes.


À commencer par celui du premier jour où Adelie m’a invité chez elle.


*Mille kilomètres, cela semble loin, mais il y a les avions, les trains et les voitures. Je marcherais jusqu'à toi si je n'ai pas d'autre moyen


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17 commentaires

Rachel Dena

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Il y a un an

C’est tjs un plaisir de retrouver le Bennett d’aujourd’hui ❤️❤️❤️ Ils sont tjs aussi mignon… Bravo pr le rythme que tu donnes à ce chapitre j’avais vraiment l’impression d’y être 🤩

Rose Lb

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Il y a un an

Bravo, c'est une chouette histoire que tu proposes avec un Benett que j'adore!!!!!!! Je suis contente d'avoir découverte ton histoire; outre le fait qu'il faudra une correction des répétitions et autres, comme nous tous d'ailleurs, les personnages sont très profond et tu as su me faire réagir et toucher mon âme !

Emeline Guezel

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Il y a un an

À jour 🥰

Christelle Emilie

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Il y a un an

Coucou Anna ! Yes un nouveau chapitre !! Je suis tellement contente de retrouver Adélie et Benett, c'est un pur plaisir à chaque fois. C'est comme si je retrouvais de vieux copains 😅. Ta plume est douce, bien maîtrisée, c'est vraiment bien écrit, bravo ! Tu nous promènes, tu nous transportes à travers New York avec eux et moi j'adore la balade. Ils sont vraiment trop mignons tous les deux, j'adore les gestes tendres de Benett envers Adélie, tous les petits bisous, et les câlins, moi ca fait fondre mon petit cœur. Mon Dieu, mais menage moi, Madame !! Je me languis de lire la suite, vite vite, des nouveaux chapitres ❤️❤️

Laureline Maumelat

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Il y a un an

ils sont tout mouillés, il faut qu'ils se sèchent mutuellement, je crois (sans aucune arrière pensée bien sûr XD)

AnnaShaw

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Il y a un an

XD et qu'ils retirent toutes les fringues pour éviter l'hypothermie !

Livre_e

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Il y a un an

🙃
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