Fyctia
11
New York, IHOP, 7 décembre
- Ce jour-là, j’ai vraiment cru que j’allais vous tuer, toi et ton besoin pathologique de faire l’intéressant.
- Au risque de me répéter pour la millième fois, je ne cherchais pas forcément à me faire remarquer, je voulais seulement donner mon avis. Et puis de quoi tu te plains ? Ça t’a donné l’occasion de travailler avec l’élève le plus talentueux de ce cours.
Elle roule des yeux, mais cette ombre de sourire qui danse sur ses lèvres ne me trompe pas. Les débuts de notre collaboration artistique ont été plutôt chaotiques. Mais durant les deux années suivantes, nous avons rendu tous nos projets à Kane en binôme et toujours obtenu les meilleures notes.
- Tu te demandes parfois ce qui se serait passé si Sam n’avait pas été ton pote ? Si on se serait rencontré toi et moi ?
Je ne suis pas dupe, sa question est à double sens : tu t’es demandé si nous aurions quand même vécu tous ces bons moments, si nous étions destinés à nous rencontrer ? Tu t’es demandé si nous aurions pu nous épargner toute cette souffrance, s’il aurait mieux valu que jamais nos chemins ne se croisent ? Je ne veux pas penser à ça. Parce que, malgré la douleur de ces derniers mois, je n’ai aucun regret.
- Je refuse d’imaginer que j’aurais pu connaitre toute une vie sans une Adelie Hewitt dedans. Qui aurait égratigné mon ego et reniflé mes pulls sinon ?
J’intercepte sa jambe sous la table avant qu’elle ne réussisse à me donner un coup et lui arrache un gloussement quand je lui pince le genou.
- Je suppose qu’on se serait de toute façon croisés à Juilliard, au moins au cours de Kane.
Il y a une sorte de fatalité dans sa voix que je ne suis pas sûr d’aimer. Comme si elle regrettait presque le fait de ne pas avoir pu éviter de me connaitre.
- Mais tu serais sûrement resté chasse gardée.
Elle me fixe un instant sans comprendre, puis la lumière se fait dans son esprit. Et hop ! Ses yeux effectuent un tour parfait dans leurs orbites.
- Toi et ta stupide ligne de conduite, j’avais oublié ! Jamais de musicienne !
- Sauf toi. Tu es l’exception qui confirme la règle. Tu es l’exception pour tout.
Son sourire se fait tendre quand elle plisse le nez dans une grimace qui dit qu’elle n’est pas convaincue par mes déclarations. J’ai envie de l’embrasser jusqu’à effacer le moindre doute de son esprit. J’ai envie de la serrer contre moi et de lui répéter que je l’aime, jusqu’à ne plus avoir de voix.
- Tu parles d’un honneur ! Quand je pense à tous les cœurs que tu as brisés quand tu as décidé de franchir cette limite. Qui sait ce qui se serait passé si je n’avais pas croisé ton chemin. Tu aurais pu finir en couple avec une superbe danseuse. Ou tu serais peut-être marié et père de famille à l’heure qu'il est. Comment s’appelle cette comédienne qui se l’est jouée Christian Grey avec toi déjà ?
Sale peste ! Sale peste absolument magnifique et insupportable qui me rend dingue dans tous les sens du terme quand elle me provoque comme ça. Mais elle n’a pas tort de parler de Christina Grey, je dois être un peu maso pour aimer autant me faire remettre à ma place par cette fille.
- Je vais tuer celui d’Adrian, Samuel ou Elena qui t’a raconté cette histoire.
- Raté, c’est Nathan qui me l’a raconté.
- Comment Nathan peut être au courant ?
- Bravo Benn, tu as réussi, tu es devenu une légende !
- Super, d’ici à ce que cette histoire soit vendue à la presse people !
Sûrement par la principale intéressée d’ailleurs. Depuis notre sortie de Juilliard, elle a atteint une notoriété toute relative en jouant dans une série de seconde zone. Je suis tombée sur elle à une soirée il y a quelques mois de ça et, entre deux petits fours et deux photos, elle m’a proposé le plus naturellement du monde de remettre le couvert, en souvenir du bon vieux temps. Elle a même eu le culot de me dire que les menottes ne seraient pas de la partie, sauf si j’en avais envie. Les Françaises sont vraiment cinglées !
Mais je m’abstiens de raconter ça à Adelie. Je n’ai aucune envie d’évoquer avec elle les moments que j’ai passés loin, la vie que j’ai eue quand nous étions séparés. Je ne veux pas penser à cette période quand je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir avoir avec elle.
Adelie avale la dernière bouchée de son assiette et je demande :
- Tu as assez mangé ma beauté ? Qu’est-ce que tu veux faire maintenant ?
- C’est ta nuit, Benn ! Je suis surprise que tu n’aies pas un plan parfaitement organisé pour me rappeler que passer du temps avec toi, c'est un peu comme une perpétuelle journée à Disneyworld.
Elle me taquine, c’est bon signe. Nous sommes rouillés, mais nos vieilles habitudes refont surface doucement.
- Je n’étais même pas sûr que tu ne me pousserais pas dans la fontaine du Lincoln Center. Tel que tu me vois, je suis en improvisation totale.
- Tu as soudoyé nos potes pour t’assurer que j’aurais ma nuit de libre, donc pour l’improvisation, on repassera hein ! Quand je pense que tu as réussi à convaincre Izzie de participer à tout ça !
- Il a fallu que je me montre partiàculièrement persuasif. Eh bien entendu, elle a menacé d’avoir ma peau si jamais quelque chose tournait mal.
Le sourire qui étire les lèvres d’Adelie est cette fois-ci amusé et plein de tendresse.
- Elle ne fait que ça depuis votre première rencontre, je ne vois pas en quoi ça te surprend.
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