Fyctia
18
New York, coloc des garçons, 19 février deux ans plus tôt.
- Elle ne t’a rien dit ?
- Rien du tout ! Impossible de lui soutirer la moindre information. Et toi alors ?
- Pareil ! Pour un type qui n’arrive pas à la fermer en temps normal, Adrian peut être une tombe quand il veut.
- Mais du coup, tu en penses quoi ? Ils sortent ensemble ou pas ?
- Qui sort avec qui ?
Elena et Adelie sursautent dans un accord parfait.
- Benn bon sang ! gronde ma sœur en me mettant une tape sur le bras.
- Quoi ? Vous n’avez pas l’esprit tranquille, les filles ? Qui est-ce qu’on espionne ? je demande en passant un bras autour de leurs épaules.
- Isabelle et Adrian. On est presque sûres qu’ils sortent ensemble, mais impossible de leur faire avouer.
Du regard, je cherche les deux concernés et les trouve dans un coin sombre de l’appartement, en train de discuter. Leurs visages sont très près l’un de l’autre, vraiment très très près.
- Maintenant que vous le dites, c’est vrai qu’ils ont l’air proches. Je vais aller leur demander.
- Non !
Les filles me retiennent dans un même hurlement, couvert en partie par la musique qui résonne dans la pièce.
- Quoi ? Vous voulez savoir. Je veux savoir. Tout le monde veut savoir. En plus, c’est mon anniversaire, j’ai le droit d’obtenir toutes les réponses que je veux aujourd'hui.
- Benn, tu es bourré, râle Elena en essayant de se défaire de mon étreinte.
- C’est tout à fait exact, ma grande sœur adorée. Mais je suis légalement bourré ! Parce qu’aujourd’hui, j’ai vingt et un ans et que donc…
- Tu peux boire légalement, rétorquent ma sœur et Adelie à l'unisson.
- Exactement ! Est-ce que ce n’est pas formidable, ça ?
- Absolument spectaculaire ! Tache quand même de ne pas finir ivre mort. Personne n’a envie d’aller aux urgences le jour de ses vingt et un ans, crois-moi. Bon, je vais voir où est passé Sam. À plus vous deux.
Je regarde ma sœur se frayer un chemin au milieu de la foule. La coloc est remplie d’étudiants qui dansent, rient, parlent fort et font la fête. Et si c’est exactement le genre d’environnement dans lequel je suis à l’aise, Adelie pour sa part ressemble à un poisson hors de l’eau.
- Tu passes une bonne soirée, Hewitt ?
- C’est plutôt à moi de te poser la question. C’est ton anniversaire après tout.
- Je passe une trèèèèèèès bonne soirée. Cette journée tout entière est géniale, en réalité.
C’est vrai, cette journée est parfaite. Elle a démarré avec Adelie Hewitt blottie contre moi dans mon lit. Puis avec un débat avec Adelie Hewitt pour savoir si c’est elle qui est venue me câliner dans la nuit ou si c’est moi qui l’ai enlacée. Bien sûr, nous ne sommes pas d’accord sur le sujet. Ne pas être d’accord est pratiquement notre façon de nous dire que nous nous aimons.
Adelie refuse toujours catégoriquement d’admettre que je suis son meilleur ami. Mais elle est de plus en plus câline, dort dans ma chambre quand elle passe la nuit à la coloc et accepte de me faire des papouilles quand tous les autres refusent, soi-disant parce que je ne rends jamais la faveur, vu que je m’endors toujours quand on m’en fait.
Le réveil a été suivi d’un petit déjeuner avec ma sœur et mes colocataires, puis d’une journée de cours et d’un diner avec la bande au grand complet. Et maintenant, on fait la fête !
La musique change doucement, passant d’un rythme joyeux et sautillant à celui plus lent et un peu mélancolique de Hey There Delilah. Aussitôt, j’attire Adelie à moi et nous entraine dans un slow maladroit.
- Girl, tonight you look so pretty, yes, you do. Times Square can’t saine as bright as you, je murmure dans ses cheveux. En fait, c’est toi Delilah ! C’est comme ça que tu devrais t’appeler. D’ailleurs à partir de maintenant c’est ton nouveau surnom ! Qu’est-ce que tu en penses, Delilah ?
Adelie ne répond pas pendant plusieurs secondes et je baisse les yeux pour vérifier qu’elle m’écoute. Je la découvre qui me fixe.
- Oh pardon ! C’est à moi que tu parlais, peut-être ? Je n’étais pas sûre vu que tu m’as appelée par un prénom qui n’est pas le mien.
- Aller Delie ! C’est mon anniversaire, tu dois être gentille avec moi. Je sais ! On n’a qu’à dire que tu me laisses t’appeler comme ça et que c’est mon cadeau, d’accord ?
- Je t’ai déjà offert un cadeau, andouille. Et c’est non !
- Ok ! Madame est dure en affaire. Je te le joue au cap ou pas cap. Si tu gagnes on ne parle plus jamais de ce surnom. Si c’est moi qui gagne, j’ai le droit de t’appeler comme ça sans limites de temps. Tu ne vas quand même pas me refuser un cap ou pas cap le jour de mon anniversaire, pas vrai ma beauté.
- Techniquement ça fait huit minutes que minuit est passé et que ce n’est plus ton anniversaire.
Devant mon air à la fois horrifié et peiné, Adelie se mord la joue pour se retenir de rire, puis soupire.
- Très bien, je vais accepter de jouer à ton jeu idiot parce que c’est un jour particulier. Et parce que je sais que tu ne vas jamais me lâcher, sinon.
- Génial ! Donne-moi une minute pour te trouver un défi à la hauteur de l’enjeu.
- Tu as une minute pas une seconde de plus, sinon je considérerais que tu as déclaré forfait.
Et elle attrape son portable pour lancer un chrono. Je me mets à réfléchir à toute vitesse. Une prouesse plus compliquée que prévu vu tout l’alcool que j’ai ingurgité ce soir. Plus les secondes défilent plus la tension monte. Moi !? Prendre les choses trop à cœur !? Je ne vois pas ce qui vous fait penser ça.
Mais soudain, c’est l’illumination et un sourire carnassier étire mes lèvres.
- Ok Hewitt, cap ou pas cap… d’admettre que je suis ton meilleur ami.
Adelie ouvre et ferme la bouche plusieurs fois, consciente que je viens de la piéger. Quoiqu’il arrive je gagne ! Si elle refuse elle devra accepter son nouveau surnom. Et si elle remporte la partie, elle aura malgré tout admis ce que nous savons déjà tous les deux.
- Tu es vraiment un sale petit…
- Qu’est-ce que j’entends ? On déclare forfait Delilah ?
Elle fixe ses chaussures à présent et souffle un bon coup comme pour se donner du courage. Puis elle relève la tête m’offrant une bouille adorable aux joues rougies et à l’air buté.
- D’accord, je l’admets. Oui Bennett Lowell, tu es mon meilleur ami.
Une douce chaleur se répand dans ma poitrine et une vague d’émotion inattendue manque de me submerger. Pour ne pas y céder je décide de pousser ma chance et d’embêter encore un peu plus ma MEILLEURE AMIE ! Youhou !
- Parfait ! Et donc, en tant que meilleur ami, je suis autorisé à te donner un surnom réservé à moi et à moi seul. Laisse-moi réfléchir… Je sais, je vais t’appeler Delilah !
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Rachel Dena
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Il y a un an
Lola B. Thomas
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Il y a un an
MONTENOT Florence
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Il y a un an
JULIA S. GRANT
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Laureline Maumelat
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Il y a un an